Saint-Denis : quatre familles de Saint-François enclavées et sans chemin carrossable depuis le passage de Belal

Saint-Denis : quatre familles de Saint-François enclavées et sans chemin carrossable depuis le passage de Belal
A Saint-François, quatre familles sont dans l'impossibilité d'accéder à leur domicile en voiture depuis le passage de Belal. Les riverains ont décidé de se tourner vers la justice, face à une situation qui, pour eux, dure trop longtemps.

Depuis le passage du cyclone Belal, il y a un mois et demi, le chemin des Niaoulis à Saint-François, dans les hauts de Saint-Denis, est dans un triste état suite à un glissement de terrain. Si bien qu'il est toujours, ce mardi 27 février, impraticable, laissant plusieurs familles totalement enclavées.

Car le seul accès à leur domicile a été emporté sur une cinquantaine de mètres, rendant impossible la circulation en voiture. 

Regarder le reportage de Réunion La 1ère :

Dans les hauts de Saint-Denis, plusieurs familles ne peuvent accéder à domicile qu'à pied depuis le passage de Belal. Reportage à Saint-François.

Environ 400 mètres à pied

Voilà donc plus de 40 jours que les familles qui vivent en aval de l’effondrement doivent parcourir environ 400 mètres à pied, soit marcher une dizaine de minutes. Une situation qui ne peut plus durer pour eux.  Les quatre familles isolées sont exténuées. “On a perdu notre chemin d’accès. Avant, on avait un accès total. Là, on a juste un bout de chemin praticable à pied, ce n’est plus possible”, témoigne Valérie Delavois, une habitante enclavée.

Saint-Denis : quatre familles de Saint-François enclavées et sans chemin carrossable depuis le passage de Belal

 

Un quotidien bouleversé

Elles disent ne plus pouvoir vivre normalement. “Tous les gestes du quotidien sont extêmement compliqués", poursuit Valérie Delavois. 

"On fait nos courses de manière réduite, parce qu'il faut porter les sacs sur 400m. On ne rentre plus et on ne part plus quand on le souhaitait, on part 10 minutes avant pour traverser le chemin et rejoindre nos véhicules, il faut qu'on enlève les bottes, qu'on remette les bottes...  Ça a complètement bouleversé nos vies en fait"

Valérie Delavois, habitante du chemin des Niaoulis

Pas d’accès pour les secours

Un autre problème majeur se pose. Les véhicules de secours n’ont plus accès aux domiciles des familles concernées par cet enclavement. “La situation est urgente. Ni les ambulances, ni les pompiers ne peuvent y accéder”, alerte Me Aurore Doulouma, avocate des familles du chemin des Niaoulis. 

Recours à la justice

Car les habitants ont décidé de se rapprocher du tribunal administratif il y a deux semaines, pour demander à la mairie un projet concret. L'avocate regrette l'absence de dialogue suite aux dégradations du cyclone sur leur chemin. 

"Ils ont essayé de savoir quand est-ce que le chemin allait être rétabli. Ils n’ont pas eu de réponse, et n’ayant pas eu de réponse, ils m’ont sollicité pour qu’on trouve une réponse le plus rapidement possible"

Me Aurore Doulouma, avocate des requérants

Retrouver un accès carrossable

Une procédure en référé a été engagée pour que la commune lance des études et produise un rapport, afin de rétablir un accès, même provisoire, à ces familles.  

"On demande que la remise du rapport se fasse dans un certain délai parce que la situation est très compliquée pour mes clients, et que le temps des travaux et des études à faire pour mettre en place une solution pérenne, qu'il y ait un chemin provisoire qui soit très rapidement ouvert pour qu'ils retrouvent un accès carrossable", souligne Me Doulouma. 

"Mes clients sont titulaires d’un droit de propriété. Et, un accessoire de ce droit de propriété, c'est le libre accès à la voie publique. Aujourd’hui, ce n’est pas normal parce que finalement il y a une atteinte à leur liberté fondamentale d’accéder à la voie publique. Là, ils ne peuvent plus accéder."

Me Aurore Doulouma, avocate des requérants

Une audience au tribunal administratif ce vendredi 

Le juge en charge du dossier a réclamé à la commune de Saint-Denis un calendrier et des propositions concrètes, qui devront être rendues lors de l'audience prévue ce vendredi 1er mars. 

Des études lancées par la ville 

Pourtant, la ville de Saint-Denis dit avoir agi dès le lendemain du passage du cyclone. Elle explique avoir mobilisé un expert judiciaire et ordonné une étude géotechnique.

"Les équipes du BRGM ont été dépêchées sur place. Une étude géotechnique a été lancée par la ville, et en parallèle nous avons dépêché sur place un expert judiciaire désigné par le tribunal administratif pour qualifier la praticabilité de la voie" 

Joan Payet, directeur général adjoint Optimisation et méthodes de la ville de Saint-Denis

Aujourd'hui, il s'agit de mener diverses investigations, notamment pour savoir si les risques ne vont pas s'aggraver et que le chemin emprunté à pied par les familles est sécurisé. Mais l'objectif final reste de trouver des solutions pérennes pour le désenclavement des quatre familles. 

Solutions à court terme et long terme à l'étude 

"Les études de sol que nous avons déjà engagées et qui devraient trouver leur issue vers la mi-mars devront nous donner des indications sur la faisabilité de réhabilitation du chemin existant", indique Joan Payet, directeur général adjoint Optimisation et méthodes à la ville de Saint-Denis. 

Au-delà, la ville dit aussi étudier des documents pour récolter "des indications sur les pistes de désenclavement possible", afin d'avoir une solution sur le long terme. 

Ne pas recréer une nouvelle zone de risques

Selon le directeur général adjoint Optimisation et méthodes, six pistes de solution ont été identifiées à l'heure actuelle, transitant toutes par des propriétés privées. Mais reste encore à les investiguer et les analyser, notamment au moyen de différentes études topographiques et géotechniques, puisque le terrain à cet endroit est particulièrement accidenté et présente un dénivelé très important. La crainte de la mairie : recréer une zone de risques. 

"Il serait vraiment malvenu pour la ville de recréer une zone de risque en palliatif d'une zone déjà impraticable" 

Joan Payet, directeur général adjoint Optimisation et méthodes à la ville de Saint-Denis

Le quartier de Saint-François a en outre "particulièrement souffert de cet événement climatique", souligne Joan Payet. Le cyclone Belal a généré "six éboulis, soit plus de 1 400m3 de roches qui sont partis à la ravine", précise-t-il.