Une journée pour mieux connaître le braille, cet alphabet tactile essentiel aux aveugles et malvoyants

Déjà près de 200 ans que le braille a été inventé, afin de permettre aux personnes aveugles et malvoyantes de lire et d'écrire. C'est le Français Louis Braille, en 1825 (pour une première version, puis une définitive en 1829) qui définit pour la première fois cet alphabet tactile qui a révolutionné l'apprentissage de la lecture et de l'écriture, dont été jusqu'ici exclus les aveugles.

C'est donc tous les 4 janvier qu'est célébrée dans le monde la Journée mondiale du braille depuis 2009.

Regarder le reportage de Réunion La 1ère : 

La date anniversaire de Louis Braille 

La date, symbolique, du 4 janvier, n'a pas été choisie au hasard comme l'explique Richard Muller, président du comité Valentin Haüy Réunion et océan Indien : "Elle reprend tout simplement la date de naissance de Louis Braille en 1809". Le président du comité souligne l'importance de cet alphabet tactile, utilisé par "147 pays dans le monde". 

Le braille reprend tout simplement les lettres de l'alphabet, et les symboles mathématiques ou l'arobase, en leur donnant à chacun un caractère correspondant.

"Louis Braille a lui-même perdu la vue à l'âge de 3 ans, et avait profondément envie d'apprendre à lire et à écrire comme ses congénères qui voyaient. Il a imaginé 16 ans plus tard ce qu'on appelle aujourd'hui le braille : un code avec six points en relief avec lequel on peut fabriquer jusqu'à 64 lettres, chiffres, notes de musique différents. 200 ans après son invention, on utilise toujours le braille"

Richard Muller, président du comité Valentin Haüy Réunion-océan Indien

Des animations à la médiathèque de Saint-Joseph 

A la médiathèque du Sud sauvage à Saint-Joseph ce jeudi, il était donc important de célébrer cette invention lors d'une journée d'animations, dédiée à la brailliste Margo Narsou disparue en 2023. 

Diffusion d'un film sur le braille, présentation du "braille numérique", du "braille musical", ateliers d'écriture, lecture de fonnker écrits en braille par des aveugles... étaient au programme. L'occasion de retracer l'histoire de ce langage partagé dans le monde entier depuis près de deux siècles. 

De la machine mécanique...

Christophe Lebon, coordonateur du dispositif Handitic+ mis en place par l'Irsam la Ressource, animait ainsi un atelier ce jeudi, autour des différentes machines permettant d'écrire le braille. "L'une des premières est un modèle mécanique, la Perkins, qui va permettre d'écrire les lettres de l'alphabet et les symboles mathématiques", présente-t-il. Son usage a été complété par celui de l'arrivée d'un modèle électrique, permettant de pouvoir se relire.

...à la plage tactile numérique

Aujourd'hui, les progrès technologiques vont encore plus loin, et permettent aux aveugles et malvoyants d'accéder à l'ensemble des objets du quotidien, comme le smartphone et l'ordinateur grâce au "braille numérique" ou aux lecteurs vocaux, qui permettent d'entendre le texte, que ce soit par des enregistrements de voix naturelle ou de synthèse. 

"Le braille numérique, c'est tout simplement des fichiers accessibles par une plage éphémère : la personne va voir s'afficher les points braille, sur une plage de 20 voire 40 caractères. Elle va pouvoir voir sous ses doigts ce qui est à l'écran ou ce qui est dans le livre, autrement que par les yeux"

Richard Muller, président du comité Valentin Haüy Réunion-océan Indien

Un équipement onéreux... 

Soit certains ordinateurs sont directement équipés de plages tactiles éphémères, soit il en existe à connecter via port USB ou bluetooth à son ordinateur ou son smartphone. Néanmoins, cet équipement reste cher, souligne Richard Muller. "Pour une plage braille tactile, il faut compter entre 3 000 et 5 000 euros", affirme-t-il. 

"Le braille est indispensable à tout enfant aveugle pour pouvoir apprendre à lire et à écrire, et donc continuer une scolarité voire des études". 

Richard Muller, président du comité Valentin Haüy Réunion-océan Indien

...mais bien utile 

Or, que ce soit le braille papier ou le numérique, tous deux restent essentiels pour les aveugles et malvoyants, car, achève le président du comité Valentin Haüy Réunion, "on ne peut pas apprendre à lire et à écrire en écoutant seulement du vocal, on est obligés de discerner les caractères et les mots, comme pain et pin, ce n'est pas la même chose". 

Les précisions de Richard Muller, président du comité Association Valentin Haüy, invité sur le plateau de Réunion La 1ère : 

Un quotidien en autonomie grâce au braille 

Pour Nicolas M'tima, "le braille, sa la fé toute mon ville : l'école, mon formation standardiste côté Toulouse, et mon vie dann travail", dit celui qui travaille désormais à l'accueil de la DAAF à Saint-Denis. Grâce à la maîtrise de ce langage, Nicolas, malvoyant depuis ses neuf mois, peut faire des lectures à l'église, prendre des informations sur internet et être animateur à la radio... le tout de manière autonome. "Mi gagne écrit sak mi veut, lire la nuit comme le jour, mi gagne pren z'informations su internet, c'est grâce au braille aussi. Mi écrit en kréol aussi !" ajoute-t-il en remerciant Louis Braille pour son invention. 

Des ouvrages identifiés en braille à la médiathèque de Saint-Joseph

Soline Morel, bénévole au comité AVH, est elle aussi malvoyante, a mis sa connaissance du braille au service des usagers de la médiathèque du Sud Sauvage à Saint-Joseph. Pendant un an, elle a fait partie de ceux qui ont identifié livres audio, CD, DVD afin de les rendre plus accessibles.

"J'étais en stage à la médiathèque et j'ai initié cette démarche, pour moi et d'autres personnes aveugles qui lisent le braille. (...) J'ai mis des étiquettes en braille pour que les aveugles qui empruntent puissent se repérer en autonomie, identifier ce qu'ils tiennent en main", explique-t-elle. Au total, "peut-être une centaine" d'ouvrages comportent désormais leur titre et leur auteur en braille. "C'est un travail de patience, on écrit à la main avec la tablette et le poinçon, à l'ancienne. Ca a pris du temps", sourit Soline, vinyle en main.

Si vous aussi souhaitez donner un coup de pouce à l'association Valentin Haüy, celle-ci est à la recherche de bénévoles notamment pour la lecture de livres aux malvoyants et aveugles.