Les descendants de Palany Sadeyen, engagé indien arrivé à La Réunion au XIXème siècle, se sont réunis à Saint-Leu pour lui rendre hommage ce dimanche.
Dans le même temps, au Barachois, la Fédération Tamoule de la Réunion a organisé ce dimanche matin une cérémonie pour le 196ème anniversaire du début de l'engagisme à La Réunion.
Cela ne fait que deux ans que la date du début de l'engagisme a été identifiée par les historiens péi. Pour le président de la Fédération, il est nécessaire "d'aller plus loin" à présent, afin de faire connaître et transmettre ce fragment important de l'histoire de La Réunion.
Hommage à Palany Sadeyen à Saint-Leu
En 1881, Palany Sadeyen est arrivé à La Réunion à l'âge de 10 ans, à bord du bateau "La Marguerite". Matriculé "114 282" et orphelin, il est envoyé au Lazaret de la Grande Chaloupe en quarantaine, avant de rejoindre une exploitation agricole à la Grande Ravine, aujourd'hui commune de Trois-Bassins. Il effectuait des petits travaux pour un salaire de six francs par mois.
La venue de Palany Sadeyen, tout comme les autres engagés de l'époque, répondait à la forte demande de main-d’œuvre pour les plantations.
En 1905, Palany Sadeyen se marie à Trois-Bassins et fonde une famille. Il devient père de 12 enfants.
Palany Sadeyen était domestique et cuisinier. Comme tous les malbars, il était agriculteur et éleveur en même temps. On travaillait à l’usine, on travaillait pour les blancs. On faisait tout en même temps. Un Sadeyen, la main dans la terre et la tête dans la cuisine.
Kichenin Sadeyen, petit-fils de Palany Sadeyen
Une plaque commémorative pour Palany Sadeyen à Saint-Leu
Une plaque commémorative a été posée ce matin à Saint-Leu. Ce devoir de mémoire est d'ailleurs respecté par la nouvelle génération.
Palany Sadeyen a "plus de 1 000 descendants"
Après un travail de recherche minutieux, Antoine Sadeyen a reconstitué l'arbre généalogique de son grand-père. "Ça n'a pas été facile de trouver les informations. Je suis allé aux archives départementales et dans différentes mairies", précise-t-il.
C’est vraiment l’arbre qui s’est enraciné ici. La deuxième génération représente les branches de l’arbre. Moi, je suis de la troisième génération. Donc, on est les bourgeons de l’arbre et on commence à faire un décompte, mais on est à plus de 1 000 descendants. Ma plus grande satisfaction, c'est qu'aujourd'hui on parle de Palany Sadeyen. C'est l'image du laboureur et de ses enfants.
Antoine Sadeyen, petit-fils de Palany Sadeyen
"Un devoir de mémoire"
Pour Patrice Sadeyen, arrière-petit-fils de Palany Sadeyen, "nous sommes réunis aujourd'hui, car nous avons un devoir de mémoire".
Nous avons tendance à citer le nom des grands hommes politiques, grands auteurs, grands politiciens, grands chercheurs, mais nous avons tendance à oublier les petits hommes, comme Palany Sadeyen, lui comme tant d’autres. À la sueur de leur front, ils ont construit La Réunion. De par leur courage, ils ont façonné l’identité culturelle.
Patrice Sadeyen, arrière-petit-fils de Palany Sadeyen
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Trois plaques commémoratives pour Palany Sadeyen dans l'Ouest
Palany Sadeyen a vécu dans les hauts de Saint-Leu. Puis, à Villèle, où une autre plaque commémorative sera posée en son honneur. Enfin, une dernière sera posée au cimetière de Saint-Gilles-les-Hauts. Il est décédé en 1950 à l’âge de 79 ans.
3 juin 1828 : arrivée des premiers engagés indiens à La Réunion
Près de 118 000 engagés indiens seraient arrivés à La Réunion entre 1828 et 1885. 15 engagés indiens débarquaient de la goélette "La Turquoise" pour travailler la canne sur notre île.
Ce dimanche, "on rend avant tout hommage à nos ancêtres", lance solennellement Jean-Luc Amaravady, président de la Fédération Tamoule de La Réunion, qui insiste sur le fait qu'"on a un devoir de transmission".
Pour nous, c’est une façon de pouvoir communiquer. S’il n’y avait pas ces personnes-là (les engagés indiens NDLR), on ne serait pas ici aujourd’hui. Donc, merci à eux, merci d’avoir bravé les océans. Maintenant, c’est à nous de transmettre cette page d’histoire qui fait pleinement partie de l’histoire de La Réunion.
Jean-Luc Amaravady, président de la Fédération tamoule de La Réunion
Écoutez l'interview de Jean-Luc Amaravady sur Réunion La 1ère :
"L'engagisme ne doit pas être oublié"
Pour l'auteure et la diplomate indienne Bhaswati Mukherjee, "l'engagisme ne doit pas être oublié".
Son ouvrage "Les engagés et leur itinéraire, une quête incessante d'identité" a été le fruit d'un long travail de réflexion dit-elle. La diplomate, ambassadrice de l'Inde à l'UNESCO propose, dans ce livre, une vision panoramique de la question de l’engagisme sous la forme d’une étude comparée de celle-ci en faisant valoir ses expériences accumulées durant sa carrière.
Regardez l'interview de Bhaswati Mukherjee, de passage à La Réunion :
Des conférences sur le thème de l'engagisme
Toujours sur le thème de l'engagisme, l’association Gopio Réunion accueille Rajaram Mohan Munuswamy, président de Gopio France Métropolitaine. Il apportera son expertise sur le thème de "l'Inde et sa diaspora dans le monde".
Le but est de connecter La Réunion à la connaissance de la diaspora indienne. Des conférences sur le thème de l'engagisme sont d'ailleurs prévues la semaine prochaine dans l'Ouest et le Sud.
- Mardi 4 juin à 17h30, à la salle de conférence de Saint-Paul
- Mercredi 5 juin à 17h30 au centre de formation Nassibou, 6 bis chemin Badamier, à La
Ravine Blanche, à Saint-Pierre