Le Bourbon pointu est une variété de caféiers obtenue à partir d’une mutation d’un spécimen en provenance d’Arabie. La première fois que l’on parle de lui, c’est en 1711 par un secrétaire de la compagnie des Indes en mission à La Réunion, alors appelée Ile Bourbon.
Il faut savoir qu’à l’époque, le Bourbon pointu, alors appelé Café du Roy, était déjà très apprécié et s’était fait une renommée auprès du roi Louis XV ou encore Honoré de Balzac. Malheureusement, son goût raffiné et délicat s’effacera longtemps des mémoires. En effet, la culture du petit arbre, qui ressemble étrangement à des petits sapins de Noël, sera quasiment décimée suite à une épidémie à la fin du 19ème siècle.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
La rencontre d’un japonais, passionné de café, et des chercheurs du Cirad
Il faudra attendre 1999 avant que la production du Bourbon pointu ne soit relancée dans l’île. Et c’est sur l’initiative d’un japonais, Yoshiaki Kawashima, directeur du centre de recherche agricole Ueshima Coffee Co, que cela sera possible.
En effet, ayant entendu parler du Bourbon pointu lors d’un voyage, il mettra tout en œuvre pour venir à La Réunion en quête de plants. Une mission difficile puisqu’au fil des années, le Bourbon pointu a presque disparu des mémoires. Mais la découverte de quelques plants dans la nature fera renaître l’espoir.
Avec l’aide des chercheurs du Cirad, le Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement, un projet de relance de la culture du Bourbon pointu à La Réunion est initié en 2002. Les premières cerises de café sont récoltées en 2005.
Le Bourbon pointu : un café d’excellence
Le Bourbon pointu est un café jugé haut de gamme, vendu dans les épiceries fines et dans les musées régionaux à La Réunion. 50% de sa production est aujourd’hui exportée, notamment au Japon où le kilo se vend à près de 500 euros.
De par sa rareté et le caractère endémique de ses plants, le Bourbon pointu est aujourd’hui l’un des cafés les plus chers au monde. Un niveau d’excellence maintenu par les membres de la coopérative Bourbon pointu qui effectuent des dégustations toutes les trois semaines au Tampon.
Une classification pour payer le producteur au juste prix
Huit dégustateurs ont été formés pour noter le café. Celui-ci sera ensuite classé en trois catégories. Ainsi, 90% des cafés de la coopérative sont classés en "grand cru", 6% se situent dans la deuxième catégorie et seuls 1 à 2% se retrouvent dans la 3ème catégorie dite "authentique".
Pour différencier un "grand cru" d’un "authentique", le dégustateur se base sur des critères très spécifiques.
Il faut avoir du nez et un palais qui puissent enregistrer les saveurs. Quand on est dégustateur, il faut savoir mettre un nom sur chaque saveur, chaque odeur.
Les dégustateurs doivent ainsi déterminer les saveurs du Bourbon pointu qui se déclinent en chocolat, amande, noisette ou encore fruits rouges. En terme de goût, le plus important pour le Bourbon pointu ce sont les notes d’agrumes comme l’orange, la clémentine ou encore les citrons, vert ou jaune.
Comme pour un grand vin, la dégustation suit un rituel bien précis. On hume le café, on juge sa couleur, sa texture, son goût et la longueur en bouche. On prend le temps de déguster un café qui ne doit pas être trop chaud, et surtout sans sucre.
Ce mercredi, huit dégustateurs ont ainsi noté une dizaine de producteurs. Ces derniers seront rémunérés en fonction du classement de leur pépite.