Si le soleil brillait à nouveau ce mardi matin, et que le cyclone Freddy filait déjà loin vers l'ouest, le verger de Yasmine Ramassamy lui affichait encore les stigmates de cette nuit de vents forts.
Sur cette exploitation de 5 hectares au Tour des Roches à Saint-Paul, l'agricultrice a vu sa récolte de février être ruinée en quelques heures... Des centaines de mangues jonchaient le sol ce mardi. Un tapis de fruits voués à la destruction.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Des rafales fatales
Mangues José, mangues Auguste, américaine... ici, c'est une dizaine de variétés différentes qui est cultivée. Mais les mangues sont des fruits très sensibles au vent, et toutes ont souffert du passage de Freddy, qui a soufflé ses rafales atteignant les 100km/h sur la région. "Ça a été une très grosse surprise d'autant que la journée avait été très très calme. Ça a commencé à souffler à 22 heures et ça a duré toute la nuit. A chaque rafale de vent, c'était des tonnes de mangues qui se sont étalées sur le sol".
Une récolte qui s'annonçait abondante
Cette troisième et dernière récolte de la saison était pourtant très abondante, ce qui rend la perte encore plus lourde pour Yasmine Ramassamy. "Je comptais sur 20 tonnes de mangues José à récolter, de maintenant à fin mars. Je comptais dessus pour faire mon chiffre parce que malheureusement cette année je n'ai quasiment pas eu de fruits en décembre ni en janvier", soupire l'agricultrice, qui souhaitait aussi rattraper les pertes de Batsirai et Emnati, qui l'année dernière avaient déjà ravagé son exploitation.
Brûlés pour éviter la mouche des fruits
Pour l'exploitation, il s'agit d'une pure perte, puisqu'aucune ne peut être récupérée, n'étant pas encore à maturité. "Ça ne va plus mûrir parce qu'elles ont subi un choc, l'impact était très violent. On va quand même être obligés de les ramasser pour les brûler, parce que ça va pourrir, abîmer le sol, et attirer les mouches des fruits", explique Yasmine Ramassamy, qui exploite ce verger depuis 40 ans.
Un technicien pour constater les pertes
A peine Freddy parti, un technicien arboricole de la Chambre d'agriculture était déjà sur le terrain pour constater les dégâts chez les agriculteurs. "L'expert est venu faire un diagnostic de la perte pour faire remonter les informations au niveau de la DAAF (Direction de l'Agriculture, de l'Alimentation et des forêts, ndlr)".
Cet expert de la Chambre d'agriculture a rencontré trois agriculteurs de l'ouest ce matin. "On fait un constat à vue d'oeil, on regarde ce qui reste sur les arbres, et ici il n'y a plus grand-chose sur les branches. Pour les vergers qui ont une récolte tardive, c'est une grosse perte parce qu'ils commençaient la récolte", observait-il.
Vers une sollicitation du Département
Pour autant, il s'agit d'un simple constat, et non de la promesse d'une indemnisation. Car celle-ci ne sera versée qu'en cas de reconnaissance d'état de catastrophe naturelle ; or, l'impact limité de Freddy pourrait ne pas la permettre. "La problématique c'est que la situation est spécifique à une petite zone, donc une aide de l'Etat ça va être difficile, mais on peut peut-être avoir une aide du Département spécifique, pour aider ces exploitations à garder la tête hors de l'eau", évoque Jean-Michel Moutama, président de la CGPER, venu constater les dégâts dans ce verger de mangues.
L'an dernier déjà, les épisodes cycloniques avaient malmené les récoltes dans cette même région. "Il faut aider ces exploitations-là parce que deux années de suite sans revenus, c'est compliqué", insiste le président de la CGPER.