Lutte contre le harcèlement scolaire : à l'école Emile Hugot de Saint-Paul, les marmailles en pleine séance d'empathie

Lutte contre le harcèlement scolaire : à l'école Emile Hugot de Saint-Paul, les marmailles en pleine séance d'empathie
Les séances d'empathie annoncées par le gouvernement pour la rentrée prochaine sont déjà expérimentés dans trois écoles de La Réunion, comme ici à Saint-Paul. L'objectif étant de favoriser la bienveillance, et de lutter contre le harcèlement scolaire notamment. Reportage à l'école Emile Hugot.

Lutter contre le fléau du harcèlement scolaire, voilà un des objectifs de ces séances d'empathie, expérimentées dans 1 200 écoles primaires de France depuis le mois de janvier. A terme, elles seront généralisées à la rentrée prochaine.

A La Réunion, trois écoles de l'académie participent à cette expérimentation jusqu'au mois de juin. Parmi elles, l'école élémentaire Emile Hugot à Saint-Paul. Mais à quoi ressemblent ces cours ?

Regardez le reportage de Réunion La 1ère : 

Cours d'empathie à l'école Emile Hugot ©Réunion la 1ère

Apprendre à reconnaître les émotions

Dans une des classes de CM1/CM2 ce jeudi matin, les élèves s'appliquent à lister différentes émotions au tableau noir. Le but est ici d'identifier et de comprendre ce que représentent différents sentiments tels que la tristesse, la colère, la surprise, la peur, ou l'amour... 

Emmanuelle, une des élèves, explique le but de l'exercice du jour, soit relier sept émotions principales à des mots liés, mais aussi les classer par degré d'intensité.

"Il y a sept émotions, la peur, la tristesse, l'amour, la surprise, le dégoût, la joie, et la colère. Par exemple dans l'amour il y a passionné, en adoration, amoureux, tendre, doux, satisfait, affectueux..."

Emmanuelle, élève de CM1/CM2 à l'école Emile Hugot

"Comprendre les autres et savoir s'il faut les aider"

La fillette comprend de suite l'intérêt du cours. "Les émotions c'est très important parce que c'est quelque chose qui fait partie de toi. S'il n'y avait pas d'émotions, je ne pourrais pas comprendre qu'un camarade est en colère et je le laisserais comme ça. Il aurait pu taper quelqu'un et on n'aurait pas su qu'il était en colère. Les émotions ça sert à comprendre les autres et savoir s'il faut les aider ou pas", décrit Emmanuelle. 

"L'empathie ça sert à prendre la place des autres et à ressentir ce qu'ils ressentent"

Eden, élève de CM1/CM2 à l'école Emile Hugot

Lutte contre le harcèlement scolaire : à l'école Emile Hugot de Saint-Paul, les marmailles en pleine séance d'empathie

Créer gentillesse et bienveillance

A travers ces ateliers ludiques et simples, il s'agit de créer des échanges, des partages d'expériences et d'émotions, souligne Mehdi Kabyle Rees, le professeur des écoles qui anime cette séance ce jeudi matin. "On partage notre propre vécu et notre propre ressenti d'émotions, que les autres ressentent aussi. Ça forme une sorte de communauté, où on est tous un peu pareils", fait-il valoir.

"Le but c'est de développer l'empathie pour créer de la gentillesse et lutter contre tout ce qui est mauvais, comme le harcèlement. Les enfants ont besoin d'être sereins quand ils viennent à l'école, d'être en état de pouvoir apprendre. Développer l'empathie, ça met les élèves dans une forme de bienveillance entre eux". 

Mehdi Kabyle Rees, professeur des écoles à l'école Emile Hugot de Saint-Paul

Permettre d'exprimer les difficultés au sein de la famille

Au-delà de ce qui peut se passer en milieu scolaire, le professeur des écoles y voit aussi un moyen de mettre des mots et d'évacuer d'éventuelles souffrances au sein des familles. "Certaines souffrances sont lourdes et il est compliqué d'en parler. C'est un moyen peut-être pour l'enfant de dépasser un mal-être qu'il pourrait y avoir", souligne Mehdi Kabyle Rees. 

Développer l'empathie le plus tôt possible

Alors que selon la dernière enquête de l'Education nationale menée en novembre dernier, 5% des écoliers du CE2 au CM2 se disent victimes de harcèlement, le recteur de l'académie Réunion Pierre-François Mourier entend prendre le problème à la racine avec ces séances d'empathie. 

Lutte contre le harcèlement scolaire : à l'école Emile Hugot de Saint-Paul, les marmailles en pleine séance d'empathie

Elles vont, selon lui, "développer le caractère d'empathie le plus tôt possible", voire dès la maternelle. 

"On doit toujours se mettre à la place de l'autre quand on fait un acte, quand on dit quelque chose, quand on fait quelque chose à quelqu'un. Quand on se met à la place de l'autre, on sait ce qu'on apprécierait et ce qu'on n'apprécierait pas. Ca permet d'éviter des comportements qui peuvent mener à des émotions qui ne sont pas agréables, voire à du harcèlement". 

Pierre-François Mourier, recteur de l'académie de La Réunion

    Une empathie essentielle dans cette "société de l'immédiat"

    Une réelle nécessité pour préserver le vivre-ensemble caractéristique de La Réunion qui est "un trésor", estime le recteur. D'autant que nous sommes dans une "société de l'immédiat" où les enfants accèdent aux réseaux sociaux très tôt. "Il faut qu'on apprenne encore mieux aux enfants à vivre ensemble", achève Pierre-François Mourier. 

    "On veut faire en sorte que les petites citoyennes et petits citoyens d'aujourd'hui deviennent des citoyens respectueux, amicaux, et fraternels demain". 

    Pierre-François Mourier, recteur de l'académie de La Réunion

    Des cours généralisés à la prochaine rentrée 

    Pour l'instant, seules trois écoles de l'île expérimentent ces cours d'empathie, mais elles seront généralisées à la rentrée de l'année scolaire 2024-2025, avait annoncé Gabriel Attal alors qu'il était encore ministre de l'Education nationale. 

    Selon les derniers chiffres de l'Education nationale, le harcèlement touche 5% des écoliers du CE2 au CM2, mais aussi 6% des collégiens, et 4% des lycéens, impactant leur qualité de vie en milieu scolaire. 

    A l'école, 3% des élèves se disent victimes d'atteintes répétées, dont des choses "fausses ou méchantes" racontées sur eux, des actes malveillants faits exprès comme des bousculades ou objets lancés, ou encore des bagarres avec un ou plusieurs autres élèves.