Hormis la visite d’un ancien camp d’esclaves reconstitué sur le site qui accueillera bientôt le musée de l’Habitation et de l’Esclavage, les archéologues montreront leurs découvertes aux curieux. Un fascinant chantier qui révèle des “magasins à sucre”, sous les murs et les sols de ce qui était il n’y a pas si longtemps des bâtiments administratifs.
Ces fouilles menées depuis 2021 ont effectivement permis de mettre au jour les constructions d’origines de ces bâtiments situés tout près de l’ancienne usine sucrière de Villèle, à proximité de l’habitation Desbassyns.
Les archéologues ont dû se munir d’outils de chantier pour venir à bout des couches successives ajoutées depuis la naissance de ces entrepôts. “Il a fallu casser les sols et les murs actuels pour aller voir ce qu’il se passait dessous (…) On y est allés au marteau-piqueur", raconte Virginie Motte, conservatrice régionale de l’archéologie à la Drac. Ainsi, “les archéologues ont pu aller voir les anciennes traces de portes, ou les différents états des sols qui ont pu être aménagés”, poursuit-elle.
Des magasins à sucre datant de 1824
C’est ainsi que, plus ils ont creusé, plus les archéologues ont remonté le temps dans l’histoire des magasins, laissant apparaître le sol d’origine, en pierres, datant de 1824-1825, construit au même moment que la sucrerie. C’est là le “sol historique, un ensemble de rochers assemblés de manière à constituer un sol à peu près praticable pour ceux qui travaillaient dans le bâtiment”, décrit Xavier Le Terrier, directeur scientifique du Musée de Villèle.
“Le but est de reconstituer l’histoire de ces longères, des bâtiments très importants qui étaient des espaces de stockage du sucre, du café, et de tout qui était produit sur le site”
Virginie MotteConservatrice régionale de l’archéologie à la DRAC de La Réunion (Direction des affaires cultures)
Des connaissances à intégrer dans le nouveau musée de Villèle
Cette opération, qui est l’une des plus importantes menées par le service dédié à l’archéologie de la Drac depuis 2010, a notamment vocation à nourrir le projet du nouveau musée de Villèle. “Ca va nous servir à mieux connaître le bâtiment et la façon dont fonctionner l’habitation, et à dégager des éléments dont on va se servir pour notre muséographie”, se réjouit Xavier Le Terrier. Ces bâtiments seront ainsi “réhabilités en toute connaissance de leur évolution dans l’histoire”, sourit quant à elle la conservatrice régionale de l’archéologie de la Drac.
Si ce sont les résultats de la deuxième phase qui sont donnés à voir ces jours-ci, l’opération en compte quatre au total, la prochaine démarrant en mars prochain.
Par ailleurs, toujours à Villèle ce lundi en fin d’après-midi, Jean-Marc Ayrault, ancien Premier ministre et président de la Fondation pour la Mémoire de l’esclavage, était présent pour lancer le coup d’envoi des festivités du "Gran 20 Désanm" sur le site de la Chapelle Pointue.