Qu'il s'agisse d'estuaires, de prairies humides, de mangroves, de mare ou d'étangs... ces milieux humides entre terre et eau sont essentiels pour notre biodiversité, puisqu'ils sont un lieu privilégié pour la faune et la flore. Mais ils sont aussi menacés par l'activité humaine, la pollution, l'urbanisation ou les espèces exotiques envahissantes, d'où la nécessité accrue de les préserver. Selon la DEAL, leur préservation coûterait 5 fois moins cher que de compenser la perte des services qu’elles nous rendent gratuitement.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Afin de sensibiliser un maximum de gens à son importance, le 2 février est célébrée la journée mondiale des zones humides. Ce week-end, des activités étaient organisées à cette occasion par la Réserve naturelle de l'Etang Saint-Paul, protégé par la convention de Ramsar sur les zones humides, qui est la plus grande zone humide littorale des Mascareignes avec ses 485 hectares.
Un atelier pour repérer les espèces présentes à l'Etang
Les curieux avaient le choix entre un comptage d'oiseaux en aval de l'Etang, une visite guidée des viviers de Savanna, ou de la prairie humide... Et pour les plus petits, un "atelier oiseaux", mené par Océane Vatin, animatrice à la Réserve naturelle de l'Etang Saint-Paul. "Mon but c'est qu'on va se balader tout en étant plus conscient des espèces particulières qui nous entourent, et d'autres espèces qu'on connaît dans nos jardins. On va apprendre à connaître leur comportement, et l'harmonie, l'écosystème qui règnent ici", explique-t-elle.
Un sanctuaire
Dans le viseur de leurs jumelles ce samedi matin, plus particulièrement les oiseaux. "Les oiseaux et les zones humides ont un lien très fort", souligne Martine Gaze, la présidente de la Réserve naturelle de l'Etang Saint-Paul. "Les oiseaux migrateurs par exemple, lorsqu'ils vont quitter leur pays où il fait plus froid, ou où ils ont du mal à trouver de la nourriture, vont s'arrêter ici pour se reposer, et trouver à manger. C'est un sanctuaire pour certains oiseaux qui viennent pondre avant de repartir vers d'autres aventures", poursuit-elle, avant de rappeler l'importance des zones humides pour la planète. "Ces zones nous aident à protéger la faune et la flore qui n'existent pas sur d'autres secteurs, mais ce sont aussi les reins de La Réunion, elles ont un rôle épurateur et nettoient l'eau qui arrivent des montagnes."
Sensibiliser les jeunes générations
Quoi de mieux que cette visite avec les marmailles pour leur faire prendre conscience de ces enjeux. "Ces zones sont très très importantes pour l'être humain, et on veut faire passer ce message-là aux enfants. Et puis c'est magique, on se sent bien ici, c'est relaxant", raconte Thomas venu en famille, qui pour clôturer la matinée a prévu une balade au Tour des Roches, limite de l'Etang Saint-Paul. Isaac et Léa, six ans, étaient en tout cas en admiration devant les poules d'eau perchées sur les nénuphars de l'étang ce matin. "Le cadre est très reposant et serein. On venait ici mais sans prêter attention aux détails et aux espèces, donc là c'est l'occasion d'en savoir plus", témoigne la maman, Julie.
À la recherche du faucon
C'est aussi l'occasion de faire des rencontres aussi rares que surprenantes. "On a parfois des espèces migratrices qu'on voit très très rarement, qui passent à l'Etang Saint-Paul. En ce moment par exemple, il y a un faucon Eleonore et un faucon Concolore, qu'on recherche dès qu'on est sur le terrain. Il y a aussi des sternes visibles sur le pont, qui hier encore étaient présentes", constate Océane Vatin, l'animatrice de la Réserve.
S'il fallait quand même beaucoup de chance pour pouvoir les repérer, les visiteurs de ce samedi en ont eu assurément. Visible aux jumelles, un faucon concolore juvénile est perché sur une branche au loin, reconnaissable à son ventre blanc tacheté. "Comme on est pas spécialiste, on envoie une photo à la Seor pour confirmation", précise Océane, à peu près sûre qu'il s'agit bien de cette espèce originaire du Nord-Est de l'Afrique ou encore de la péninsule arabique, mais qui l'hiver s'envole vers Madagascar, la côte du Mozambique ou l'Afrique méridionale.
Plusieurs types de zones humides à La Réunion
A La Réunion, les zones humides abritent plus de 20% du nombre total d'espèces de plantes de l'île, dont deux tiers sont indigènes, selon les chiffres de la DEAL. On distingue sur l'île huit grands types de zones humides, parmi lesquelles les estuaires comme celui de la rivière du Mât ou de la rivière Saint-Etienne, les complexes marécageux come les étangs à Saint-Paul, au Gol et à Bois Rouge, les pandanaies comme dans les hauts de Sainte-Suzanne, Bras-Panon ou Saint-Philippe, les lacs de cratère comme à Mare à Boue et Piton de l'eau, ou encore les prairies humides comme celle de la Plaine-des-Cafres.