Trois cas de chikungunya à La Réunion : " le foyer est circonscrit ", assure l’ARS

La population est invitée à rester vigilante, en appliquant les bons gestes pour lutter contre les gites larvaires.
Trois cas de chikungunya sont apparus ces derniers jours dans un quartier de Saint-Gilles-les-Bains. L’ARS assure que le foyer est circonscrit, la lutte antivectorielle a rapidement été mise en place.

Ce sont désormais 3 cas de chikungunya qui ont été annoncés par l’Agence Régionale de Santé de La Réunion. Apparus ces derniers jours dans un quartier de Saint-Gilles-les-Bains, ces cas réveillent de douloureux souvenirs. L’épidémie de chikungunya de 2005-2007 a traumatisé les Réunionnais.

 

Trois personnes malades

Les trois personnes concernées ne sont pas hospitalisées, confirme ce jeudi 29 août le professeur Xavier Deparis, directeur de la veille et de la sécurité sanitaire à l’ARS, invité de la Matinale de Réunion la 1ère. Elles présentent les symptômes caractéristiques du virus du chikungunya, à savoir de la fièvre et des douleurs. Des symptômes similaires à ceux de la dengue.

Confirmés par tests PCR dans un laboratoire de l’île, les cas sont en attente d’une confirmation cette fois du centre national de référence, par le CHU Nord. " Il y a 99% de chances que l’on retrouve exactement le même résultat, puisque la PCR est un test extrêmement précis et spécifique ", assure le Pr Xavier Deparis.

 

Un foyer circonscrit

Face aux craintes de voir l’épidémie refaire son apparition, telle qu’elle a été vécue de 2005 à 2007, le scientifique tient à rassurer : " nous sommes sur un foyer qui est bien circonscrit ".

Nous sommes intervenus très très rapidement en matière de lutte antivectorielle, de médiation sociale aussi en faisant du porte-à-porte dans tout le quartier pour informer les personnes et mettre en place la lutte anti-larvaire, et puis la lutte antivectorielle par biocide si nécessaire.

Professeur Xavier Deparis, directeur de la veille et de la sécurité sanitaire à l’ARS

 

  

La lutte antivectorielle en action

Les équipes de lutte sont tous les jours sur le terrain, confirme-t-il. " On a bon espoir que ces cas restent circonscrits dans ce quartier ", confie-t-il. Un quartier " favorable à la lutte antivectorielle et plutôt défavorable aux moustiques ", assure le Professeur Xavier Deparis.

Dans ce quartier, les habitations et les jardins sont bien entretenus, il y a peu de gites larvaires. De plus, la période climatique est favorable puisque le vent « assèche » et est ainsi défavorable au moustique, vecteur du virus. L’hiver austral reste une période généralement défavorable à la prolifération des moustiques.

Regarder le reportage de Réunion la 1ère :

Trois cas de chikungunya dans l’Ouest, les habitants restent vigilants.
 

Le virus circule à bas bruit 

Si le risque potentiel d’une épidémie ne peut être écarté, le directeur de la veille et de la sécurité sanitaire de l’ARS affirme que " le maximum est fait au niveau des connaissances actuelles pour empêcher la diffusion du virus sur l’île ".

Le Pr Xavier Deparis relève que trois cas autochtones ont tout de même été identifiés, des personnes contaminées à La Réunion sans avoir voyagé, " cela veut dire que le virus circule à bas bruit ".

 

Des analyses pour déterminer l’origine du virus

Les résultats de l’analyse des prélèvements par le Centre national de référence à Marseille devraient apporter des précisions sur le virus. Sa carte d’identité génétique va pouvoir être réalisée et peut être révéler son origine.

Elle révèlera aussi s’il s’agit d’un virus qui est un dérivé ou non du virus qui a circulé sur l’île entre 2005 et 2007et " qui aurait pu survivre 20 ans ", ou s’il s’agit d’un virus importé soit du continent africain soit du continent asiatique, indique Xavier Deparis.

 

L’épidémie de 2005, un tournant qui a permis la recherche d’un vaccin

Découvert dans les années 50 et longtemps considéré comme un arbovirus " pas méchant ", le chikungunya était considéré différemment depuis l’épidémie qui a touché La Réunion en 2005, avec l’observation de cas sévères et surtout plus de 200 décès, puis après l’épidémie des formes chroniques invalidantes.

C’est alors que le chikungunya a été identifié par l’OMS comme un virus potentiellement émergent et potentiellement dangereux pour la santé, ce qui a permis que les firmes pharmaceutiques s’investissent à la recherche d’un vaccin, explique le Pr Xavier Deparis.  

Nous disposons maintenant d’un vaccin, qui vient d’avoir l’autorisation de mise sur le marché par les autorités américaines et par les autorités européennes, et qui va donc passer par le circuit du ministère de la Santé pour obtenir son autorisation d’emploi en France et en particulier dans les territoires d’Outre-mer.

Professeur Xavier Deparis, directeur de la veille et de la sécurité sanitaire à l’ARS

  

Un vaccin qui concernerait d’abord les adultes

Aucune date précise n’est avancée en revanche pour cette disponibilité, " c’est une affaire de mois ", indique Xavier Deparis. Si une épidémie venait à se déclarer à La Réunion, une réponse rapide serait espérée, affirme le directeur de la veille et de la sécurité sanitaire à l’ARS.

Chaque pays doit définir sa politique d’utilisation du vaccin en fonction des études cliniques qui ont été effectuées. Ces dernières ne concernant que des adultes, le vaccin devrait être utilisé chez l’adulte dans un premier temps, en attendant les études cliniques sur les mineurs.

Il ne s’agit pas d’un vaccin à ARN messager, précise Xavier Deparis, " qui est très prometteur ". Un vaccin est déjà à disposition contre la dengue, indique-t-il, celui contre le chikungunya le sera prochainement, ce qui constituera " une vraie révolution en matière de prévention ".