<p>Dans le sud sauvage de la Réunion, au Baril, du côté de Saint-Philippe, Benoît Morel cultive depuis vingt ans des arbres fruitiers. Une plantation bio des plus étonnantes.<br />
Pour le premier numéro de notre nouvelle série de documentaires sonores "<em>Sou le piédbwa</em>", nous sommes partis à la rencontre de cet homme passionné.</p>
Causer, sous la pluie
Il pleuvait dru ce jour-là sur le sud. C’était parfait.
L’idéal pour se poser, sous la varangue, autour d’une tasse de café apportée par Madame, et parler de la vie.
De la vie qui s’est écoulée là, sur cette terre entourant la case verte et bleue.
De la vie qui grouille, là, sur les contreforts du volcan.
De la vie des champs et de ceux qui la cultivent.
Un parfum d’enfance
Vous avez peut-être cette image en mémoire : le jardin de vos grands-parents.
Un lieu magique et forcément immense, peuplé de créatures étranges et de pièdbwa généreux. Benoît Morel a aussi ce souvenir indélébile.
Mais lui a décidé de rompre avec les cultures de son père – canne à sucre, banane et ananas – et de replanter tous les arbres qui poussaient dans son souvenir.
Souvenir d'un verger disparu
Recréer un paradis perdu, c’est la mission de ses dernières trente années de vie…
Ne lui parlez-pas de canne
Il y en a, de la canne à sucre sur « Bitasyon bio ».
Un tout petit carreau entre le gingembre et le curcuma.
Je suspecte Benoît Morel de ne s’en servir que de haie coupe-vent !
Il est intarissable, à ce propos : il vous raconte comment la révolution verte d’après-guerre a transformé les paysages, et imposé les stocks d’engrais aux nouveaux agriculteurs.
Lui, a résisté.
Ne lui parlez pas de canne à sucre, pas plus que d’ananas.
En fait, tout ce qui a trait à la monoculture le gratte !
L’ananas, c’est un travail de bagne!
Suivez le guide
On est là, à converser sur la terre et le ciel, et tout à coup, Benoît Morel détale !
C’est qu’il est attendu au seuil de la plantation : des visiteurs, curieux des fruits rares et amateurs de découverte, ont pris rendez-vous.
Et c’est parti pour deux, trois, quatre heures de visite : une balade entre pieds de jaques greffés et bosquets de canistel.
Avec un petit crochet dans la pépinière de son dalon, et dégustation obligatoire de térape et de jamalac.
Le discours de Benoît Morel est un savant mélange de précisions en latin et de boutades qui tiennent son auditoire en haleine!
Lors de la visite de la plantation, des noms de fruits jamais entendus auparavant!
Au-delà des mers
L’océan Indien est juste en bas de la petite allée menant à Bitasyon bio de Benoît Morel. Et de l’autre côté ? Comme son nom l’indique, l’Inde !
Curieux de nature, Benoît Morel a décidé un jour d’aller faire ce grand voyage. Oubliez le Taj Mahal ou les temples dravidiens, en Inde, Benoît Morel va découvrir des exploitations agricoles !
Il rencontre des agriculteurs qui vont changer sa vie, le confortant dans son choix d’une agriculture bio, voire, de pratique en biodynamie.
Vous ne voyez pas la différence ?
Moi non plus !
Du coup, je lui ai demandé, et là, j’ai entraperçu un monde…
La différence, c’est qu’on travaille aussi beaucoup avec les constellations
En Inde, Benoît Morel a découvert des fruits, oubliés ou inconnus à la Réunion : des fruits excellents, qui, par chance et à force de bons soins, se sont très très bien adaptés au climat de la Réunion !
Une histoire en résurgence
Tout le monde s’esclaffait sous les piédbwa lors de cette visite menée avec passion par le maître des lieux ; des oh, ah, magnifique, délicieux, et autres incroyable !
C’était joli à entendre !
Mais moi, j’avais aussi besoin de « silence » à enregistrer.
Par silence, entendez, le chant des oiseaux et celui des palmes (si, si, les palmes chantent, comme les aiguilles de filaos dans la brise, promis !) voire le trottinement des tangues et le bruissement des feuilles de curcuma…
Alors je suis restée en arrière, oubliant les troupes ravies.
Je me suis glissée dans les grottes – celles où nichent les pailles en queue et aussi celle de Limé ; une grotte où vécut un Engagé qu’a connu Benoît Morel, enfant…
Ecoutez-le, dans « Sou le piédbwa au Baril »