Saint-Philippe : la détresse des apiculteurs dont les ruches sont brûlées à cause du coléoptère

Les 44 ruches de Jean-Noël Bénard ont été brûlées en juillet 2022.
Mardi dernier, les ruches de trois apiculteurs de Saint-Philippe ont été brûlées. Ce samedi 16 juillet, les autorités sanitaires ont saisi celles de Fridelin Mouniama, apiculteur à Ravine Ango, à Saint-Philippe. Le petit coléoptère a aussi été détecté dans une de ses ruches. Elles seront brûlées pour éviter toute propagation de l'insecte ravageur.

A Saint-Philippe, mardi dernier, les ruches de trois apiculteurs ont été brûlées, 150 au total. C'est le cas de Noël Bénard qui a vu ses 44 ruches partir en fumée. Le petit coléoptère avait été retrouvé dans une de ses ruches. Par mesure de précaution, les autorités brûlent l'ensemble des ruchers.

Contaminées par le coléoptère, des ruches ont été brûlées à Saint-Philippe

"L'amour que j'ai pour mes abeilles, ça me fait mal qu'elles soient mortes, car ce n'est pas pour une bonne cause", déplore Noël Bénard, apiculteur. Pour lui, la destruction de ses 44 ruches est un crève-cœur, même s'il en possède dix fois plus.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

A Saint-Philippe, la détresse des apiculteurs dont les ruches sont brûlées à cause du petit coléoptère. Noël Bénard a vu ses 44 ruches partir en fumée, alors qu’une seule était infestée. Reportage

"Mes ruches sont ma famille"

Ce samedi 16 juillet dans la matinée, les agents de la DAAF, la Direction de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt ont saisi les 46 ruches de Fridelin Mouniama, apiculteur à Ravine Ango, à Saint-Philippe. 

"Je ne comprends pas ce qui m’arrive, mes ruches sont comme mes enfants, ma famille", confie l'apiculteur, désemparé. Contaminées par le petit coléoptère, elles seront aussi obligatoirement brûlées pour éviter toute prolifération de cet insecte ravageur. "C'est sûr que si on le laisse se propager, il fera des dégâts partout dans l'île", reconnaît Fridelin Mouniama. 

Regardez son interview sur Réunion La 1ère :

Rushes brulées : la colère de Fridelin Mouniama

Aider les apiculteurs

Détecté le 5 juillet dernier à La Réunion, le coléoptère ravage les ruchers de l’île, et notamment du Sud. Il aurait contaminé 122 ruchers, selon la Chambre d’Agriculture de La Réunion qui alerte les ministères et demande de l’aide pour les apiculteurs en détresse.

"Je suis à terre"

"Ils m’ont contrôlé mardi et tout va être brulé aujourd’hui, raconte Fridelin Mouniama, apiculteur à Ravine Ango, au bord des larmes. Je ne peux même pas estimer la perte financière. J’ai besoin d’aide pour payer mes factures, j’ai déjà un crédit pour payer mon matériel. C’est mon activité principale. Là, je suis à terre".

Arrêter le brûlage ?

Réunis hier à Saint-Philippe pour tenter de trouver des solutions, des apiculteurs demandent à l’Etat d’arrêter le brûlage des ruches. "La situation n'est plus maîtrisée, il est donc inutile de brûler", déplore François Payet, le président du syndicat des apiculteurs de la Réunion. Les apiculteurs s’interrogent sur le bien-fondé de la règlementation imposée par un arrêté préfectoral, et inconcevable pour eux.

"Je dénonce aussi le protocole mis en place par les services de l'Etat, a réagi Frédéric Vienne, président de la Chambre d'agriculture au sujet du brûlage des ruches. On ne peut pas envisager de détruire toutes les abeilles et les ruches de La Réunion, il faut trouver d'autres solutions que ce massacre".

Regardez son interview sur Réunion La 1ère :

Frédéric Vienne, président de la Chambre d'agriculture, invité du Journal

Le petit coléoptère de la ruche est un parasite d'Afrique du Sud. Il vit dans la ruche du stade larvaire à adulte. Les femelles pondent des œufs dans la ruche, les larves s'y développent, les adultes se nourrissent ​​​de pollen, de miel et d'œufs d'abeilles. Ils détruisent totalement la ruche et de la récolte de miel.

Tout recommencer, mais pas maintenant

Fridelin Mouniama n’imagine pas à quoi va ressembler son avenir. Va-t-il tout recommencer à zéro ? "Oui, je suis prêt à le faire, affirme-t-il, mais pas de suite". "Tout recommencer, pour tout détruire dans quelques mois ce n’est pas la peine, il faut attendre. Je ne pourrais pas supporter une nouvelle fois de revoir mes ruches disparaitre comme ça. On vient de m’arracher mon cœur là", conclut-il.