Vingt ans après la mort du roi du Seggae, mélange de sega mauricien et de reggae, son groupe Racine Tatane continue de faire vivre la musique de Kaya. La mort de l’artiste avait à l’époque donné lieu à un mouvement de révolte inédit. Ce soir, au Sakifo, son message était bien présent.
Il y a les connaisseurs qui entonnent les chansons, bougent en rythme, vivent cette musique qui les touche, et il y a ceux qui ne connaissent pas l’histoire de Kaya mais pour qui la musique est universelle.
Kaya , un emblème mauricien
" Kaya, c’était un soleil, il incarnait le partage ", Sharon et Valérie, deux sœurs mauriciennes sont ce soir fières d’entendre ses paroles résonner sur le site de la Ravine Blanche.
" C’est le même feeling " , cette façon rythmique unique que celle du seggae, elles la retrouvent à l’occasion de l’hommage rendu à Kaya lors de cette deuxième soirée du Sakifo. Une sonorité grâce à laquelle l'île Maurice peut se démarquer sur la scène internationale, disent-elles.
" Entendre la musique et entendre chanter le créole mauricien, ça fait du bien ".
Pour elles, Kaya était un porte-parole, son message était celui de la liberté. Arrêté et mort en prison il y a vingt ans, suite à sa participation à une manifestation en faveur de la dépénalisation du cannabis, Joseph Réginald Topize, de son vrai nom, est l’emblème d’une partie de la population mauricienne.
La " general population ", comme l’ont baptisé les britanniques, à savoir tous ceux qui ne sont pas issus de la communauté hindoue, musulmane ou chinoise. Pour les deux sœurs, Kaya parlait de la vie réelle, de la différence de traitement entre les mauriciens, des vestiges de l’esclavage aussi. Des différences encore présentes aujourd’hui, disent-elles.
Et puis, dans le public, il y a aussi cette génération de Réunionnais qui ont entendu la musique de Kaya lorsqu’ils étaient plus jeunes. Une génération qui a aussi entendu des brides de l’histoire de cet homme mort en prison et dont le décès a donné lieu à un mouvement de révolte sans précédent dans l’ile sœur.
Une génération qui ce soir " recolle les wagons " comme le dit si bien Gwenaëlle, 39 ans.
" C’était loin, on était petit, on ne connaissait pas trop cette histoire ".