Bientôt la fin du Paraclub de Bourbon ? Le 13 juin dernier, la Direction des services de l'Aviation civile (DSAC) a décidé de supprimer définitivement - à compter du 30 novembre 2023 - la zone de sauts 9749 de Pierrefonds, sur laquelle les parachutistes achevaient leur vol depuis 47 ans que l'association existe.
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Mais la problématique n'est pas nouvelle : l'an dernier, la Direction des services de l'Aviation civile avait enjoint le club de parachutisme historique de Pierrefonds à une "ségrégation du trafic" pour éviter le risque de collision entre des parachutistes et des aéronefs.
Des solutions refusées
Le Paraclub affirme avoir soumis plusieurs solutions à la DSAC, dont la mise en place de créneaux dédiés aux parachustistes débutants, l'agrandissement de l'aire d'atterrissage des parachutes, la réévaluation des procédures... Toutes refusées. D'où la suppression définitive annoncée pour novembre prochain.
"Construire avec nous et ne pas condamner sans nous"
Philippe Balliste, du collectif de défense des usagers de l'aérodrome de Pierrefonds, mais aussi président du syndicat aéronautique de Pierrefonds, a du mal à comprendre la position de l'Aviation civile, d'autant qu'aucun accident n'aurait eu lieu pendant les 47 ans d'activité de l'association.
"Le paraclub, le gestionnaire d'aérodrome, les représentants des usagers, nous sommes dans l'incompréhension et ne savons pas ce que nous avons fait de mal ni ce qu'on aurait dû faire et qu'on a pas fait. (...) On attend de la DSAC qu'elle sache revenir sur ses décisions pour construire avec nous et pas condamner sans nous"
Philippe Balliste, président du syndicat aéronautique de Pierrefonds
Un atterrissage à l'Etang-Salé qui coûte cher
Depuis novembre dernier, le Paraclub de Bourbon possède donc une dérogation lui permettant de faire atterrir les parachutistes sur une zone de poser à l'Etang-Salé. Un transfert de zone à 12km de là qui a engendré d'énormes coûts supplémentaires et entame sérieusement la trésorerie du club, explique Guillaume Peyrot, le président du Paraclub de Bourbon. "On a été obligés de se réorganiser, d'acheter deux camions pour faire les navettes, d'embaucher un chauffeur", énumère-t-il évoquant une "explosion des charges".
Des rotations moins nombreuses
D'autant que le nombre de vols possibles en une matinée a dû être réduit, en raison du temps de rotation désormais plus long, puisque s'y ajoute le trajet retour par la route depuis l'Etang-Salé jusqu'à Pierrefonds.
"Ça nous fait perdre énormément de temps : le temps de rotation peut aller de 30 à 45 minutes par avion. Ce sont des charges importantes et un manque de productivité qui nous coûtent cher".
Guillaume Peyrot, président du Paraclub de Bourbon
Une potentielle solution au 2ème RPIMA
Reste au Paraclub et à ses usagers un espoir : celui d'une piste d'atterrissage des parachutes aménagée dans l'enceinte du 2ème RPIMA, à quelques centaines de mètres de là. Mais il ne s'agit pour l'instant que d'une piste.
"C'est long, et pendant ce temps-là les charges s'accumulent, la trésorerie baisse et la pérennité du club est mise à mal".
Guillaume Peyrot, président du Paraclub de Bourbon
La solution "à l'étude"
Du côté du 2ème RPIMA, on étudie effectivement cette piste après sollicitation du Paraclub voisin, mais aussi de la sous-préfecture. "C'est une solution qui est à l'étude", avance le colonel Fabien Striffling, chef de corps du régiment.
En outre, la suppression de l'activité de parachutisme voisine porterait également préjudice aux militaires, puisqu'ils utilisent l'aéronef du Paraclub régulièrement pour sauter dans le cadre de leurs entraînements.
Des difficultés juridiques et financières à lever
La zone de poser évoquée est en tout cas à une distance de l'aéroport jugée "satisfaisante" en terme de sécurité par la DSAC. Mais à l'heure actuelle cet aménagement dans l'enceinte du 2ème RPIMA rencontre encore des difficultés, au niveau juridique comme au niveau financier. D'un côté, il s'agit de savoir s'il est possible de trouver un arrangement permettant d'ouvrir ce terrain militaire aux civils, et de l'autre, savoir comment financer cet aménagement.