Visée, avec son leader Bruno Picard, par une enquête préliminaire pour des soupçons d’abus de faiblesse, le mouvement religieux Extravagance organisait ce dimanche 27 juin, à Saint-Pierre, sa première messe en présentiel depuis plusieurs mois. Quelques 300 fidèles étaient réunis.
Dans la zone industrielle de Saint-Pierre, où se situent les locaux de l’église Extravagance, les fidèles sont nombreux à avoir fait le déplacement pour la première messe organisée en présentiel. Cela faisait plusieurs mois qu’il n’y avait plus eu de rassemblement de ce genre.
L’occasion de se faire une idée de la capacité de mobilisation de l’association religieuse qui se trouve actuellement, avec son leader Bruno Picard, au cœur d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Saint-Pierre, dans le cadre de faits présumés d’abus de faiblesse à l’encontre d’anciens fidèles.
On n'entre que sur réservation
Selon l’un des membres de l’organisation, la salle n’était pas pleine à 100%, mesures sanitaires oblige, mais l’on comptait tout de même, toujours selon cette même personne, quelques 300 fidèles pour cette matinée de "célébrations".
A l’entrée, le service d’ordre ne laissait passer que les fidèles ayant réservé. Du gel hydro-alcoolique était également distribué. Impossible ce matin pour nos équipes de rencontrer l’un des responsables de l’organisation mais certains fidèles ont néanmoins accepté de répondre à nos questions.
"Mon regard n'a pas changé"
Des fidèles qui expliquent que la procédure judiciaire visant leur église ainsi que leur leader n’ébranle en rien leur foi. "Pour moi, ça ne changera pas ma relation avec Dieu", confiait ainsi le jeune Rayan, avant d’entrer.
Reconnaissant être "un peu choquée", Julianne, une autre fidèle, rajoute néanmoins qu’elle "ne (se) sent pas concernée personnellement (…). Chacun à sa place, on verra bien. Dieu est le seul juge. Moi je sais en qui je crois. Mon regard n’a pas changé".
Une enquête et plusieurs plaintes déposées
Un discours qui tranche avec celui des anciens membres de l’organisation. Pour rappel, l’enquête a été ouverte suite à la plainte en février dernier d’un ancien fidèle, Rudy Thazard, qui dit avoir laissé plusieurs dizaines de milliers d’euros au pasteur. D’autres anciens adeptes ont par la suite déposé plainte. Un collectif a été créé depuis.
"On est content de se retrouver", lâche une autre membre du mouvement. Celle-ci explique qu’elle n’a jamais été forcée de verser de l’argent à l’association. "Je mets 10 % (de mes revenus, ndlr) mais c’est volontaire. Personne ne m’a jamais rien demandé. Je n’ai aucun problème avec ça. C’est la parole de Dieu", déclare-t-elle.
Perquisitions en mai dernier
Celle-ci estime qu’il faut attendre l’issue de la procédure judiciaire. "Il y a eu beaucoup de mensonges, c’est ça qui interpelle mais après, on sait que la vérité va ressortir à un moment donné que ce soit d’un côté ou de l’autre. La vérité finira par sortir".
Le 21 mai dernier, les locaux de l’église avaient été perquisitionnés par les gendarmes de la Section de recherches de Saint-Denis, tout comme le domicile du pasteur Bruno Picard, qui est donc soupçonné de s’enrichir sur le dos de ses fidèles.
Plusieurs auditions avaient eu lieu et les relevés de banque de l’association récupérés auprès des cadres. En 2018, l’église a perçu plus d’ 1 million d’euros de dons. Des mouvements d’argent qui n’ont rien d’illégal, martèle Bruno Picard.
Re(voir) le reportage de Réunion La 1ère :