Rencontre et balade en charrette bœufs avec Sandy Faconnier, le charretier de Saint-Pierre

Sandy Façonnier, le dernier charretier à conduire un double attelage de taureaux à La Réunion.
A l’approche des journées du patrimoine les 18 et 19 septembre, coup de projecteur sur la charrette bœuf. De plus en plus rare à La Réunion, elle a rythmé l’histoire de la canne à sucre, à La Réunion. Rencontre avec Sandy Faconnier, l’un de ses fervents défenseurs.

Aux pieds des montagnes, dans des champs de cannes fraîchement coupées, des visiteurs à la nonchalance apparente, sont en pause ravitaillement. Bambi, 10 ans, est le costaud insouciant. Ti Gris, 13 ans, c’est l’ancien, toujours vigoureux. Tous les matins, Sandy Faconnier les attèle pour prendre la direction les champs voisins. La mission est double : s’approvisionner en paille et profiter du déplacement, pour une séance de musculation particulière.

Des bœufs avec une bonne condition physique

"Ce sont des bœufs d’attelage et non d’élevage, ils ont besoin d’une condition physique pour ne pas être trop essouffler, explique Sandy Faconnier, charretier à Saint-Pierre. C’est comme un sportif, s’il ne court pas, il ne peut pas exercer sa passion".

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

 

Un savoir-faire à conserver

Sandy Faconnier est le dernier charretier à conduire un double attelage de taureaux à La Réunion. Sur sa charrette, pas de freinage ABS, pas de direction assistée, pas de caméra de recul. Juste au son de sa voix, il manœuvre Bambi et Ti Gris, deux masses de 900 kilos, avec une impressionnante facilité et une précision qui force le respect.

"C’est un savoir-faire qui est compliqué quand on ne connaît pas, reconnaît Sandy Faconnier. Mais quand on le maîtrise, c’est un plaisir. J’ai appris avec mon grand-père dann bitatsyion ek li, au lieu d’aller au centre aéré".  

Sandy Façonnier, un défenseur du patrimoine qui dit avoir tout appris avec son grand-père.

 

L’héritage de son grand-père

La charrette bœuf est de plus en plus rare sur nos routes depuis l’apparition des camionnettes et des tracteurs. Pourtant, elle a rythmé l’histoire de la canne à sucre. D’abord en bois, puis en tôle, elle était tractée par ces fameux bèfs mokas.

S’il s’est réellement lancé dans l’attelage en 2006, Sandy est fasciné par cet univers depuis sa tendre enfance. "Mon grand-père se levait à 5 heures du matin pour emmener la canne à la balance de Pierrefonds, je le voyais partir comme ça gran matin, se souvient Sandy. Vers 8 heures du matin, il faisait une deuxième voyage avec un nouveau chargement et là je descendais avec lui".

Sandy Façonnier, le dernier charretier à conduire un double attelage de taureaux à La Réunion.

 

Un patrimoine encore vivant

Suivre les pas Roland Panthaléon, une fierté pour le Saint-Pierrois de 38 ans qui estime avoir tout appris de son grand-père. "J’ai tout appris avec lui dans ma jeunesse et jusqu’à ce qu’il parte, aujourd’hui je garde son patrimoine vivant et le souvenir de ce que j’ai vécu avec lui", raconte Sandy avec émotion.  

Aujourd’hui dresseur, éleveur et guide, Sandy Faconnier incarne une certaine idée de La Réunion. Un patrimoine vivant dans son cœur et dans ses souvenirs, qu’il aspire à partager et à transmettre pour que l’histoire de notre île ne s’efface pas sur le chemin de l’oubli.  

Sandy Façonnier, défenseur du patrimoine qui dit avoir tout appris avec son grand-père.