Le concept existe dans l'Hexagone depuis 2018 et a déjà été déployé dans plus de 40 villes, mais c'est la première fois qu'une telle action était organisée à La Réunion ou dans les outre-mers : se mobiliser pour recenser les sans-abris de la ville, mais aussi discuter avec eux pour mieux connaître leur profil et ainsi ajuster les politiques publiques en terme d'accompagnement, d'hébergement, ou d'alimentation.
A l'initiative du CCAS de Saint-Pierre, l'opération a réuni près de 300 personnes, qui ont bénéficié en amont, il y a quelques jours, d'une formation pour mieux savoir comment aller vers les sans-abris rencontrés.
Des équipes dans 52 secteurs de la ville
Des équipes ont été formées pour aller dans 52 secteurs de la ville, avec de la nourriture et de l'eau mais aussi une questionnaire pré-établi, adressé au personnes sans hébergement.
"Dans chacun des 52 secteurs, il y avait un chef d'équipe qui a soit déjà participé à une Nuit de la Solidarité, soit travaille dans le social, et qui pouvait prendre des décisions", précise Chloé Duffy, chargée de mission au Centre communal d'action sociale (CCAS) de Saint-Pierre et qui a porté ce projet.
Travailler avec le maximum de partenaires
Toute la soirée, les pompiers, la police nationale, et différents travailleurs sociaux étaient présents sur le terrain pour répondre aux différentes demandes. "Travailler avec le maximum de partenaires est central pour la lutte contre l'exclusion. Les solutions devront d'ailleurs être proposées par l'ensemble des partenaires pour améliorer la situation de ces personnes", achève-t-elle.
Sur le front de mer de Saint-Pierre, Damien, 20 ans
L'équipe 12, couvrant le secteur du front de mer de Saint-Pierre, un endroit assez fréquenté pour être en sécurité quand on est à la rue, a fait la rencontre de Damien, 20 ans. Ce tout jeune sans-abri demeure sur le front de mer saint-pierrois la nuit, et dans le centre-ville la journée. Il est "dehors" depuis ses 17 ans.
"La journée lé longue, i pass pa du tout. Et quand tu essaies de te débrouiller comme tu peux ça t'envoie sur des mauvais chemins... Avoir un gros casier judiciaire à 20 ans, c'est pas l'idéal, mais ce que j'ai fait je l'ai fait pour survivre", raconte-t-il.
Si aucune solution concrète ne lui sera apportée ce soir, il aura reçu, comme tous les autres sans-abris recontrés ce soir, un sandwich, mais aussi de l'attention, quelques échanges, et l'espoir peut-être d'un avenir plus rose.
"Apporter une aide vraiment concrète c'est formidable"
Clément, 21 ans, faisait quant à lui partie de cette équipe de maraude sur le front de mer. S'il sait qu'il a envie de travailler dans le social, cette Nuit de la Solidarité a conforté sa vocation. "J'ai pu expérimenter ce qu'était le milieu social, et là c'est ma première action. Pouvoir apporter une aide vraiment concrète c'est formidable", sourit-il.
Un diagnostic établi
Grâce au travail des 300 bénévoles réunis, un diagnostic a pu être établi. Il permettra aux institutions d'adapter leurs actions, mais ira aussi alimenter la base de données nationale de la "Nuit de la Solidarité", gérée par l'INSEE et qui regroupe 43 villes de France.