Le chou à 3 euros, 10 euros le kilo de poivrons, 6 euros le kilo de grosses tomates, même prix pour le kilo de chouchou... Au marché forain de Saint-Marie ce samedi matin, les clients ont connu mieux, niveau prix. Mais ils ont surtout connu pire. 3,80 euros le kilo de petites tomates, chez ce maraîcher. Jusqu'à 4 euros chez d'autres.
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Pour ce client, peu importe, il s'en contentera car il faut bien que les bazardiers travaillent, considère-t-il. "Je n'ai même pas regardé les prix. Ce monsieur me plaisait bien, les tomates étaient jolies donc c'est bon. Il faut qu'ils soient rémunérés à leur juste valeur", dit-il.
"Trop cher", "ça peut aller" : chacun son ressenti
A un autre endroit, la tomate plein champ se vend à 2,50 euro. Déjà "trop cher" selon une cliente. "On en a besoin on prend. C'est pour la semaine, on fait avec", dit-elle. "Ça peut aller. C'est une saison où les légumes lé un peu cher. I faut manger sak nena", considère un autre client. "La tomate le prix lé encore raisonnable, mem les oignons aussi !", se satisfait une dame. Finalement, pour l'instant chacun voit midi à sa porte et considère les prix au regard de son propre budget.
Des clients compréhensifs
D'autres, au vu des contraintes climatiques actuelles, se montrent compréhensifs. "Mem si lé cher, ou na poin le choix. La ou voi vraiment la catastrophe que la eu La Réunion. Nou lé obligé fé avec, lé pa la faute des vendeurs ni des planteurs non plus !", raconte ce client. Même refrain chez un autre : "On comprend très bien que les prix augmentent, parce que les agriculteurs doivent en prendre plein la tête aussi. Si on peut consommer local tant mieux, le cas contraire on sera obligés d'acheter de la production extérieure".
Des productions stockées avant le cyclone
Globalement, les prix n'ont fait que légèrement augmenter, moins d'une semaine après le passage de Belal. Pour l'instant, les maraîchers tentent d'écouler au maximum leur production d'avant-cyclone. Car, prévoyants, ils avaient ramassé leur production avant que le temps ne se gâte.
Augmentation prévue dans une semaine ou deux
Mais d'ici une semaine ou deux, les tarifs vont bel et bien flamber, car les quantités vont à coup sûr baisser, le temps que les maraîchers replantent et récoltent à nouveau les brèdes, salades, tomates... Tous ces produits qui ont été les plus impactés par les vents violets et pluies diluviennes.
Daniel Clain, producteur, vend ses bananes ce samedi matin à 2 euros les huit. Pour l'instant, le prix reste stable sur ces fruits récoltés avant le passage de Belal. Mais l'agriculteur avertit : "Le prix va changer, peut-être pas la semaine prochaine, mais la semaine d'après. Ça va doubler pratiquement". Et pour cause, il dit avoir vu toute sa plantation détruite lors du cyclone. "Lé aplati, na pu rien, lé comme si bombe nucléaire la éclaté !", annonce-t-il.
"Tant que i gagne fé plaisir i fé"
Rodrigue Robert, lui aussi producteur et vendeur, n'a pas encore répercuté de hausse sur ces légumes sur le marché forain de Sainte-Marie ce samedi. "Mais d'ici 15 jours ça va augmenter", dit-il lui aussi, puisque pour l'instant il vend ce qu'il a pu récolter et stocker avant le cyclone. Soit les tomates et les gros légumes. Mais pour les brèdes et salades, plus fragiles, le peu restant se vend déjà plus cher.
"Tant que i gagne fé plaisir i fé. Mais la semaine prochaine sera un peu plus dur. Dans le champ na pu rien, la perde toute. Faut recommencer à zéro, replanter, repiquer, et on verra d'ici deux trois mois, s'il n'y a pas d'autres cyclones entre temps. Jusqu'au mois de mars nou lé pas à l'abri"
Rodrigue Robert, planteur
"Ou croi cyclone i fouille la ter ?"
Yvrin, 78 ans, est venu faire son marché avec son petit budget de retraité. Lui est plus sceptique en voyant certaines augmentations qui, selon lui, ne seraient pas justifiées. "Kan un planteur i di a moin li na pu rien, la mi croi li. Le vent la déracine toute. Mais sak i pousse dessous ? Ou croi cyclone i fouille la ter ?", estime le gramoune qui se contentera de "deux trois gousses l'ail, si le prix lé bon deu ti tomates". Finalement, il ressortira ce matin du marché forain avec un concombre, un bon kilo d'oignons, un morceau de gingembre... pour 14 euros.