En ces tout premiers jours de campagne sucrière - débutée en retard vendredi dernier le 4 août - des tensions se font déjà sentir entre les planteurs et le Centre technique interprofessionnel de la canne (CTICS).
Regarder le reportage de Réunion La 1ère :
Le syndicat Unis pour nos agriculteurs (UPNA) rassemblait ses adhérents ce lundi 7 août à la balance cannes de Ravine Glissante à Sainte-Rose, afin d'évoquer la fermeture du laboratoire d'analyse de cannes de ce site, par manque de personnel.
Pas question d'envoyer les échantillons à Beaufonds
Car les planteurs ont appris, en fin de semaine dernière, la fermeture du laboratoire d'analyse de Ravine Glissante, et donc l'envoi de leurs cannes vers le laboratoire de Beaufonds. Pour Dominique Clain, président de l'UPNA, pas question de voir leurs échantillons de cannes partir à une vingtaine de kilomètres, alors qu'ils étaient jusqu'ici pris en charge sur place.
Une canne qui perd de sa teneur en sucre au fil des heures
SI les planteurs sont aussi remontés contre ce changement, c'est qu'il risque de les pénaliser. "Si l'échantillon reste 1 ou 2 heures au soleil, la canne perd de sa teneur en sucre", souligne Dominique Clain. Or, la fixation du prix de la tonne de canne dépend de sa richesse saccharine, soit de sa teneur en sucre. En résumé, plus l'échantillon de canne tarderait à être analysé, moins cher les planteurs seraient rémunérés, soutient le syndicat.
"Pas confiance" au CTICS
D'autant que les planteurs, explique Dominique Clain, ne feraient "pas confiance" au CTICS, chargé de cette analyse, et disent préférer avoir un visu sur les manipulations effectuées sur leurs cannes.
La cotisation volontaire obligatoire augmentée
"On a un laboratoire en place, on ne voit pas pourquoi le supprimer", souligne Dominique Clain, pointant du doigt l'augmentation récente de la cotisation volontaire obligatoire au CTICS.
"Ils viennent d'augmenter la cotisation volontaire obligatoire de 45 centimes côté planteurs, et 45 centimes côté Tereos, soit environ 1,3 million euros, et on ne peut pas embaucher deux personnes supplémentaires pour le labo de la Ravine Glissante ?"
Dominique Clain, président de l'UPNA
Le véhicule du CTICS bloqué ce lundi matin
Dès samedi, le syndicat menaçait d'un blocage de la plateforme de réception de cannes de la Ravine Glissante. Finalement, ce lundi 7 août, si les prélèvements ont pu se faire normalement, les échantillons ont été empêchés de partir vers le laboratoire de Beaufonds : les véhicules des planteurs ont bloqué l'entrée du laboratoire du CTICS à Ravine Glissante, dans l'attente d'explications.
Des explications du CTICS
A la mi-journée, quelques agriculteurs ont pu rencontrer la directrice du Centre technique interprofesssionnel de la canne et du sucre.
Cette dernière a expliqué en détail le protocole qui sera appliqué pour l'échantillonnage et le calcul de la richesse de chaque chargement. Chaque planteur a reçu un livret pédagogique leur précisant le nouveau fonctionnement des analyses du CTICS.
La garantie d'une "analyse en toute sécurité"
Nadège Guilbaut, directrice du CTICS souhaitait ainsi "rassurer" les planteurs. "On a décidé de transférer, uniquement deux après-midi par semaine, les échantillons réalisés sur laboratoire de Ravine Glissante vers Beaufonds pour avoir une meilleure gestion et garantir une analyse en toute sécurité", dit-elle, soulignant qu'il y a de toute façon un "délai de traitement de 6 heures entre le moment où on prend l'échantillon au niveau de la sonde et l'analyse finale".
Aussi, les échantillons de cannes sont acheminés, dit Nadège Guilbaut, par "fourgons sécurisés équipés de GPS" pour permettre de vérifier que les délais sont tenus.
L'UPNA pas convaincue pour autant
Ces explications ont eu pour effet, en début d'après-midi, de mettre fin au mouvement de mécontentement à la Ravine Glissante ce lundi, bien que parmi les planteurs, les avis soient mitigés. Dominique Clain par exemple, maintenait son désaccord avec les méthodes du CTICS. "Pou moin lé pas convaincant. (...) Zot na qu'à trouver de la main d'oeuvre ou moderniser zot affer pou travailler", achevait le président de l'UPNA.