Ce mardi matin, ils sont cinq jeunes à frotter, décaper et laver les sols des parties communes de cet immeuble de la SEMADER à Sainte-Suzanne. Des jeunes de la commune âgés de 16 à 25 ans, en situation de précarité, et souffrant parfois de problèmes d'addiction, à qui on a proposé d'intégrer le dispositif TAPAJ, pour "travail alternatif payé à la journée".
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Une convention partenariale entre la SEMADER, Sainte-Suzanne et TAPAJ
Une convention partenariale a été signée il y a quelques jours entre la SEMADER, le CSAPA (Centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie) Est et la Mission locale Est, porteurs du dispositif TAPAJ, BAC Réunion en tant qu'employeur, et la ville de Sainte-Suzanne, qui finance en partie le projet via son dispositif ATFPB du Contrat de ville.
Chasser l'oisiveté
Mais cette activité professionnelle payée à la journée n'est pas le seul avantage proposé par Tapaj : le dispositif permet à ces jeunes de bénéficier d'un accompagnement global, médico-psycho-social, pour lutter contre leurs conduites addictives, et en même temps leur permettre une immersion dans le milieu professionnel. "On les accompagne en termes de lutte contre la précarité et contre leurs addictions", explique Jean-Pierre Lacharmante, éducateur à la Mission locale Est, présent ce matin pour les encadrer. L'idée : que ces jeunes aient des alternatives à cette oisiveté qui souvent les conduit aux addictions ou à la délinquance.
Des tâches payées à la journée
Au programme, des tâches non seulement qui ne les engagent pas sur la durée puisque payées à la journée, mais aussi qui ne nécessitent pas de qualification ou d'expérience professionnelle particulière. Les bailleurs sociaux comme la SEMADER font partie des entrepreneurs qui investissent le plus dans le programme TAPAJ. C'est le fonds social européen qui finance en grande partie le dispositif, qui propose une rémunération de 5 euros de l'heure dans un premier temps, puis progressivement à 10 euros de l'heure, 4 heures par semaine, dans le cas d'activités comme le nettoyage des parties communes de la SEMADER.
Ce chantier TAPAJ devrait durer six à sept mois.
"On est plus autonome, on a moins le temps de toucher aux drogues"
"On va travailler en tant qu'agent d'entretien et ouvrier paysagiste. Ce qui me plaît c'est qu'on est pas au même endroit à chaque fois, on n'est pas dans un bureau, et quand on nettoie un endroit il devient plus beau, et ça ça me satisfait", explique Evan, qui lutte ainsi contre une "petite addiction". Les bénéfices de Tapaj, il les entrevoit déjà : "On est plus autonome, et on a moins le temps de toucher aux drogues".
Ylan, 16 ans, avait lui aussi un problème de consommation de tabac et de drogues, qui a diminué avec TAPAJ. "Ma la arret' l'école en 3ème, pou rod un travay et la propoz a moin TAPAJ", dit-il. Ces travaux à la journée l'occupent et lui offrent une petite rémunération qui le satisfait. "Je donne à ma mère et j'achète deux ou trois trucs pour moi", explique Ylan.
"On les empêche de tomber dans la délinquance ou la violence"
Les habitants de la cité SEMADER y trouvent aussi leur compte. Jules par exemple, côtoie ces jeunes tous les jours. "C'est un bon dispositif pour nos jeunes sur Sainte-Suzanne. Il y a des jeunes qui n'ont pas cette chance-là de gagner un argent de poche à la fin de la matinée, ils ont tendance à aller voler ou vendre du zamal, là on les empêche de tomber dans la délinquance ou la violence", commente-t-il.