Sakifo 2020 : trois protocoles sanitaires pour un maintien

Le dossier détaillant le protocole sanitaire prévu par les organisateurs du Sakifo est étudié en préfecture ce lundi 12 octobre. Prévu de se tenir en mai, le festival a déjà été reporté deux fois. À un mois de l’échéance, les organisateurs espèrent avoir une réponse rapide. 
Les organisateurs du Sakifo vont défendre ce lundi 12 octobre les protocoles sanitaires qu’ils proposent pour l’édition 2020 du festival, qui doit se dérouler du 13 au 15 novembre. Jérôme Galabert, le patron du festival explique qu’ils travaillent sur différents scénarios pour maintenir le festival depuis le mois de juin. Mais les enjeux de cette édition bien particulière dépassent le sauvetage financier de la production. 
  

“Une édition de sauvetage, de résistance”

Pour la société, que le festival ait lieu ou pas, ça ne change plus grand chose”. Selon Jérôme Galabert, la société Sakifo pourra “probablement” survivre à une annulation complète du festival. “On peut survivre en s’endettant”, admet-t-il. Si l’organisation tient coûte que coûte à organiser les festivités, c’est avant tout pour le milieu de la culture, durement touché par la crise sanitaire. 
 
Entre annulations de concerts et incertitudes face à l’évolution de la crise sanitaire, “les artistes aujourd’hui sont dans une détresse énorme”, annonce Jérôme Galabert. La majorité de leurs revenus provient en effet des spectacles et des droits qu’ils génèrent.
 

Si on arrive à faire le festival, on va générer un volume financier qui essentiellement va ruisseler sur les artistes mais aussi sur tous les gens qui travaillent à l’intérieur et autour du festival.

Jérôme Galabert, patron du Sakifo



Maintenir le Sakifo, même dans une configuration lointaine des éditions précédentes, où 30 000 spectateurs étaient attendus semble important pour la survie du monde de la culture : “Ce qu’on peut essayer de faire, c’est quelque chose qui soit un acte militant pour reprendre un peu notre destin en main”. 
  

Trois scénarios à l’étude 

Pour avoir un maximum de chances de maintenir le festival, les organisateurs ont prévu trois scénarios. “On est sur un site configuré pour 10 000 personnes”, détaille Jérôme Galabert. Il estime qu’il est probable que la limitation des rassemblements à 5 000 personnes, qui devrait être levée fin octobre, soit prolongée jusque fin mars 2021. Il a donc choisi d'accueillir 5 000 personnes dans le meilleur des cas pour garantir un protocole sanitaire très strict.

 Le premier scénario proposé place 4 000 festivaliers dans la fosse et 1 000 personnes dans les gradins, pour un total de 5 000 festivaliers sur le site. Le deuxième prévoit 4 compartiments de 500 personnes dans la fosse et 1 000 personnes assises dans les gradins, soit un total de 3 000 festivaliers.

Les organisateurs estiment qu’il est important de proposer des options pour assister aux concerts debout.

On milite pour le retour du debout, parce que je rappelle qu’on est en extérieur, qu’il y a énormément de mesures de sécurité, bien plus que dans n’importe quelle grande surface de l’île.

Jérôme Galabert, patron du Sakifo



Ils ont toutefois prévu un dernier scénario, dans lequel tout le monde serait assis, mais avec 2 000 spectateurs maximum. 1 000 personnes serait donc assises dans la fosse et 1 000 autres dans les gradins. Quel que soit le scénario, des caméras thermiques seraient disposées à l’entrée du site pour prendre la température des festivaliers.

Les zones de restauration seront aménagées de sorte que la circulation ne se fasse que dans un seul sens. Le port du masque serait obligatoire sur tout le site, à l’exception des espaces de détente et de restauration.

Côté logistique, le festival prévoit deux scènes face au public, qui jouent en alternance, pour éviter l’attente entre chaque concert et limiter les flux de circulation. “On ne pourra pas passer d’une scène à une autre comme on en a l’habitude.
  

De lourds enjeux autour de cette décision 

Le dossier doit être discuté ce 12 octobre à la sous-préfecture de Saint-Pierre. Jérôme Galabert espère obtenir une réponse rapidement quant à la tenue du festival. Mais le préfet a jusqu’à 15 jours avant l’événement pour dire s’il est autorisé ou non et “48 heures avant la manifestation, le préfet peut encore l’interdire”. 

Dans tous les cas, “la grande difficulté pour nous, selon les formats, va être d’annoncer à certains artistes qu’on ne pourra pas les maintenir”, précise Jérôme Galabert. Dans une configuration classique, le festival accueille une cinquantaine de groupes. Mais pour cette édition, seuls 18 groupes pourraient se produire : “ce qu’on avait en une journée on va l’avoir sur trois jours”. 
  

IAM confirmé

La tête d’affiche, IAM, a déjà confirmé sa venue peu importe la configuration choisie pour le festival. Jérôme Galabert souhaite ensuite maintenir au maximum la programmation locale mais aussi une partie de la programmation sud-africaine. Mais comme les lignes directes entre Johannesbourg et La Réunion n’ont pas encore repris, ces artistes devront transiter par Paris.

Il justifie cette volonté par le fort engagement du Sakifo dans cette région, mais aussi le fait que les artistes sud-africains bénéficient de très peu d’aides financières. Sur les 18 potentiels groupes, il espère en avoir au moins la moitié de locaux.
 
Si le festival arrive à se tenir, Jérôme Galabert estime qu’“il faut faire confiance à la population. C’est le choix qui a été fait jusque maintenant dans tous les autres domaines.”