Salon de l’Agriculture 2025 : le rhum péi s’expose, fleuron de l’industrie et problème de santé publique à La Réunion

Le rhum péi, 3ème produit le plus exporté de La Réunion, sera au Salon de l’Agriculture de Paris. Une richesse locale qui fait cependant débat, tant il peut faire des ravages sur la société. Fleuron de l’industrie réunionnaise, l’alcool est aussi lié à plus de 10% des décès à La Réunion.

Industrie ancestrale à La Réunion, la fabrication du rhum est aujourd’hui innovante et se positionne à l’export. L’alcool est devenu le 3ème produit le plus exporté du département.

Du 22 février au 2 mars, La Réunion des Rhums participera pour la 3ème année consécutive au Salon International de l’Agriculture, à Paris. Le syndicat de producteurs a obtenu 11 médailles l’an passé au concours général agricole.

  

Un fleuron local , mais aussi un problème de santé publique

Une réussite qui dépend en revanche de la santé de la filère canne à La Réunion. Plus cette dernière rencontre des difficultés, comme c’est le cas depuis 3 ans, plus la filière rhum s’inquiète pour son avenir.

Pour l’heure, le rhum péi s’exporte, mais il est aussi très consommé localement. Véritable problème de santé publique et de violences, l’alcool est en cause dans plus de 10% des décès à La Réunion et engendre des problèmes de santé. Une proportion largement supérieure à la moyenne nationale, à 7%.

  

Accompagner les personnes qui surconsomment

Une réalité dont les producteurs d’alcool se disent " particulièrement conscients et concernés ". " L’alcool n’est pas un produit anodin, c’est produit qui nécessite une consommation raisonnable et raisonnée, ce que font la plupart des consommateurs à La Réunion ", explique Emilie Marty. La secrétaire générale de La Réunion des Rhums ajoute : " malheureusement, il existe une petite frange de la population à La Réunion qui surconsomme et qui met sa santé en danger ".

Elle estime qu’il faut essayer de trouver des moyens pour accompagner ce public spécifique, ce qui est le rôle des professionnels de santé, à savoir les addictologues et les associations sur le terrain, " qui font un super travail d’accompagnement au jour le jour ".

  

Les associations mobilisées au quotidien

L’association Les maillons de l’espoir lutte contre le fléau de l’alcoolisme à La Réunion. Nadège Mansard anime des ateliers de prévention pour l’association. Elle constate que les alcools les plus consommés dans l’île sont le rhum, la bière puis le vin.

A la proposition de taxer davantage l’alcool, elle répond : " est-ce vraiment la solution quand on voit que les cigarettes n’arrêtent pas d’augmenter, et que le problème de la consommation est plus profond que ça ? ".

Elle prône davantage l’accompagnement et le soutien des personnes qui " sont en mal-être et se noient dans cette bouteille de rhum ".  

 

Les taxes réduites pour les alcools locaux font polémique

Si le taux de mortalité est proportionnellement plus élevé à La Réunion, le nombre de buveurs chroniques est en revanche moindre. Ainsi 10% de la population consommerait 70% de l’alcool vendu. Le tarif plus attractif d’un alcool plus fort inciterait les consommateurs à s’orienter davantage vers le rhum que le vin.

La question des dérogations de taxes sur les rhums produits localement a fait polémique. En effet, les rhums produits à La Réunion bénéficient d’une taxation très avantageuse, ce que dénoncent les addictologues.

Pour la filière, l’aide est jugée indispensable. La filière rhum dans l’île est constituée de " petites PME locales ", explique Emilie Marty, qui seraient " les première victimes " d’une augmentation des taxes " parce qu’elles n’ont pas les reins aussi solides que des groupes internationaux ".

Tous les ans, l’alcoolisme est responsable de 230 décès à La Réunion. Pour la fédération régionale d’addictologie, il faut aligner les taxes des alcools produits localement sur les produits importés. " Cela permettrait de sauver 80 vies chaque année ", estime-t-elle.