En janvier 2023, la justice a condamné deux filiales du groupe pharmaceutique Urgo à une amende de 6,6 millions d’euros pour avoir offert indûment 55 millions de cadeaux (bijoux, champagne,etc.) à plus de 8 000 pharmaciens du pays entre 2015 et 2021.
Et La Réunion est également concernée par cette pratique illégale, indiquent ce vendredi 8 décembre les parquets de Saint-Denis et de Saint-Pierre.
Plus d'un million d'euros de cadeaux
Selon les deux autorités judiciaires, plus d’une centaine de pharmaciens de La Réunion auraient accepté des cadeaux, sans les déclarer, pour un montant global estimé à plus d’un million d’euros, en totale violation de la loi dite "anti-cadeaux" en vigueur depuis 1993.
Les parquets du Nord et du Sud de l'île doivent décider des suites à donner sur le plan judiciaire et travaillent pour cela "en étroite collaboration" avec le pôle Concurrence, Consommation et Répression des Fraudes de la DEETS, la Direction régionale de l’Économie, de l’Emploi, du Travail et des Solidarités.
Quelles sanctions pour les pharmaciens concernés ?
Car le fait d’accepter des cadeaux, afin ici de privilégier un médicament ou un fabriquant, est également passible de sanctions. Alors quelles sont justement les sanctions qui pourraient être prononcées à l'encontre de ces pharmaciens réunionnais ?
Les procureurs de Saint-Pierre et de Saint-Denis indiquent qu'elles pourront prendre la forme d'une "alternative aux poursuites" ou encore d'une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (couramment appelée "plaider-coupable").
"A défaut de reconnaissance des faits", les pharmaciens concernés pourraient tout aussi bien être convoqués devant le tribunal correctionnel, préviennent encore les représentants du Ministère public.
Des cadeaux pouvant valoir plusieurs dizaines de milliers d'euros
Les deux parquets de l'île rappellent que la loi "anti-cadeaux" a pour objectif "de répondre à un impératif d’ordre sanitaire et de préserver l’indépendance des professions de santé" et que la stratégie commerciale du groupe Urgo et ses pratiques opaques de distribution de cadeaux allaient clairement à l’encontre de cet objectif.
Dans les cas les plus graves, la valeur des cadeaux a pu représenter plusieurs dizaines de milliers d’euros.