Scandale du Mediator : ouverture du procès en appel, près de 200 victimes réunionnaises représentées

Le procès en appel du scandale du Mediator s'ouvre ce lundi 9 janvier à Paris. Près de 200 victimes réunionnaises sont représentées. En première instance, les laboratoires Servier avaient été reconnus coupables de tromperie aggravée et d'homicides et blessures involontaires.

Près de 200 victimes réunionnaises se sont constituées partie civile. Le procès en appel du scandale du Mediator s'ouvre ce lundi 9 janvier à Paris.

"Je n’arrive plus à rien faire, je suis une épave, j’ai pris le médiator pendant 15 ans, on m’a dit que c’était pour le diabète, raconte une des victimes réunionnaises. Je suis malade, j’ai des problèmes de cœur, je suis à bout, je ne fais plus rien, pourtant je gagnais ma vie convenablement".

Regardez l'interview de Me Alain Antoine : 

Interview Me Alain Antoine sur le procès Médiator

Servier condamnés en première instance

En septembre 2019, les laboratoires Servier avaient été condamnés en première instance. Ils ont été reconnus coupables de tromperie aggravée et d'homicides et blessures involontaires. En revanche, ils ont été relaxés du chef d'escroquerie.

Largement prescrit à La Réunion

Ce scandale sanitaire a fait des milliers de victimes et un peu moins de 200 à La Réunion. "Mais je peux vous assurer qu’il y a eu beaucoup plus de victimes que ces 200 personnes, affirme leur avocat, Maître Alain Antoine, avocat du collectif "Mediator Réunion". A La Réunion, le médiator a été largement prescrit, beaucoup de gens l’ont utilisé et beaucoup en sont morts. Les victimes réunionnaises se comptent en plusieurs milliers de personnes".

"On connait le problème du sucre à La Réunion et le lobby du sucre, le problème de l’obésité, celui du diabète, La Réunion était un terrain très fertile pour le groupe Servier", ajoute-t-il.

"Un réseau organisé" et un scandale sanitaire

Le Médiator est un antidiabétique, prescrit comme coupe-faim, et qui a entraîné de graves effets secondaires sur des milliers de patients, parfois jusqu'à la mort.

"Les laboratoires Servier savaient que ce produit était mortel mais ils l’ont mis sur le marché, assure Maître Alain Antoine. Plus grave encore, les laboratoires Servier ont été adoubés par l’Etat et même par l’agence du médicament, qui a aussi donné son autorisation de mise sur le marché de ce médicament mortel. C’est une espèce de réseau organisé qui a atteint les plus hauts services de l’Etat, c’est pourquoi on peut parler de scandale sanitaire. Servier a fait le casse du siècle, et il appartient à la justice de dire "fin de la récréation, stop, maintenant il faut des sanctions pénales lourdes"".  

Retiré du marché français en 2009

En France, l'Agence de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps, devenue ANSM) recommande de ne plus le prescrire comme coupe-faim en 2007. Il faudra attendre 2009 pour que le Mediator soit retiré du marché français, après avoir été prescrit à environ cinq millions de personnes.

En 2011, les victimes de l’île s’étaient regroupées en un collectif "Mediator Réunion", porté par Chantal Ethève. Maître Alain Antoine se saisissait de l’affaire. En 2012, il demandait que des expertises soient réalisées à La Réunion. En 2016 et 2017, les membres du collectif "Mediator Réunion" font entendre leur voix pour obtenir réparation avec la condamnation des Laboratoires Servier.

Le procès en appel et les débats devraient durer à minima six mois.