Ce lundi 18 novembre 2024 a débuté la 28ème Semaine européenne pour l'emploi des personnes en situation de handicap, autour du thème "Handicap et parcours professionnel : comment assurer une véritable égalité des chances ?".
Invité dans la matinale de Réunion La 1ère ce lundi, le directeur de CAP Emploi Jean-Charles Le Blevec faisait remarquer que les travailleurs handicapés cumulaient plusieurs difficultés.
Des personnes en situation de handicap et peu formées
Majoritairement, il s'agit de seniors, en situation de handicap après un accident de la vie ou une maladie professionnelle.Aussi, ils sont souvent peu qualifiés, éloignés de l'emploi, soulignait Jean-Charles Le Blevec.
"Ils sont moins qualifiés que le tout public, et lors d'une reconversion, ça peut être problématique quand on est sur des projets où il va falloir retourner sur les bancs de l'école ou se former à nouveau. C'est un enjeu fort. Il y a aussi un enjeu sur l'accessibilité à la formation professionnelle des travailleurs handicapés, très important pour leur permettre d'accéder de la bonne manière à la formation pour adultes"
Jean-Charles Le Blevec, directeur de CAP Emploi
Pour lutter contre la désinsertion des personnes en situation de handicap, il s'agit aussi d'adapter l'emploi des personnes au sein de l'entreprise lorsque l'activité professionnelle le permet. C'est le cas par exemple pour Alfred Grondin, aide-soignant à l'Aurar, dans un centre de dialyse de Sainte-Clotilde.
Regarder le reportage de Réunion La 1ère :
Opérations à la hanche et au dos
Dans sa blouse de travail, il accueille chaque jour les patients dialysés, prend leur tension, et les accompagne au long de la journée, sans que son handicap soit visible.
Et pourtant, suite à d'importantes douleurs au dos, l'aide-soignant qui pratique ce métier depuis plus de 30 ans, a été contraint de subir plusieurs opérations, afin de remplacer une de ses vertèbres mais aussi de lui poser deux prothèses de hanche.
Handicap lié à l'usure ?
"L'âge, l'usure, les gestes répétés... je pense que c'est suite à tout ça que les problèmes sont survenus", explique-t-il avec le recul. Ses tâches l'amenaient par exemple à manipuler du matériel lourd à longueur de journée, comme par exemple les poches de dialysat utilisées à l'époque. Aujourd'hui, les systèmes plus modernes ne demandent plus de telles manipulations.
Certains gestes désormais impossibles
De retour de ses opérations chirurgicales, Alfred Grondin n'a pas pu reprendre son activité d'aide-soignant exactement comme avant. Il a d'ailleurs été reconnu comme travailleur handicapé. "Il y a des gestes que je ne peux plus faire", observe-t-il. Impossible pour lui de porter les charges trop lourdes et d'accéder aux objets qui sont au sol, par exemple.
Un poste et un lieu de travail adaptés
La solution est alors venue de son employeur qui a accepté de lui aménager son poste. Ses collègues ont été mis au courant de son handicap, invisible mais bien présent. Ils prennent alors le relais lorsqu'il s'agit de porter des charges trop lourdes ou de se baisser.
"Je suis fier, parce que malgré les opérations que j'ai subies, j'ai pu garder mon poste au travail. Mon handicap on ne le voit pas, mais moi je sais ce que j'ai traversé, et c'est bien de se lever le matin et de pouvoir aller travailler comme tout le monde"
Alfred Grondin, aide-soignant au poste aménagé
Moins de manipulation
Mais surtout, la direction de l'Aurar l'a transféré vers une autre unité nécessitant moins de manutention de patients. Alfred Grondin exerce désormais en unité d'auto-dialyse (UAD).
"Alfred est ici parce qu'il y a là des patients semi-autonomes, qui n'ont pas à être sortis d'un brancard ou quoi que ce soit, contrairement aux centres lourds où les patients qui dialysent ont d'autres pathologies et nécessitent beaucoup de manipulation", justifie Mickaël Salique, coordonateur des centres nord de l'Aurar.
Formation aux bons réflexes
Le coordonateur souligne par ailleurs que les nouveaux aide-soignants qui arrivent aujourd'hui sont déjà "formés à adopter les bonnes postures au travail et à prendre garde à ne pas s'abîmer le dos". Les personnels de générations précédentes eux, bénéficient de formations continues tout au long de l'année pour acquérir eux aussi ces réflexes, et limiter les risques d'être handicapés suite à de mauvais mouvements répétés pendant des années.