Souveraineté alimentaire et transition écologique : la filière fruits et légumes de La Réunion rappelle à l'Etat ses promesses

70 à 75% de la demande en fruits et légumes frais sont couverts par la production péi.
Ce lundi 10 juillet, les représentants de la filière fruits et légumes de La Réunion ont tiré la sonnette d'alarme quant à leur situation, alors que la Première ministre Elisabeth Borne leur avait fait il y a quelques mois des annonces favorables. Mais rien ne se profile à l'horizon.

Ce lundi 10 juillet, l'Association réunionnaise interprofessionnelle des fruits et légumes (Arifel), la Chambre d'agriculture et les syndicats agricoles de l'île étaient réunis à Saint-Denis, afin de faire le point sur la filière à La Réunion. 

Le reportage de Réunion La 1ère : 

Les professionnels font le point sur la filière fruits et légumes

Des promesses de la Première ministre en mai 

Car les professionnels sont inquiets pour l'avenir de la filière fruits et légumes, surtout quand l'objectif est d'atteindre la souveraineté alimentaire. La Première ministre Elisabeth Borne, en visite à La Réunion en mai dernier, avait pourtant promis à la filière un accompagnement pour faire face à la transition écologique tout en assumant une stratégie de progression vers la souveraineté alimentaire

Des premiers arbitrages " pas du tout à la hauteur"

Mais en réalité, les arbitrages du POSEIDOM 2024 (Programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité des départements d'outre-mer) sont peu convaincants en ce qui concerne l'outre-mer font valoir les professionnels qui ont pris la parole ce lundi. 

"On a écrit à madame Borne pour lui dire que les premiers arbitrages qui nous sont remontés ne sont pas du tout à la hauteur de nos attentes en outre-mer", débute Daniel Moreau, président de l'Arifel. 

"On a fait un certain nombre de propositions autour de la souveraineté alimentaire et de la transition agro-écologique, qui ne semblent pas avoir été entendues par les services du ministère de l'Agriculture. On demande à madame Borne de faire les arbitrages qu'il faut pour que l'agriculture fruits et légumes des outre-mers soit accompagnée"

Daniel Moreau, président de l'Arifel

"Ni entendue ni considérée"

Ce que le président de l'Arifel souhaiterait pour la filière, ce sont des mesures pour, par exemple, "avoir des semences à bon prix", "avoir des moyens pour faire face aux maladies", ou encore "un meilleur soutien dans les coopératives". Or, pour l'instant, la filière fruits et légumes ne se sent "ni entendue ni considérée" dit-il. 

L'interview de Daniel Moreau sur Réunion La 1ère :

Souveraineté alimentaire : itw de Daniel Moreau, pdt de l'Arifel

"Il y a une incohérence entre les annonces et les actes"

Le secrétaire général de la Chambre d'agriculture, Olivier Fontaine, se dit quant à lui "déçu" par ce soutien de l'Etat à la filière, insuffisant. 

"Il y a une incohérence entre les annonces et les actes : or à La Réunion, il y a beaucoup d'agriculteurs courageux qui produisent entre 70 et 75% des fruits et légumes frais, ils veulent s'inscrire dans la souveraineté alimentaire. Si on ne les aide pas aujourd'hui, ils vont avoir de grosses difficultés"

Olivier Fontaine, secrétaire général de la Chambre d'agriculture

Le problème majeur, selon lui, est l'explosion du coût des intrants. Mais il y a aussi l'augmentation des charges, les difficultés à trouver de la main d'oeuvre, les aléas climatiques, les problèmes phyto-sanitaires...

"Une décision politique" attendue 

Pour faire face à toutes ces problématiques, la filière fruits et légumes dit pourtant avoir émis des propositions adaptées à La Réunion, dans le cadre de l'amélioration du POSEIDOM. Problème : aucune n'a pour l'instant été retenue. "On a proposé des mesures alternatives comme la production davantage d'intrants locaux", explique Olivier Fontaine, qui espère que des décisions favorables aux agriculteurs ultramarins seront prises lors de la suite des négociations. 

"On écrit à la Première ministre pour lui annoncer notre mécontentement et lui dire que par rapport à ses annonces lors de sa venue, il n'y a rien de concret. (...) L'Etat doit prendre une décision politique et la traduire en actes réels." 

Olivier Fontaine, secrétaire général de la Chambre d'agriculture