Tour auto de La Réunion : l’ancien champion Massoum Dindar nous raconte son histoire

A l’occasion du 50ème Tour auto de La Réunion, nous avons eu la chance de nous entretenir avec une légende de ce sport. Rencontre avec Massoum Dindar, vainqueur du Tour Auto en 1983 et Champion de La Réunion en 1986.
 
Sa moustache en pointe est aussi légendaire que sa carrière. Massoum Dindar, ancien champion automobile, a accepté de nous raconter son expérience de coureur. Pour rappel, le 50ème Tour auto de La Réunion débutera ce vendredi depuis la place du 20 décembre, à Saint-Denis. 3 jours de rallye sont prévus entre le 26 et le 28 juillet.

Comment cette aventure a-t-elle commencé et comment est née cette passion chez vous ?

A 18 ans, j’ai décroché mon permis automobile. Mon père était alors importateur de la marque Opel, Chevrolet et Cadillac. Grâce à l’ancien président de l’ASAR, Serge Morel, c’était la première fois qu’on faisait venir des invités de la métropole. Il s’agissait de la course de 1974. De là, j’ai réalisé mon premier rallye avec Jean Ragnotti sur mon véhicule personnel.

A 18 ans, on ne rêve que d’automobile. Il faut se rappeler qu’à l’époque on n’était que 400 000 habitants. Alors entre jeunes, on s’amusait à rouler en voiture et en moto pendant des après-midi entière. C’est dans ces moments que l’automobile devient une passion.

Quel est votre meilleur souvenir, toutes compétitions confondues ?

J’ai remporté pas mal de rallye mais j’ai un trophée inégal : celui où il fallait gagner trois fois de suite au niveau constructeur. Surtout face à Renault avec ses modèles Alpines qui étaient imbattables à l’époque.

Et votre meilleur souvenir pendant le Tour auto de La Réunion ?

Chaque rallye a une gêne qui le rend unique. Mon but général était de promouvoir ma marque (Opel) en tant que coureur amateur-professionnel. Mais mon meilleur souvenir reste ma victoire en 1983. Pendant des années, je me classais deuxième derrière les métropolitains. J’étais le Poulidor de l’automobile.

Depuis votre retraite, avez-vous formé ou développé des liens particuliers avec des jeunes coureurs ?

Tony Ricquebourg, Gérard Amo… Au départ, c’était des spectateurs devenus des fans de mes rallyes. C’est pareil aujourd’hui avec les nombreux passionnés qui regardent le Tour. D’ailleurs, le conseil que je leur donnais était de savoir se maitriser. Il a fallu aussi faire évoluer les mentalités. Avant, on conduisait la voiture alors qu’aujourd’hui, comme tous les réglages se font par informatique – c’est la voiture qui conduit le pilote.

Au niveau du prix, des sponsors, de la course, d’après vous qu’est-ce qui a changé depuis toutes ces années ?

Pour moi, c’était la bonne époque. On a connu, de 1974 à 2000, le niveau de reconnaissance qu’on souhaitait. Mais à l’époque, sur un rallye promettant 1000 km, les spéciales se déroulaient sur 1000 km. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Êtes-vous toujours actif dans le milieu ?

Aujourd’hui, je me suis retiré de l’automobile. Depuis que le groupe Caillé a racheté mon entreprise, mon intérêt n’est plus professionnel. Mais je reste un passionné : de chez moi, je suis toutes les courses de l’île.

Néanmoins, j’ai fait courir Dominique Lenormand, Tony Ricquebourg... Ce qui est sûr, c’est qu’en automobile, on a été les précurseurs : on avait 60/70 Opel. Aujourd’hui c’est un exercice plus difficile car pour faire courir un pilote, il faut une équipe comprenant des techniciens et plus des mécaniciens comme avant.

Aujourd’hui ça vous manque de concourir ?

Oui beaucoup. Ce serait un rêve de recommencer. Mais il faut laisser la place aux jeunes.

Demain débute le 50ème Tour auto, quels conseils donneriez-vous aux participants qui prendront la ligne de départ ?

Il y a de belles spéciales et la plupart des concurrents sont professionnels. Il faut juste se maîtriser sans aller au-delà de ses limites. Il ne faut pas non plus s’emballer avec les spectateurs car l’adrénaline monte et on veut plus montrer du spectacle que de remporter la course.

Avant de terminer l’interview, Massoum Dindar a souhaité rendre hommage à ses anciens collègues : le président de l’ASAR Serge Morel, Gérard Moque ainsi que ses copilotes Théodore Hoarau, José Hoarau et celui-ci qui a le plus couru à ses côtés, Jean-Marc Garcia.