Trafic de drogues : 140 kilos de zamal et 16 kilos de cocaïne saisis par la douane à La Réunion en 2022

Les saisies douanières à l'aéroport de Gillot
La Réunion fait face à un afflux massif de drogues depuis quelques années. Un trafic dont l'ampleur se devine au fil des saisies réalisées par les autorités et notamment par la douane. En 2022, près de 140 kg de cannabis, 16 kg de cocaïne et 90 000 comprimés d’ecstasy ont été interceptés.

Les chiffres dévoilés par les services douaniers de La Réunion en présence du préfet Jérôme Filippini et de la procureure de Saint-Denis Véronique Denizot ont de quoi donner le tournis.

Les trafics de drogues explosent à La Réunion. Et le mot est faible. En 2022,137 kilos de cannabis ont été saisis, ce qui représentent une augmentation de 384 % par rapport à 2021 ! De même, 16 kilos de cocaïne ont été interceptés, soit +274 % par rapport à l'année précédente. Et enfin, quelques 90 000 comprimés d’ecstasy ont également été saisis.

Saisie de résine de cannabis réalisée par la douane de La Réunion

Une tendance à la hausse qui se confirme en 2023

La tendance à la hausse se confirme pour 2023 : depuis le début de l'année, ce sont ainsi déjà 47 kilos de résine de cannabis, 4,7 kilos de cocaïne, 2 kilos de MDMA et 18 300 comprimés d'ecstasy qui ont été saisis par les douaniers.

Cette année, les infractions à la législation sur les stupéfiants ont augmenté de 95 % (comparaison des faits commis entre les 5 premiers mois de l’année 2022 et les 5 premiers mois de l’année 2023).

Les trafiquants de drogue rivalisent parfois d'ingéniosité dans l'espoir de passer entre les mailles des filets de la douane...

Des trafiquants ingénieux

Et les trafiquants redoublent d'ingéniosité pour dissimuler la drogue qu'ils font venir à La Réunion. Le responsable du pôle Fret et Commerces de l'aéroport évoque par exemple les "petits mots d'amour envoyés pour légitimer l'envoi d'un colis". Des stratagèmes connus qui ne passent plus aussi facilement.

"L'autre fois, c'est de la kétamine liquide, un anesthésiant pour cheval, qu'on a retrouvée dans une bouteille de vin", confie-t-il encore.

De la drogue cachée dans les parties intimes...

Le commandant de la brigade des douanes s'inquiète, lui, de la muliplication des mules, ces personnes payées par les trafiquants pour transporter la drogue entre l'Hexagone et La Réunion.

"Un passeur, quand il a de la cocaine sur lui, il peut l'ingérer, l'insérer dans une partie naturelle, ou la glisser dans ses valises. Certains avalent parfois plusieurs ovules de 10 grammes", indique l'officier.

Un scanner de conteneurs attendu au Port

Les douanes entendent bien répondre à l'ingéniosité des trafiquants. Le préfet Jérôme Fillipini l'a d'ailleurs indiqué : pour essayer de décourager les importation illicites par voie maritime, La Réunion sera dotée, l’an prochain, d’un scanner de conteneurs, au Port.

Face au phénomène, la justice se montre très ferme, comme le rappelle la procureure Denizot. "Les risques justidicaires encoures, c'est dix ans de prison, une peine lourde quel que soit l'âge ou les personnalités éventuellement "attachantes" des prévenues féminines comparaissant à la barre", souligne la représentante du parquet.

Le préfet Jérôme Filippini et la procureure Véronique Denizot aux côtés des douaniers à l'aéroport de Gillot

Augmentation des procédures

"Les représentants de la loi n'ont pas faibli et ont condamné lourdement les mules dans l'idée de dissuader, de donner des peines exemplaires et d'essayer de faire que ce phénomène ne perdure pas", insiste Véronique Denizot.

Reste que les trafics continuent de prendre de l'ampleur. Le recours aux amendes forfaitaires délictuelles est ainsi en augmentation de 83% à La Réunion, passant de 321 en 2021 à 589 en 2022.

Rien que pour ce premier semestre 2023, les autorités douanières comptabilisent 558 amendes délictuelles, alors qu'au premier semestre 2022, elles en comptaient 167, soit une évolution de 234 %.