Travail illégal dans le secteur paysager : signature d’une charte pour lutter contre la fraude

Tondre un gazon, aménager un jardin ou encore tailler un arbre…des menus travaux qui ne demandent pas forcément une grande technicité et qui exposent le secteur des travaux paysagers au travail illégal. Une charte a été signée ce mardi 9 février 2021 pour lutter contre les « becqueurs de clé ».

La Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation du travail et de l’emploi (DIECCTE), la Caisse générale de sécurité sociale (CGSS) et l’Union Nationale des Entreprises du Paysage (UNEP) ont signé, ce mardi 9 février 2021, une charte de lutte contre le travail illégal dans le secteur du paysage à La Réunion.

En effet, le secteur, qui compte 200 entreprises dans l’île et environ 500 salariés, est exposé au travail au noir. Tailler un arbre ou encore couper le gazon sont souvent de petits travaux à faire, sans besoin d’une grande technicité. Quelqu’un qui se sent une âme de bricoleur pense pouvoir le faire sans passer par une certification et un contrat de travail en bonne et due forme.

Pourtant, travailler au noir, et faire travailler quelqu’un illégalement, n’est pas sans conséquences pour les parties en présence.

Entre 15 et 25% de hausse selon les secteurs d’activité

 

Les « becqueurs de clé », autrement dit les travailleurs illégaux à La Réunion, semblent être légions dans le secteur des travaux paysagers. En effet, Michel-Henri Mattera, directeur de la Dieccte, estime entre 15 et 25% la hausse du travail illégal selon le secteur d’activité.

Le travail illégal implique la non-déclaration des salariés, la non-déclaration d’activités incluant le non-paiement des charges, l’absence de cotisations chômage ou retraite ainsi que la non-prise en charge des indemnités journalières en cas d’accident du travail. Et ceci est une liste non exhaustive.

Afin de palier les manquements, la charte a pour vocation de mettre en place une meilleure coordination entre services allant d’une meilleure sensibilisation jusqu’à la répression. 

Michel-Henri Mattera, directeur des entreprises, de la concurrence, de la consommation du travail et de l’emploi de La Réunion, au micro La 1ère de Stéphane Enilorac :

ITW Michel-Henri Mattera

 

1 million d'euro récupérés en 2019

 

Si au vu de la crise sanitaire, l'année 2020 ne peut être prise comme référence, les chiffres annoncés pour 2019 parlent d'eux-mêmes indique Benoît Sério, le directeur de la Caisse générale de sécurité sociale de La Réunion. Concernant la responsabilité du donneur d'ordre, comprenez celui qui a passé commande, qui a été épinglé par la Dieccte ou la CGSS, et qui doit finalement payer les charges qui n'ont pas été payées, une trentaine d'entreprises a été poursuivie en 2019 et près d'un million d'euros a été récupéré par les services de lutte contre la fraude de la sécurité sociale. 

Signature charte contre travail illégal dans les entreprises du paysage

 

Les signataires de la charte rappellent que la responsabilité pénale ou financière de celui qui emploie un « becqueurs de clé » peut être engagée en cas d'accident. 

Par ailleurs, des filières de formation existent dans ce secteur d'activité. Cela va du CAP à la Licence. Un BTS sur l'aménagement paysager peut être suivi au lycée agricole de Saint-Joseph. 

Mathieu, diplômé depuis 7 ans maintenant, travaille désormais dans une entreprise spécialisée. Il a plus de 2 000 euros d’équipements pour travailler. Les entreprises spécialisées qui déplorent la concurrence déloyale de ceux qui pratiquent des tarifs très bas.

Le reportage de Stéphane Enilorac

Travail illégal dans le secteur paysager