Il y a quelques jours, Manon Palassy, une étudiante réunionnaise, a voulu acheter un jeu de société pour faire plaisir à sa grand-mère. Mais celle-ci a refusé d'y jouer après avoir pris connaissance du jeu des 7 familles récemment acquis au supermarché du coin.
Et pour cause, sont représentées sept familles soi disant représentatives de la population réunionnaise, à grand renfort de clichés parfois racistes sur les cafres, chinois, malbars, malgaches, zorey, yab et zarab.
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Faire la différence entre les clichés inoffensif et ceux racistes
Ce jeu de cartes édité par la société Ludom a suscité l'étonnement de la jeune Réunionnaise étudiante en L2 culture antique et monde contemporain à la Sorbonne.
"C'est normal d'avoir des clichés et des préjugés dans un jeu des 7 familles. Mais il faut faire la différence entre les clichés inoffensifs de tous les jours et les clichés racistes. Le zorey qui mange du pain, ça c'est inoffensif ; le noir qui est sale et agressif, ça c'est raciste"
Manon Palassy, étudiante
"Alerter les gens"
C'est pourquoi elle a exprimé son mécontentement sur les réseaux sociaux il y a quelques jours. "J'ai posté la vidéo pour alerter les gens", explique-t-elle.
Des clichés sur la "famille cafre"
Les clichés racistes dont elle parle sont visibles notamment au sein de la "famille cafre". "La mère est représentée comme une femme agressive, et on voit de la saleté autour", pointe du doigt Manon Palassy.
"On reprend ce cliché de la femme noire souvent en colère, agressive quand elles parlent, et ce cliché du noir qui est sale, alors qu'on sait que pour n'importe quelle famille à La Réunion la propreté est importante".
Manon Palassy, étudiante
Le père lui, est dépeint une bière à la main, visiblement éméché. Les membres de la famille chinoise affichent un teint jaune également raciste.
Des filles sexualisées
Quant aux filles, dans toutes les familles, elles sont hypersexualisées. L'exemple de la "fille z'arab" est flagrant : si elle porte un espèce de ruban en guise de voile, ses formes sont très apparentes sous sa tunique, fait remarquer Manon Palassy.
Des clichés à ne pas transmettre aux enfants
Pour l'étudiante, c'est trop, surtout si on considère qu'il s'agit d'un jeu que les familles achètent pour leurs enfants. Or, combattre le racisme commence par l'éducation qu'on donne aux enfants, fait-elle valoir.
"De base c'est un jeu pour un enfant. Or, un enfant va croire à toutes les représentations qu'on lui donne. Il va garder ces représentations et les retransmettre aux autres. Moi quand j'étais petite, on me disait que mes cheveux bouclés étaient sales, et je lissais mes cheveux à cause de ça".
Manon Palassy, étudiante
Sur le réseau social Instagram, elle a identifié l'éditeur du jeu sur sa publication dénonçant l'humour raciste de ces cartes. Quelques heures plus tard, "j'ai été bloquée", raconte Manon Palassy.
"Des jeux qu'il ne faut pas offrir aux enfants"
En mettant en lumière les mauvais messages que font passer ce jeu de société, l'étudiante n'a pas d'autre objectif que d'alerter les parents et les familles qui pourraient l'acheter. Dans l'idéal, elle souhaiterait que le jeu soit réédité.
"Ce que j'aimerais, c'est que les personnes qui ont fait ce jeu le changent et fassent appel à une personne qui vient de La Réunion. C'est un jeu qui est fait pour utiliser le cliché, donc c'est assez facile de tomber dans le sexisme et le racisme. Alors ce sont peut-être des jeux qu'il ne faut pas offrir aux enfants"
Manon Palassy, étudiante