C’est une action qui fait déjà couler beaucoup d’encre. L’opération Wuambushu devrait avoir lieu dans une semaine à Mayotte. Une cinquantaine de personnes répondent, ce dimanche 16 avril, à l’appel du collectif "Stop Wuambushu" sur le parvis des Droits de l’Homme à Saint-Denis.
Regardez le reportage de Réunion la 1ère :
"Stop !"
Des dizaines de personnes venues de toute l’île dénoncent cette opération Wuambushu sur le parvis des Droits de l’Homme à Saint-Denis. Elles portent des pancartes sur lesquelles on peut lire par exemple : "Non à l’opération Wuambushu de l’Etat Français sur l’île Comorienne de Mayotte", "Tous les Comoriens sont chez eux à Mayotte selon le droit international" ou encore "Le déplacement forcé de la population comorienne de Mayotte est un crime contre l’humanité". Des figures politiques comme Gilbert Annette et Philippe Poutou sont aussi sur place.
Fatima Mze Saïd, membre de l’association Etat de droit pour les Comores est venue "dire stop à cette opération". Pour la jeune femme, "la paix civile est menacée à Mayotte car le gouvernement ne prend pas ses responsabilités. C’est à lui de faire le travail qu’il faut pour encadrer les enfants", déclare-t-elle. "Cette opération doit être annulée !", s’exclame Fatima Mze Saïd. "Tout le monde savait ce qui allait se passer à Mayotte mais on a laissé ces gens s’installer dans les bidonvilles, aujourd’hui ce n’est pas aux Comores de faire le travail de la France", poursuit-elle.
"On ne peut qu’être offusqué, choqué, on parle la même langue, on a la même culture", affirme Sobah, une comorienne ayant vécu à Mayotte. "C’est un crime humanitaire, nous n’accepterons jamais que Mayotte soit coupée des îles sœurs, ce sont des enfants mahorais, nés là-bas !", déplore la manifestante. "Que va-t-on faire de tous ces gens ? On va les trimbaler d’une île à l’autre ?", s’interroge un homme. "C'est une opération de barbarie parce qu'on va tuer des enfants, des mamans", regrette Mohamad Bashrahil, de l'association Dawula Ya Haki.
Dominique Rivière, secrétaire de la Ligue des Droits de l’Homme était présent. La ligue n’a pas pris position dans ce litige, "en revanche l’annonce d’une opération militaro-policière de grande ampleur nous alerte sur les droits dans cette île. Nous sommes pour l’état de droits, des droits des enfants particulièrement. Nous demandons au gouvernement de renoncer à cette opération et demandons aux Réunionnais de supporter cette position", conclue Dominique Rivière.
L’opération Wuambushu
Wuambushu signifie "reprise" en shimaoré. L’opération, qui s'étalera jusqu'à la mi-juin consiste à expulser les migrants comoriens en situation irrégulière à Mayotte et à détruire les bidonvilles. L’objectif est de lutter contre l’immigration illégale et la criminalité sur l’île aux Parfums. Un millier de policiers et gendarmes ont été envoyés sur place.
Les contours de l’opération sont encore flous, pour l’heure, aucune communication officielle n’a été faite par le gouvernement.