Elle fait partie des "mesures pour relever le niveau des élèves et entamer la transformation du collège" annoncées par le ministre de l'Education Pap Ndiaye le 4 janvier 2023 : la dictée s'apprête à faire son grand retour dans les classes de primaire, dans un contexte où le gouvernement veut faire de la hausse du niveau scolaire une priorité.
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Ainsi, à l'entrée en 6ème, 27% des élèves n'ont pas le niveau attendu en français, et près d'un tiers ne l'ont pas en mathématiques, selon les chiffres du gouvernement. Pour pallier les lacunes en français, un des outils brandis pour améliorer l'orthographe des élèves est la dictée, pratiquée auparavant par des générations. Selon une note du ministère adressée aux recteurs et aux professeurs ce 11 janvier 2023, c'est tout un plan pour remédier aux difficultés en orthographe des élèves de primaire qui se prépare, notamment par le biais d'une dictée quotidienne.
Un outil, mais qui ne suffit pas seul
Pour le président départemental de la FCPE (Fédération des conseils de parents d'élèves) Réunion Daniel Amouny, la dictée doit avant tout être un "outil", mais ne suffit pas "en tant que telle". "Si c'est pour faire de l'évaluation, mais sans aucun programme pédagogique, ça n'a aucun intérêt", explique-t-il. En revanche, si l'objectif est de "remettre l'apprentissage du français, la maîtrise de la lecture, l'écriture, du vocabulaire et de la grammaire, au coeur de l'éducation de nos enfants", cela peut être une bonne chose considère-t-il. "Encore faut-il que les enseignants se l'approprient".
Faire la part des choses et "vivre avec son temps"
Au-delà, il fustige les décisions des ministres successifs de réduire les heures de français ou de mathématiques au profit de "l'apprentissage de l'anglais ou de l'informatique". "Les enseignants vont à l’essentiel suite aux choix des ministres successifs", estime Daniel Amouny.
Interrogé sur le "langage SMS" employé par beaucoup d'élèves, le président départemental de la FCPE Réunion considère qu'il faut, non seulement "faire la part des choses et vivre avec son temps", mais aussi sensibiliser les parents qui ont leur rôle à jouer. "En primaire, un enfant n'a pas à utiliser son téléphone. Il faut aussi peut-être dire aux parents que la maîtrise du français passe par l’écrit, par l’oral, mais pas par le téléphone".
"Revenir aux bases"
Dans une librairie du chef-lieu en cette période de vacances scolaires, la vendeuse reçoit des parents venus trouver des ouvrages pour combler les lacunes en français de leurs enfants. "Une maman m'a dit que dans la classe de ses enfants on ne faisait quasiment plus de dictée, le français est un peu bâclé et le niveau est un petit peu médiocre", témoigne Annabelle Breze, vendeuse en librairie.
Reste à savoir ce qu'en pensent les plus jeunes. L'idée n'est pas forcément mauvaise pour Alicia, étudiante en lettres modernes, qui elle aussi a constaté que le français était devenu "moins soutenu et plus abrégé au fil du temps". "C’est une bonne idée, ça permet de revenir aux bases, de savoir qu’une phrase commence par une majuscule et se termine par un point. C’est important de savoir comment placer les accents et pourquoi on les utilise", souligne la jeune fille.
Max, collégien en 6ème, a lui aussi remarqué des lacunes : "Ce qu’on a vu en primaire c’était pas assez, notre prof de français nous dit beaucoup qu’on fait des erreurs, de conjugaison principalement". Peut-être cette dictée quotidienne aura-t-elle un impact sur le niveau des futurs élèves de sixième, qui d'ailleurs verront prochainement disparaître l'heure hebdomadaire de technologie au profit d'une heure soit de soutien, soit d'approfondissement, selon le niveau de chacun.