Violences conjugales : la levée du secret médical désormais autorisée pour les victimes

C’est une mesure qui découle du Grenelle contre les violences conjugales. Le Parlement a définitivement adopté la levée du secret médical pour les victimes. Si les associations parlent d'une avancée, l’avis des médecins est plus nuancé.
Votée par l’Assemblée nationale le 16 juillet, avant d’être examinée par le Sénat, la proposition de loi destinée à mieux protéger les victimes de violences conjugales a été définitivement adoptée le 22 juillet. Le texte introduit notamment une "dérogation au secret médical" en cas de "danger immédiat".

Cette mesure fait partie des annonces qui avaient été faites par le gouvernement au mois de novembre dernier à l’issue du Grenelle contre les violences conjugales. Et dans notre île durement marquée par ce fléau des violences conjugales, cette nouvelle loi est accueillie avec une certaine réserve par les médecins.

Regardez le reportage de Jean-Claude Toihir sur La Réunion La 1ère
 

Pour le docteur René Viel, médecin généraliste qui accompagne les femmes victimes de violences depuis 20 ans dans l’île, cette possibilité donnée aux professionnels de santé d’alerter le procureur en cas de danger immédiat constitue une avancée. Mais cela ne fonctionnera pas, dit-il, sans mesure d’accompagnement.

"Je ne peux pas discuter de cette loi en étant pour ou en étant contre. Je pense qu’il faut l’intégrer au panel des outils que l’on a concernant les violences. Il sera très important de définir les accompagnements, estime le médecin. Est-ce que le procureur va être dans la possibilité de déclencher la mise à l’abri totale de cette patiente et de ses enfants ? Moi, je demande à voir les mesures d’accompagnement".
 

Sept plaintes par jour


Du côté des associations, on accueille la nouvelle avec satisfaction. "Tous les moyens devraient être bons pour empêcher que mort s’en suive", tranche Huguette Bello, la maire de Saint-Paul qui est également à la tête de l’Union des femmes de la Réunion (UFR). Celle-ci de rappeler que dans le département, il y a chaque jour sept plaintes qui sont déposées pour des violences intrafamiliales.

Thérèse Baillif, la présidente du Cevif, espère pour sa part une meilleure coordination entre les différents acteurs de la lutte contre ces violences, et notamment avec les médecins. "J’aurais préféré que les médecins soient en contact avec les associations qui sont sur le terrain", explique-t-elle.

La militante propose ainsi que les médecins prennent le parti de diriger les victimes vers les associations dont l’accompagnement est "indispensable". "(Ces femmes) n’ont pas tout de suite envie d’aller porter plainte. C’est difficile de le faire contre son compagnon", argumente-t-elle.

La mesure ne fait pas totalement l’unanimité. Comme que cela était ressorti lors des débats à l’Assemblée nationale, certains craignent qu’elle puisse "entacher la confiance entre le patient et le professionnel de santé".