Une trentaine de maisons détruites en 1977. Une dizaine en 1986. Les éruptions hors-enclos ont laissé un goût amer dans les mémoires des habitants de Sainte-Rose et de Saint-Philippe. Pourtant bien des années après, beaucoup d’entre eux sont retournés vivre à proximité du volcan.
Les souvenirs de fissures zébrant la route. Des flammes dévorant leur maison. Des laves rougeoyantes se réverbérant dans les panaches de fumée. La RN2 submergée par des amas de basaltes crissant au fur et à mesure de l’avancée des coulées… Des images, des sons, des odeurs qui ont marqué leur vie à jamais.
Je voulais récupérer mes livres, mon ballon rouge »
Le 8 avril, elle rentrait de l’église après la messe du vendredi saint. Sa mère Anne-Marie, interpellée par une voisine sur l’imminence du danger, se rend à Sainte-Rose pour quérir de l’aide. Dans le même temps, tout s’accélère. Valère, son père, organise tant bien que mal l’évacuation. Il demande à ses filles de sauver ce qui peut l’être. Lui, s’occupe des animaux. Poules, canards, cochons sont libérés de leurs parcs pour éviter la coulée.
33 familles sinistrées à Piton Ste-Rose
Dans la nuit du 9 au 10 avril, Piton Ste Rose est submergé par une coulée qui brûle plusieurs maisons sur son chemin. La gendarmerie est encerclée par la lave qui atteint presque le toit du bâtiment. L’église a plus de chance, les gratons franchissent les portes mais la structure principale résiste.
Sur les quartiers de Bois-Blanc et de Piton Ste Rose, 2500 personnes ont été évacuées. A leur retour chez elles, 33 familles comme les Lebon, découvrent qu’elles ont tout perdu.
Pourtant, comme beaucoup de rescapés du volcan, Georges-Marie Lallemand est retourné vivre sur là-bas. « La pa corrige a mwin. Ma la refé ma kaz mem koté… » raconte-t-il facétieux, expliquant à qui peut le comprendre «kan ou lé né la, ben ou res la ». Impossible pour le Saint-Philippois d’envisager un autre endroit où vivre. Une vision partagée par Alice Lebon et sa mère : « même si maman ne voulait plus entendre parler du volcan, elle tenait absolument à revenir ici, à Piton Ste Rose, pour ses vieux jours ».