Rupture historique : Les Kali’na se retirent du Grand Conseil Coutumier de Guyane

Les leaders Kali’na rassemblés ont annoncé leur retrait du Grand Conseil Coutumier, marquant un moment décisif dans la préservation de leur autonomie culturelle et territoriale.
Suite à un rassemblement décisif au village Prospérité des chefs Yopoto Kali'na, l’assemblée a annoncé le 2 octobre son retrait du Grand Conseil Coutumier de Guyane. Cette décision, motivée par des désaccords sur le respect des traditions, marque une rupture significative dans la gouvernance autochtone.
Bénédicte Fjeke, chef du conseil des Yopoto Kali’na de Guyane, reflète la détermination de son peuple à maintenir leur autonomie et leur culture en cette période de changements.

Le peuple Kali’na a officialisé une décision historique de se séparer du Grand Conseil Coutumier de Guyane, suite à l’élection controversée du président du conseil le 27 septembre 2024, qui a exacerbé les tensions déjà vives. Cette annonce, renforcée par un communiqué le 2 octobre, fait suite à des violations perçues des traditions et des accords entre les peuples. Le rassemblement décisif, marquant ce tournant, a eu lieu au village Prospérité de Saint-Laurent-du-Maroni, considéré comme un lieu hautement symbolique pour cette communauté.

“Le collège autochtone, dans sa majorité, a élu son président et son vice-président lors du congrès qui s’est tenu à Belle-Terre le 13 avril 2024”, indique le communiqué. Cependant, la situation a dégénéré lorsque “l’ingérence des capitaines Aluku, prétendant représenter à lui seul l’ensemble des six peuples bushinengés du territoire, a gravement bafoué la volonté majoritaire et respectueuse de la coutume.”

Face à cette “rupture historique dans nos relations coutumières” et la trahison de la “parole donnée”, le peuple Kali’na, représenté par les 14 Yopotos, a pris une “décision ferme et irrévocable” : le retrait total du Grand Conseil Coutumier de Guyane.

Désormais, toutes les questions relatives aux Zones de Droits d’Usage Collectifs, qui représentent plus de 90 000 hectares, ainsi que les concessions de plus de 2000 hectares, seront gérées exclusivement “par et pour le peuple Kali’na, à travers notre propre gouvernance, sans intermédiaire ni interférence externe”.

Cette autonomie revendiquée par les Kali’na soulève de nouvelles questions sur la coopération future entre les peuples autochtones de Guyane et la gestion de leurs territoires. “Nous réitérons notre droit inaliénable à gérer nos terres, nos ressources et notre avenir, en dehors de toute structure qui ne respecte pas nos traditions et nos valeurs”, affirme le communiqué.

Cette décision marque un tournant pour les Kali’na, qui s’affirment désormais indépendants, prêts à défendre leur souveraineté et le respect de leurs terres.