Pas plus tard qu'au mois d'août, des squelettes de chiots avaient été retrouvés dans le quartier de la Chaumière à Saint-Denis, faisant craindre des actes de barbarie sur des animaux. Un acte parmi d'autres, d'après les témoignages d'habitants du secteur, qui disaient être venus au secours d'animaux à plusieurs reprises déjà.
Regarder le reportage de Réunion La 1ère :
Face à ces violences faites aux animaux, la ville de Saint-Denis a lancé ce lundi 14 octobre 2024 un "groupe de partenariat opérationnel" (GPO), réunissant les forces de l'ordre, la Cinor, les associations, mais aussi la justice. L'objectif : mener des actions ciblées sur des zones géographiques bien précises, comme ici, le secteur de la Chaumière et de la ravine Laverdure.
Passer à la vitesse supérieure
Pour la maire de la commune, si des actions sont déjà menées, il est temps de passer à la vitesse supérieure. "On est sur un groupe opérationnel centré sur le quartier : maintenant on passe à un autre stade. C'est la démolition des squats, le nettoyage des ravines, et la sanction quand on tombera sur les faits. C'est l'ampleur qu'on doit continuer à donner à la sensibilisation avec cette école de la Chaumière et celles tout autour, en associant aussi le collège et le rectorat", énumère Ericka Bareigts.
"Face à ces faits de société extrêmement violents, nous prenons nos responsabilités tous autant qu'on est, on regarde le sujet, on le diagnostique en commun et on agit".
Ericka Bareigts, maire de Saint-Denis
Délit puni de 3 ans de prison
Concernant les sanctions justement, la police, municipale comme nationale, aura son rôle à jouer. "Ce sont des actions multi-factorielles : il s'agit de sensibiliser, informer, travailler sur les squats, essayer de faire du flagrant délit lorsqu'il y a des actes de cruauté ou de maltraitance constatés sur le terrain", explique Laurent Chavanne, directeur territorial de la police nationale à La Réunion.
"Lorsqu'on commet un acte de cruauté, c'est un délit qui est puni de 3 ans d'emprisonnement", rappelle-t-il.
Comprendre le contexte de ces actes
Le parquet de Saint-Denis est lui aussi associé à ce "GPO". La procureure de la République Véronique Denizot rappelle que l'institution judiciaire est bel et bien présente sur ce sujet à La Réunion. Outre la difficulté à identifier les auteurs des actes de cruauté sur ces animaux, qui reste un gros point noir, elle espère que ce groupe permettra d'en comprendre les raisons et le contexte.
"La difficulté est d'identifier qui, comment, et surtout, au-delà, déterminer ce qui a pu se jouer autour, puisqu'on nous fait remonter des phénomènes d'organisation de cette forme de criminalité au sein de différents quartiers et parfois en lien avec différentes communes".
Véronique Denizot, procureure de la République
Renforcer la prévention
Le volet associatif lui, était représenté entre autres par l'APEBA (Association pour l'éducation à la bienveillance animale). Sa présidente, Cécile Squarzoni, recense "une douzaine de lieux actifs" de maltraitance animale sur le chef-lieu. Elle garde l'objectif en tête, avec ce GPO dans le quartier de la Chaumière et de la ravine Laverdure, de "faire des enfants des propriétaires meilleurs dans 10 ans, 15 ans", étant donné que les auteurs des actes de torture sont souvent "des bandes organisées d'enfants et de mineurs".
"Actuellement et depuis deux ou trois ans, on voit émerger des actes violents de tortures. Des squats sont montés un peu partout, et les signalements n'arrêtent pas", s'alarme quant à lui Jean-Pierre Monnet, de l'association RPA (Réunion Protection Animale). Il dit en recevoir, à lui seul, "une quinzaine par jour".
Des actes de maltraitance et de cruauté en hausse
Enfin, la préfecture de La Réunion, associée à ce groupe de partenariat opérationnel, se dit elle préoccupée par le sujet. D'autant que, selon les chiffres rappelés par la directrice de cabinet du préfet, Parvine Lacombe, les faits de maltraitance et de cruauté sur les animaux ont augmenté de +27% entre 2022 et 2024.
Ce GPO entre d'ailleurs dans le cadre du plan d'action départemental de lutte contre l'errance, la maltraitance et la cruauté animales, lancé par la préfecture depuis 2020. La prévention reste un outil majeur pour faire changer les choses, soutient Parvine Lacombe.
C'est ainsi qu'un dispositif est actuellement en cours d'élaboration entre le sous-préfet de Saint-Pierre - pilote du plan - et le rectorat, pour la prévention et la bienveillance animale à destination des jeunes sur l'île. "Parce que c'est aussi de la prévention de la délinquance en général", justifie Parvine Lacombe.