À Saint-Pierre et Miquelon, plus de 6 720 oiseaux d'hiver comptés en une journée

Une paruline à croupion jaune photographiée à l'hiver 2020, à Saint-Pierre et Miquelon.

Plus de 50 espèces d'oiseaux ont été recensées lors d'une journée de comptage à Saint-Pierre, en décembre 2020. Avec 6 721 individus, l'année est "plutôt bonne" pour le recensement des volatiles de l'archipel.

Sur les sentiers de Saint-Pierre, six observateurs bénévoles regardent le ciel. Carnet et stylo en main, appareil photo en bandouillère, ils notent les caractéristiques des volatiles qu'ils détectent. Ce dimanche 20 décembre, ils profitent du beau temps pour effectuer leur comptage annuel d'oiseaux, à Saint-Pierre.

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Parmi les espèces détectées : des volatiles qui restent dans l'archipel à l'année, comme des mésanges ou des roitelets, mais aussi des oiseaux qui nichent plus au nord, comme certaines espèces de canards et de limicoles. 

Un limicole photographié à Miquelon.

 

Après une journée d'observation, 6 721 volatiles de 51 espèces différentes ont été comptabilisés sur l'île de Saint-Pierre. "On est dans la moyenne haute", commente Roger Etcheberry. "Il faut dire qu'on a été gâté par les conditions météo en 2020." 

 

"Il a fait doux cette année donc il y a probablement eu des espèces qui sont demeurées [à Saint-Pierre] plus longtemps qu’à l’ordinaire." 

Roger Etcheberry, ornithologue amateur

 

Ce naturaliste amateur miquelonnais s'intéresse aux oiseaux depuis près de 46 ans. Il participe presque chaque année au comptage annuel. "C'est très encadré. Il faut préciser le nombre d’heures qu'on a passé en observation, le nombre d'observateurs présents etc." 

Les premiers comptages datent du début des années 2000 dans l'archipel. Mais depuis 2015, l'opération ne se tient plus à Miquelon, par manque de volontaires. "C'est dommage", soupire Roger Etcheberry. "C'est au grand Barachois qu'on en voit le plus."

 

Une mésange à tête noire, photographiée à l'étang Frecker, à Saint-Pierre.

 

Un état des lieux en Amérique du Nord

 

Une fois le comptage terminé, les données sont mises en commun via Internet. "Ce type d'opération sert à faire un état des lieux à l'échelle du continent nord-américain", reprend Roger Etcheberry.

Il a lui-même remarqué une baisse du nombre d'oiseaux présents à Saint-Pierre et Miquelon. "Il y a des espèces qui ont diminué, d’autres qui ont quasiment disparues", explique l'ornithologue amateur. "La grive à joue grise, par exemple, était autrefois très commune pendant la saison d’été. Aujourd'hui, elle a quasiment disparue."

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Les volatiles insectivores et les oiseaux migrateurs sont particulièrement touchés, selon le Miquelonnais. "Ils ont vu le nombre de leurs habitats diminuer. Et bien sûr, il y a les pesticides utilisés au Canada, aux Etats-Unis ou même en Amérique latine."

"La pollution n'est pas à Saint-Pierre et Miquelon. Les oiseaux se refont une santé quand ils sont de passage chez nous."

Roger Etcheberry, ornithologue amateur

 

Le réchauffement climatique a également un impact sur le mode de vie et de reproduction des oiseaux. "Certains restent plus longtemps dans l'archipel, parce que les températures sont plus clémentes", reprend Roger Etcheberry. "D'autres ne descendent pas de l'Arctique, car ils y trouvent encore de la nourriture."

 

Un goéland brun photographié à Saint-Pierre et Miquelon, à l'hiver 2020.

 

Des passionnés d'oiseaux

 

S'ils n'étaient que six sur le terrain le 20 décembre, les passionnés d'oiseaux demeurent nombreux à Saint-Pierre et Miquelon. La page facebook SPM Ornithologie rassemble ainsi 323 membres qui publient sur le sujet presque tous les jours. 

 

Une paruline à croupion jaune photographiée à l'hiver 2020, à Saint-Pierre et Miquelon.

 

Les plus aguerris mettent également leurs notes en commun, via une base de données gérée par Roger Etcheberry. "Il y a à peu près 115 000 entrées", affirme fièrement le Miquelonnais. "On est un groupe informel. On ne se rencontre pas souvent, mais on fait des choses ensemble."

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Plusieurs d'entre eux ont écrit un ouvrage en 2014. Les oiseaux de Saint-Pierre et Miquelon. Guide découverte est disponible dans la librairie de l'archipel. 

 

Un bihoreau violacé à l'Anse à Rodrigue, à Saint-Pierre, à l'hiver 2020.