Après un parcours semé d'embûches, Théo Autin savoure ses débuts de pilote de ligne

Quand on lui parle d'aviation et de son métier de pilote de ligne, le visage de Théo Autin s'illumine. Comme s'il mesurait le chemin parcouru, le jeune homme de 21 ans savoure. Après avoir rejoint la compagnie locale Air Saint-Pierre à la mi-juillet, il enchaîne les vols en direction de Miquelon et de Saint-Jean de Terre-Neuve sous la supervision d'un pilote expérimenté.

Bientôt, il sera aux commandes seul du Cessna. "J'essaie vraiment de me rendre compte de la chance que j'ai d'être là", sourit-il. "J'enchaîne depuis que je suis là, mais je suis vraiment reconnaissant."

Un parcours semé d'embûches 

Le parcours de Théo témoigne de sa passion et son dévouement. Arrivé à Agen pour entamer sa formation au sein du Airways Collège, le jeune homme a été confronté à la liquidation judiciaire de son école. "Après quelques modules validés, je me suis retrouvé sans rien. Au début tu ne réalises pas. Je n'avais toujours pas touché un avion que c'était déjà fini. J'ai eu beaucoup de chance d'être entouré. Ma famille et mes proches ont vraiment été présents."

Archive : Kévin Gautier, premier pilote miquelonnais à assurer la liaison entre les îles de Saint-Pierre et de Miquelon

S'en suit alors une grande période de flou. L'école trouve un repreneur et Théo reprend espoir. Il finit sa formation théorique et commence à piloter des avions de tourisme. Puis une nouvelle fois, c'est la désillusion. "On avait mis plus de 100 000 euros dans cette école", explique-t-il."Aujourd'hui, on a fait le choix de plus trop espérer revoir cette somme un jour. Il fallait que je referme ce chapitre pour avancer." 

Et justement, le Saint-Pierrais n'abandonne pas son rêve. Il retrouve une école à Brest et termine son cursus avec l'assurance d'obtenir un CDI à Saint-Pierre et de rentrer chez lui dans l'archipel. "Je commençais à toucher mon ambition du doigt. Je ne pouvais pas m'arrêter là. Donc j'ai fait le choix de Brest. C'était génial. Même voler dans la région, c'est magnifique. J'ai pu survoler le Mont Saint-Michel."

"J'ai toujours voulu faire ça"

Pour finir son cursus, le Saint-Pierrais a pu compter sur sa copine, Chloé. "Je le dis sans langue de bois, je ne sais pas comment j'aurais fait sans elle." Sûrement aussi, il s'est appuyé sur son rêve d'enfant. Devenir pilote d'avion ne date pas d'hier pour Théo. Déjà petit, il se souvient de ne vouloir travailler que dans l'aéronautique. "En troisième, on nous demandait ce qu'on voulait faire plus tard. Moi, je ne pensais qu'à travailler dans l'aéronautique. Pilote ou bien dans la mécanique. Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu faire ça. En grandissant, j'ai compris qu'être pilote, c'était un peu le graal. Je me suis donc orienté vers ça."

Une dizaine d'années plus tard, le voilà tout de blanc vêtu dans son cockpit. Chemisette, lunettes de soleil, Théo en a fait du chemin. Air Saint-Pierre constitue une belle manière de commencer sa carrière. 

C'est une super boîte. Je vais découvrir toutes sortes de conditions de pilotage. C'est vraiment formateur. Je pilote vraiment ici.

Théo Autin

Et s'il fallait donner quelques conseils à la jeunesse qui aimerait suivre son chemin, Théo explique qu'il ne faut pas écouter tous les stéréotypes liés au métier. Non, il ne faut pas être excellent à l'école. Non les mathématiques ne sont pas si essentielles que ce que l'on pourrait penser. "On fait surtout des produits en croix, et de la trigonométrie une fois en vol. Je n'étais pas non plus excellent à l'école."