Coronavirus : rentrer ou rester, le dilemme des étudiants de Saint-Pierre et Miquelon

Bloqués en métropole ou au Canada depuis le déclenchement du confinement, les étudiants originaires de Saint-Pierre et Miquelon hésitent à rentrer dans leur famille pour la période estivale.
"Je sais que nous, les jeunes et les étudiants, on est une population qui est très porteuse du coronavirus. On est un peu face à un dilemme : est-ce qu'on doit rentrer ?". Quentin Lucas, étudiant à Paris, résume ainsi les inquiétudes des jeunes Saint-Pierrais et Miquelonnais qui font leurs études en métropole. Lui-même est indécis. Il aimerait rentrer sur l'archipel mais n'est pas encore certain qu'il sautera le pas.

La ministre des outre-mer a annoncé le week-end dernier qu'elle allait lancer le recensement des étudiants ultra-marins bloqués en Métropole à cause de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19. Objectif : leur permettre de rentrer auprès de leurs proches "entre mai et juillet". Concernant les étudiants au Canada, la Collectivité a transmis à la préfecture l'ensemble de leurs coordonnées ainsi qu'un questionnaire à remplir pour planifier leur retour. 
 

Beaucoup d'incertitudes

Mais ces derniers sont nombreux à s'interroger sur la pertinence et la faisabilité d'un tel voyage. S'ils reviennent à Saint-Pierre, ils devront selon toute vraisemblance effectuer une quatorzaine stricte et être soumis à un test de dépistage du coronavirus avant de retrouver leur famille, comme c'est le cas actuellement pour les nouveaux arrivants sur l'archipel. Les modalités précises d'un éventuel retour des étudiants ne sont néanmoins pas encore connues. 

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Face à tant d'incertitudes, Aude Detcheverry a préféré repousser son voyage. Cette étudiante saint-pierraise à Paris a décidé de ne pas rentrer chez ses parents cette année. "Ça a été un choix difficile à faire", assure-t-elle. "Mais j'estime que c'est aussi notre devoir : ça fait un problème en moins pour Saint-Pierre, on ne risque pas de ramener le virus sur un territoire qui n'a pas forcément les capacités pour gèrer [une épidémie]."
 

"Je préfére repousser mon retour d'un an, plutôt que de rentrer dans ces conditions." - Aude Detcheverry, étudiante saint-pierraise à Paris


D'autres, comme Élise Olaïsola, étudiante à Nantes, souhaitent rentrer coûte que coûte et demandent à pouvoir effectuer leur quatorzaine obligatoire le plus tôt possible. "Cela fait un petit moment maintenant que je suis loin de ma famille, que j'aimerais retrouver mes amis" explique-t-elle. "Je suis consciente qu'il y a des difficultés, ne serait-ce qu'en termes de voyage ou concernant la quarantaine [...]. Mais j'aimerais vraiment rentrer sur le territoire." La jeune femme entend notamment travailler pendant son été à Saint-Pierre et Miquelon, afin de pouvoir financer ses études en métropole le reste de l'année. 

Reportage de Flavie Bry.
©SPM la 1ère

Bourses territoriales maintenues

Dans un communiqué publié le 21 avril, la Collectivité a confirmé son engagement à verser aux étudiants la bourse mensuelle "jusqu'à leur retour sur le territoire", et donc également pour les mois d'été pour ceux qui feraient le choix de rester en métropole ou au Canada jusqu'à la prochaine rentrée universitaire.

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Ceux-ci doivent pour cela se signaler auprès du service Formation-Insertion. 
D'autre part, au vu des circonstances, l'année universitaire en cours "ne sera pas considérée comme un échec" pour le renouvellement de leur bourse.

Les étudiants appelés à échanger via un Facebook live

Afin de répondre à toutes les interrogations liées à la crise du Covid-19, la Collectivité propose une session "Facebook live" de Questions/Réponses à destination des étudiants de Saint-Pierre et Miquelon qui se trouvent hors archipel. Celle-ci aura lieu le mardi 28 avril à 14h, heure de Saint-Pierre et Miquelon. Stéphane Lenormand, le président et Marion Letournel, responsable du Service Formation-Insertion, répondront aux étudiants ainsi qu'à leurs parents.