Il y a des chiffres qui ne trompent pas. Deux titres de champion national avec l'université Laval, plus de 530 victoires en carrière dont 100 à la suite entre 2008 et 2013, 17 fois nommé meilleur entraîneur du Québec. Incontestablement, Pascal Clément aura marqué l’histoire de la prestigieuse université Laval mais aussi l’histoire de son sport dans son pays d’adoption, le Canada.
Car oui, ne vous y trompez pas. Derrière son accent et sa verve tout droit venue de la Belle Province, Pascal Clément est originaire de Saint-Pierre et Miquelon. Une époque de sa vie qu’il garde précieusement dans un coin de sa tête.
J’habitais dans le quartier du Feu Rouge. Mes parents et mes oncles sont partis travailler à Québec pour l’exposition universelle de 1967. Nous sommes revenus ensuite dans l’archipel, pour repartir deux ans après.
Pascal Clement
"Je n'étais pas très sportif quand j'étais plus jeune"
Pourtant, rien n'était tracé pour Pascal. Pas vraiment fan de sport dans sa jeunesse, un événement a su lui donner la fibre de l'athlète. "Je n'étais pas très sportif quand j'étais plus jeune. Je crois que c'est venu lors des JO de Montréal en 1976. Je les ai regardés intégralement sur le tapis du salon de ma maison. Aussi, j'étais déjà grand à l'époque. Alors l'entraîneur de volley-ball de mon école m'avait remarqué dans les couloirs, et m'avait demandé si je voulais en faire avec mon frère qui pratiquait déjà. Puis je n'ai jamais arrêté."
De là commence alors une vraie histoire d'amour. Le Saint-Pierrais tombe amoureux du volley-ball, et se perfectionne au fil des années.
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Jusqu'à la saison 1978-79 et son titre de champion du Canada avec les Citadelles de Quebec. "On a remporté le premier championnat national de l'histoire de la ville de Québec", se souvient-il. "Et à 15 ans, on ne fait pas la différence entre champion national et champion du monde. C'était génial."
De joueur à entraîneur très rapidement
Mais très rapidement, c'est dans l'entraînement que Pascal Clément s'oriente. "En 1985, je faisais mes études d'éducation physique à l'université. C'est une opportunité que j'ai eue. J'ai commencé à entraîner jeune." Puis s'en suit une carrière remplie de succès. 28 ans à l'université Laval comme entraîneur en chef, deux titres nationaux et même une participation à la Coupe du Monde en Thailande avec l'équipe junior du Canada en 1998. Rien que ça.
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"Je n'avais jamais atteint ce niveau-là en tant qu'athlète et ça m'a permis de beaucoup voyager. En tant que personne ça m'a transformé. J'ai côtoyé beaucoup de personnes et de coachs qui m'ont inspiré comme Marv Dumphy qui a remporté les JO de 1988 avec les Etats-Unis."
Mais entraîner, c'est aussi une question de compromis. Surtout quand il faut officier sur une terre déjà conquise par le football américain et le basket-ball. Et pour cause, Pascal a dû être persuasif et mettre en avant sa discipline.
En fait, il faut vendre sa salade en permanence. Et souvent, j'ai eu un peu cette image de pionnier car le volley est bien moins populaire que d'autres sports au Québec.
Pascal Clément
Un entraîneur engagé contre l'homophobie
Outre ses performances sportives, Pascal Clément s'est illustré par ses prises de position contre l'homophobie. Par son courage aussi. À 36 ans, l'entraîneur dévoile son homosexualité à son groupe de joueurs. Une délivrance qui sonne comme une prise de position claire et nette. "En fait, j'en ai parlé à mes joueurs car il y avait eu un problème d'intolérance dans l'équipe. Je leur ai alors dit qu'ils devaient moi aussi, leur coach, m'accepter comme je suis car je suis gai. Ce n'était pas prémédité, mais cette annonce fut très intense émotionnellement."
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Passé l'émotion de son coming out, l'entraîneur s'était promis de ne pas devenir un porte-parole. Mais plus de 30 ans après cette annonce, le coach à la retraite pense légèrement différemment. Dernièrement, il est intervenu dans une conférence sur l'homosexualité dans le sport. "Je pense que le maître mot est l'éducation. L'être humain a peur de la différence, de ce qu'il ne connaît pas. Il faut en parler, cela ne doit plus être un sujet tabou."