Dans son rapport rendu public le 8 mars, le Bureau de recherches géologiques et minières dresse plusieurs constats sur la situation de l’isthme et a établi la cause des récents phénomènes d’érosion. Il précise que les travaux d’urgence peuvent avoir des conséquences aggravantes.
Le Bureau de recherches géologiques (BRGM) et minières a rendu son rapport lundi 8 mars concernant les récents épisodes d’érosion qui ont touché l’isthme de Miquelon-Langlade et contraint la Collectivité territoriale de Saint-Pierre et Miquelon à fermer la route reliant Miquelon à Langlade. D’après le rapport, l’addition de différents facteurs est à l’origine de l’érosion : la houle, le vent et les niveaux, à répétition dans le temps.
Les travaux d’enrochements pointés du doigt
Face à l’urgence de la situation, la Collectivité territoriale a décidé d’autoriser une entreprise à effectuer des travaux d’urgence visant à colmater les trous créés par l’érosion par des enrochements. Cependant, le rapport du BRGM estime que ces travaux peuvent mettre à mal la situation de l’isthme.
Il est important de noter qu’en l’absence de dimensionnement et de calibrage des blocs pendant les travaux d’urgence, ceux qui ont été déstabilisés et repris par la mer constituent un facteur aggravant de l’érosion à venir, pouvant être projetés par les vagues sur le talus.
Le préfet de l’archipel Christian Pouget a préféré "se garder de dresser des bons points et des mauvais points" sur ce sujet. Pour lui, "il n’y a pas de bonne solution, il y en a plusieurs."
C’est une matière qui est complexe, c’est un sujet qui est ancien. Ça fait longtemps que les habitants de l’archipel connaissent ce type de difficultés et que collectivement, tous les élus et tous les préfets qui se sont succédés n’ont jusqu’à présent pas réussi à trouver la bonne solution.
Le préfet de l'archipel était l'invité du journal télévisé du mardi 9 mars :
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La nécessité d’anticiper
Au vu des conditions météomarines des prochaines semaines, le BRGM est pessimiste pour la suite et considère qu’il faut envisager le fait que l’érosion puisse se poursuivre dans le secteur avant la fin de l’hiver. Puisque la route est fermée à la circulation, il n’y a pas de risque pour les usagers. En revanche, le risque d’affaissement existe, ce qui pourrait mettre en danger le personnel travaillant sur le secteur.
Si l’érosion venait à s’aggraver, une brèche pourrait se former, reliant le Grand barachois à l’océan, ce qui pourrait modifier durablement l’écosystème de l’isthme, avertit le BRGM. Mais cette hypothèse est nuancée car très peu probable à court terme.
L’organisme a adressé ses recommandations quant à la suite des événements. Il préconise la réalisation d’une étude technique afin de pouvoir proposer des solutions pour maintenir cette route à moyen terme. Le BRGM estime aussi qu’il faut anticiper sur le long-terme, pour éviter d’être pris de court par la météo.
Comment financer ces travaux ?
Avant de statuer sur le financement des travaux, Christian Pouget considère qu’il est indispensable de "faire les choses avec méthodes", d’où l’importance du rapport du BRGM et celui à venir du CEREMA. "Ça permettra de voir quel est le coût associé à ces travaux."
Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu avait répondu au député de l’archipel pour lui dire que "l’État est aux côtés des Saint-Pierrais et Miquelonnais face à cette situation", sans toutefois annoncer de fond de financement exceptionnel. Dans un communiqué publié mardi 9 mars, la Collectivité regrette que l’État "n’apporte en rien de nouveaux financements."