Dans une lettre ouverte, le biologiste saint-pierrais Guy Claireaux et plusieurs de ses confrères plaident pour une recherche territorialisée en outre-mer. À leurs yeux, la gestion de la pandémie de Covid-19 montre que les initiatives locales sont plus que jamais nécessaires et utiles.
Ils ont choisi de publier leur tribune en pleine pandémie de Covid-19. Le chercheur saint-pierrais Guy Claireaux et ses confrères martiniquais Raymond-Julien Pamphile et Pascal Saffache ont mis en ligne sur le site Outremer360 une lettre ouverte en quatre épisodes, dans laquelle ils plaident pour une "recherche ascendante" en outre-mer. Objectif : sensibiliser et interpeller les autorités locales sur la question des études scientifiques en-dehors de l'Hexagone.
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"Une recherche ascendante, c'est une recherche qui part de la base, des besoins [locaux]", explique Guy Claireaux à SPM la 1ère."Ce n'est pas une recherche importée sur place, qui utilise les opportunités d'outre-mer mais qui ne participe pas réellement au progrès social et à l'innovation sur le territoire." Pour le chercheur en biologie marine, il faut aujourd'hui inclure les Ultramarins dans les processus scientifiques mis en oeuvre sur leurs territoires, afin qu'ils apportent leur expertise "de terrain".
Et le moment est plus que jamais opportun. La crise sanitaire liée au nouveau coronavirus montre, selon eux, que l'on a besoin d'initiatives locales. "Le traitement de la pandémie a été territorialisé. Et grâce à cela, les stratégies qui ont été mises en place collent aux réalités de chaque terrain. Au final, l'outre-mer, tout en ayant des déficits en termes de santé, ne s'en sort pas si mal globalement" affirme Guy Claireaux."Ce qu'on aimerait, c'est que dans le domaine de la recherche, ce soit pareil."
D'autant que, comme le précisent les scientifiques dans leur tribune, ces territoires ont des spécificités locales importantes, qui les rendent plus fragiles sur certains aspects. "Les outre-mer sont intimement liés aux pays développés du Nord (et notamment aux États européens en qualité de départements ou territoires français) mais ils s’apparentent à plus d’un titre aux pays en développement du Sud, eu égard à leur PIB, leur environnement géographique, leurs histoires singulières, leurs caractéristiques socio-économiques et démographiques." Ils ont ainsi été touchés par les conséquences économiques de la pandémie, avant même que des cas de Covid-19 ne soient détectés sur leur sol. Le secteur du tourisme, en particulier, risque de mettre du temps à s'en remettre.
"Les problèmes de l'outre-mer sont ceux que l'on voit un peu partout, ce sont des problèmes de développement, d'innovation", nuance le biologiste. "Mais ils prennent une autre dimension du fait de l'éloignement, du fait de la distance avec la métropole." Pour Guy Claireaux, une étude sur les phoques à Saint-Pierre et Miquelon sera ainsi plus en phase avec les problématiques locales si elle est lancée depuis l'archipel.
Guy Claireaux, Raymond-Julien Pamphile et Pascal Saffache appellent de leurs voeux "un changement de paradigme" qui permettrait de créer, financer et contrôler des projets de recherche depuis les outre-mer. "Il faut mobiliser les gens. Quand on regarde le nombre de chercheurs formés et disponibles à Saint-Pierre, et qui pourraient participer au travail de prospective scientifique, amener leur enthousiasme, leur réseau, leurs connaissances...on se dit que c'est possible".
Ces territoires pourraient alors, selon eux, devenir pionniers dans de nombreuses disciplines. La pollution des sols - comme aux Antilles avec le chlordécone - et son impact sur la santé, la qualité de l'air, de l'eau, la pêche durable, l'aquaculture... Autant de sujets qui pourraient être traités sous le prisme local. "Il y a un contexte intéressant à utiliser pour la recherche dans les domaines de la santé ou de l'environnement" acquiesce Guy Claireaux. "La plus grande partie de biodiversité française est en outre-mer, donc c'est évident qu'il y a là un atout à jouer."
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S'ils reconnaissent qu'il y a déjà aujourd'hui des "centres de recherche d'excellence" en-dehors de l'Hexagone, les chercheurs espèrent que les outre-mer pourront devenir de "véritables leaders", au sein de leur environnement régional. Et Guy Claireaux de conclure : "L'outre-mer ne doit pas être le simple terrain de jeu de la recherche, il doit devenir un donneur d'ordre."
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"Une recherche ascendante, c'est une recherche qui part de la base, des besoins [locaux]", explique Guy Claireaux à SPM la 1ère."Ce n'est pas une recherche importée sur place, qui utilise les opportunités d'outre-mer mais qui ne participe pas réellement au progrès social et à l'innovation sur le territoire." Pour le chercheur en biologie marine, il faut aujourd'hui inclure les Ultramarins dans les processus scientifiques mis en oeuvre sur leurs territoires, afin qu'ils apportent leur expertise "de terrain".
Une gestion de crise adaptée
Et le moment est plus que jamais opportun. La crise sanitaire liée au nouveau coronavirus montre, selon eux, que l'on a besoin d'initiatives locales. "Le traitement de la pandémie a été territorialisé. Et grâce à cela, les stratégies qui ont été mises en place collent aux réalités de chaque terrain. Au final, l'outre-mer, tout en ayant des déficits en termes de santé, ne s'en sort pas si mal globalement" affirme Guy Claireaux."Ce qu'on aimerait, c'est que dans le domaine de la recherche, ce soit pareil."
"Pour que la recherche en outre-mer soit également de la recherche pour l’outre-mer, les liens avec les problématiques locales doivent être établis dès la conception des projets." - Extrait de la lettre ouverte de Guy Claireaux, Raymond-Julien Pamphile et Pascal Saffache.
D'autant que, comme le précisent les scientifiques dans leur tribune, ces territoires ont des spécificités locales importantes, qui les rendent plus fragiles sur certains aspects. "Les outre-mer sont intimement liés aux pays développés du Nord (et notamment aux États européens en qualité de départements ou territoires français) mais ils s’apparentent à plus d’un titre aux pays en développement du Sud, eu égard à leur PIB, leur environnement géographique, leurs histoires singulières, leurs caractéristiques socio-économiques et démographiques." Ils ont ainsi été touchés par les conséquences économiques de la pandémie, avant même que des cas de Covid-19 ne soient détectés sur leur sol. Le secteur du tourisme, en particulier, risque de mettre du temps à s'en remettre.
Des recherches décidées et financées en outre-mer
"Les problèmes de l'outre-mer sont ceux que l'on voit un peu partout, ce sont des problèmes de développement, d'innovation", nuance le biologiste. "Mais ils prennent une autre dimension du fait de l'éloignement, du fait de la distance avec la métropole." Pour Guy Claireaux, une étude sur les phoques à Saint-Pierre et Miquelon sera ainsi plus en phase avec les problématiques locales si elle est lancée depuis l'archipel.
"Je suis prêt à parier qu'un projet monté à 5 000 km de l'archipel va probablement être à côté de la plaque en terme de pertinence locale" - Guy Claireaux, chercheur en biologie marine et professeur à l'université de Bretagne Occidentale
Guy Claireaux, Raymond-Julien Pamphile et Pascal Saffache appellent de leurs voeux "un changement de paradigme" qui permettrait de créer, financer et contrôler des projets de recherche depuis les outre-mer. "Il faut mobiliser les gens. Quand on regarde le nombre de chercheurs formés et disponibles à Saint-Pierre, et qui pourraient participer au travail de prospective scientifique, amener leur enthousiasme, leur réseau, leurs connaissances...on se dit que c'est possible".
Devenir pionniers
Ces territoires pourraient alors, selon eux, devenir pionniers dans de nombreuses disciplines. La pollution des sols - comme aux Antilles avec le chlordécone - et son impact sur la santé, la qualité de l'air, de l'eau, la pêche durable, l'aquaculture... Autant de sujets qui pourraient être traités sous le prisme local. "Il y a un contexte intéressant à utiliser pour la recherche dans les domaines de la santé ou de l'environnement" acquiesce Guy Claireaux. "La plus grande partie de biodiversité française est en outre-mer, donc c'est évident qu'il y a là un atout à jouer."
À lire aussi > Un scientifique met en avant la "surprenante biodiversité" de Saint-Pierre et Miquelon
S'ils reconnaissent qu'il y a déjà aujourd'hui des "centres de recherche d'excellence" en-dehors de l'Hexagone, les chercheurs espèrent que les outre-mer pourront devenir de "véritables leaders", au sein de leur environnement régional. Et Guy Claireaux de conclure : "L'outre-mer ne doit pas être le simple terrain de jeu de la recherche, il doit devenir un donneur d'ordre."