Il aura fallu attendre de très nombreuses années pour que l'histoire des soldats du commando Philippe Kieffer soit connue de tous. Celle où le Jour J, 177 soldats débarquent avec la première vague d'assaut sur Sword Beach près de Ouistreham (Normandie).
Ce sont les seuls français à débarquer au petit matin et plus précisément à 7 h 32 avec leurs alliés américains, britanniques et canadiens.
La mission de ce commando créé en 1942 en Grande-Bretagne est de neutraliser les fortifications allemandes sur la plage de Colleville-sur-Orne. Les commandos doivent aussi prendre le casino de Ouistreham, transformé en centre de commandement ennemi.
C'est encore aujourd'hui très difficile de raconter cette histoire sans qu'une très vive émotion apparaisse.
Marie-france Couëpel, fille de René Autin
Parmi les combattants, le Saint-Pierrais René Autin et un autre natif de l'archipel Georges Messanot.
Désormais, seuls les historiens, les familles peuvent témoigner et conserver ainsi le devoir de mémoire. Car aujourd'hui, il ne reste plus aucun fusilier marin du commando Philippe Kieffer encore en vie. Le tout dernier soldat français Léon Gautier est décédé en 2023.
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Des objets inestimables sont aussi des témoins de ce pan de l'histoire comme cette dague et ce badge ayant appartenu à René Autin lorsqu'il s'est engagé volontaire dans le Commando Kieffer et lors du débarquement de Normandie le 6 juin 1944.
Ils ont été retrouvés dans le grenier de la maison familiale.
René Autin est né à Saint-Pierre et Miquelon le 27 octobre 1921. Il est décédé le 11 janvier 1960 à l'âge de 39 ans. De par son mariage avec Émilie Fouchard, naîtront Josiane et Marie-France. Agent de ville municipal, puis affecté au service économique administratif qui assurait la distribution des coupons, il fera aussi partie de l'association des Anciens combattants.
L'histoire de ces hommes, de ces héros qui ont débarqué sur les plages de Normandie le 6 juin 1944 pour libérer la France, le Saint-Pierrais n'en parlera jamais à ses proches.
René Autin, ce saint-pierrais engagé volontaire
Mon père "s'est engagé volontairement le 20 janvier 1942 dans les Forces Navales Françaises Libres. Il quittera Saint-Pierre en mars 1942 pour rejoindre Londres". Comme en témoigne Marie-France Couëpel, "il y intégrera les Commandos".
Les entraînements étaient très très difficiles. Il y avait beaucoup de marche avec des charges très lourdes le jour comme la nuit.
Marie-France Couëpel, fille de René Autin
C'est là-bas que René Autin et ses camarades apprendront à combattre dans le camp d’Achnacarry en Écosse. Un camp qui sera créé en vue du débarquement du 6 juin 1944 et où les soldats devaient passer de rudes épreuves pour pouvoir porter le fameux " Béret Vert".
Je suis très fière de mon père. Il est un exemple pour moi et il m’a inculqué le sens de l’engagement et je l’en remercie.
Marie-France Couëpel, fille de René Autin
Les fusiliers marins du Commando Kieffer, les hommes de l'ombre
Comme le souligne Marie-France Couëpel : "Les 177 hommes du Commando Kieffer ont débarqué sous le drapeau britannique, donc ils ont été un peu oubliés durant de très nombreuses années".
C'est beaucoup grâce aux livres que l'on a appris l'histoire de ces 177 soldats qui ont débarqué le Jour J à Sword Beach. On a ensuite rencontré les familles d'autres commandos lors des commémorations des 70e et 75e anniversaires du débarquement.
Marie-France Couëpel, fille de René Autin
Autre témoignage émouvant, celui de soeur Agnès, l'autre fille de René Autin. Elle raconte comment l'histoire de ces soldats a été enfin reconnue sous François Mitterrand, président de la République de 1981 à 1995. Des soldats français qui ont désormais leur nom sur des tamaris.
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Le 4 juin 2024, 177 de ces arbres plantés sur la Riva-Bella à Ouistreham viennent d'être inaugurés et baptisés en l’honneur des Français du Commando Kieffer, débarqués sur la plage de Sword Beach en Normandie.
"J'aurais aimé qu'il partage cela avec nous"
Lors de cette cérémonie, ils étaient 400 écoliers issus du groupe scolaire Isabelle-Autissier, de l'école du Sacré-Cœur et du Collège Jean-Monnet à participer à la cérémonie.
C'est Lily qui a eu l'honneur de dévoiler le cartel de René Autin.
Martine Briand a recueilli le témoignage très émouvant de Soeur Agnès qui venait juste de découvrir cet hommage grâce à des photographies :
L'histoire du commando Kieffer et de ses soldats, Marie-france et sa soeur la découvrent au fil du temps
Parmi les moments forts vécus par Marie-France Couepel et Soeur Agnès, cette rencontre avec les descendants d'un des meilleurs amis de leur père, c'était lors du 75e anniversaire.
Cinq ans plus tôt, lors des commémorations du 70e anniversaire, elles rencontrent Léon Gautier, lui aussi engagé dans les Commandos, et sa famille. Une femme attire l'attention des filles de René Autin, il s'agit de Monique Joly. C'est la fille du commando Marcel Raulin et la filleule de René Autin.
Marie-France rapporte que "durant les échanges, Monique Joly leur a parlé de son père qui lui avait confié que René Autin avait beaucoup souffert lors des entraînements et que cela a été très difficile et qu'il ne s'était jamais remis de tout ça".
Mon père n'a jamais été blessé mais il a été très marqué par ces années de guerre.
Marie-France Couëpel, fille de René Autin
Selon les historiens, René Autin n'a jamais été blessé durant la campagne de Normandie. En revanche, Georges Messanot sera blessé en août 1944. Ils prendront part entre autres à un deuxième débarquement au Pays-Bas en 1944. Le père de Marie-France et de Soeur Agnès mettra un terme à sa carrière militaire en 1945. Georges Messanot s'engagera ensuite en Indochine.
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Quant à l'histoire de ces fusiliers marins, leur parcours est relaté dans un livre très attendu par les familles qui ont participé par leurs témoignages. Son nom "Commando Kieffer : 177 visages du Jour-J" aux Éditions Pierre de Taillac. Un pan de l'histoire désormais dévoilé par Benjamin Massieu, professeur d’histoire-géographie, et Jean-Christophe Rouxel, maire de La Lande-Chasles dans le Maine-et-Loire, passionné de l'histoire des fusiliers marins.
Le commando Kieffer est dissout en 1946
Réné Autin a été décoré en octobre 1944 et juillet 1948 de la Croix de guerre avec étoile d'argent, en janvier 1948 de la médaille de la Résistance française et en décembre de la médaille militaire.
Et pour ne pas oublier, un kakémono de chaque commando est suspendu tous les ans lors des commémorations du 6 juin 1944.