L'association Les Zigotos à la recherche de bénévoles

Les Zigotos ont besoin de bras
Fondée il y a plus de 30 ans, l'association procédait, mi-décembre, à l'hivernage de ses doris. L'occasion pour les membres historiques de la structure d'appeler les jeunes à s'investir bénévolement dans l'exploitation et la réparation des embarcations traditionnelles.

Sur le littoral de Saint-Pierre, les Salines sont battues par les vents. Le temps est maussade mais classique en cette fin du mois de décembre. Sous la grisaille, un homme bien connu de l'archipel examine un trésor culturel : l'un des derniers doris de l'archipel. "Je vérifie si le bateau n'a pas trop bougé. Avec le mauvais temps que l'on a eu hier, la mer est montée et on a dû l'amarrer sur l'arrière" nous explique Gérard Hélène.

Le président historique de l'association "Les Zigotos" répète depuis des années le même rituel : l'hivernage des doris. Les embarcations traditionnelles vont passer la saison au chaud dans l'atelier du père Pierre. Une manière de conserver cet emblème de Saint-Pierre et Miquelon. "Le doris a fait vivre la population et a nourri aussi une partie du monde avec la morue". 

Une douzaine de doris 

Ce retraité est donc l'un des derniers gardiens de ce patrimoine.  A l'époque, plus de 500 doris permettaient aux habitants de vivre de la pêche. Désormais, il n'en reste plus qu'une douzaine. Un précieux bien culturel que l'association protège activement. Car, il ne suffit pas de faire des sorties ou reconstituer des retours de pêche pour pérenniser l'usage des doris : il faut aussi les entretenir et les réparer. 

Nous avons quand même 63-64 ans. Il nous faudrait des jeunes pour nous aider

Gérard Hélène, président de l'association "Les Zigotos"

C'est ce que les membres historiques des Zigotos font durant toute la saison hivernale. Dans ce nid douillet et chaud qu'est l'atelier du père Pierre, ils ne sont plus qu'une poignée de bénévoles. Ils se rejoignent chaque jour pour veiller au bon état des doris. "Nous, on a quand même 63 ou 64 ans, il faudrait avoir quelques jeunes pour nous aider" constate Gérard Hélène. Le président peut quand même compter sur des fidèles passionnés comme Yannick Yon, lui aussi, membre historique de l'association.

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Très concentré, l'homme d'une soixantaine d'années examine attentivement un bateau comme un horloger examinerait une montre défaillante. "On vérifie toutes les courbes pour voir si elles sont en bon état. De ce côté là du bateau, les courbes ne sont pas trop mauvaises" explique-t-il. Sur sa table d'opération, l'un des plus anciens doris qui va d'ailleurs lui réserver une mauvaise surprise. Une des courbes de l'autre côté du bateau est en très mauvais état. "Elle est complètement morte. On a pas le choix que de démonter le bâti pour la sortir. En plus, elle n'est pas très accessible mais il faut le faire" détaille-t-il. 

Un manque de bras 

Comme beaucoup d'associations, les Zigotos sont confrontés à un problème devenu de plus en plus récurrent : le manque de bénévoles. "Aujourd'hui, il nous manque un peu de main d'oeuvre, de la main d'oeuvre jeune surtout qui est capable de prendre la relève parce que nous on commence à être fatigués" précise Yannick Yon. "Avec Gérard, on est vieillissants et ça fait trop de travail pour nous" avant de conclure, peiné : "on ne sait pas si on va pouvoir tenir très longtemps". 

Des mots forts  que Sony Chamsidine et Aldric Lahiton sont allés recueillir aux Salines et à l'atelier du père Pierre. 

©saintpierreetmiquelon