Entre Anaïs Siosse et la musique, c’est avant tout une histoire de flûte à bec. Alors âgée de cinq ans, elle entend à la radio qu’un concours de chant est organisé par RFO. Elle se met debout sur une chaise et crie « Je veux chanter ! ». Une révélation pour la petite Saint-Pierraise.
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Elle ne gagnera pas son premier concours de chant mais repartira de tout de même avec une peluche orange. La gagnante de l’épreuve emportera avec elle le premier prix : une flûte à bec. La petite Anaïs pique une crise et a du mal à se remettre de son échec. Le souvenir est encore fort chez la toute nouvelle quadragénaire.
J’ai eu du mal à avaler la pilule ! Deux ans plus tard, je prenais des cours de flûte à bec avec Thierry (Artur)
D’autres souvenirs d’enfance reviennent à la mémoire de la chanteuse : « Le dimanche, mon père passait me prendre et on allait se balader en voiture. On écoutait une cassette de Céline Dion, je connaissais les chansons par cœur. On l’a tellement entendu que la cassette est devenue inaudible à cause de l’usure ».
À l’adolescence, Anaïs Siosse se cherche et se tourne vers un autre instrument à vent : l’harmonica. Et c’est une nouvelle fois Thierry qui lui apprendra à en jouer. Le chant, la jeune Saint-Pierraise le pratique à l’abri des regards, chez elle. Elle est timide, son admiration pour son mentor multi-instrumentiste et chanteur la bloque. Elle est fascinée par « les gens qui jouent d’un instrument et chantent en même temps ».
Concours, formation et virage professionnel
Titulaire d'un master de management et économie dans le secteur touristique à 23 ans, la Saint-Pierraise devient agent commercial puis prend la direction de l'office du tourisme de l'archipel. Mais elle éprouve "une sensation bizarre", elle "veut être musicienne". C'est derrière un piano qu'elle se retrouve désormais, coachée par Sandra Lapaix, alors enseignante au conservatoire de Toronto. Le chant trouve, enfin, sa place dans son programme. En parallèle, elle quitte son travail pour fonder avec son compagnon de l'époque, Jean-Guy Poirier, le Chat-Luthier, un bar qui aura vu de nombreux artistes défiler. Parmi ses souvenirs marquants, Pierrick Quédinet, Roselle Billy, mais aussi Capô 2, qui savait remuer les foules/
C'était intergénérationnel: quand Capô 2 se produisait au Chat Luthier, tout le monde dansait !
En parallèle, Anaïs Siosse passe son tout premier concours de musique à Montréal. Il se soldera par un échec. La Saint-Pierraise ne lâche rien et entre finalement dans une école de musique à Terre-Neuve après un concours qu'elle réussit un peu plus tard. Après des cours de musique, chant lyrique, et chorale, elle en sortira avec l'équivalent d'une licence en musique. Elle enseignera le yoga et la musique à la Souris Zen, juste au-dessus du Chat Luthier, pendant deux ans avant d'enseigner dans les écoles Sainte-Croisine et Sainte-Odile. Depuis la rentrée de septembre, c'est au lycée Emile Letournel qu'elle exerce son métier passion, sa vocation.
Découvertes, apprentissage et projets
Professionnellement accomplie, la musicienne et chanteuse saint-pierraise découvre la folk américaine en 2018 au travers les prestations de Joan Baez, sur les conseils de Robin Chartier.
C'est une véritable révélation pour elle qui prend encore aujourd'hui des cours de guitare.
Avec Robin Chartier et Delphine Caillaud, Anaïs fonde le trio The Blue Birds qui se produira quelque temps dans l'archipel, notamment sur le site des trois sapins à Langlade lors des Transboréales de l'été 2022.
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Après une rencontre avec le concierge de l'opéra Garnier de Paris en 2000, Anaïs rêve de chanter sur la scène prestigieuse parisienne et c'est une compétition de chant lyrique qui lui permettra de s'y rendre : le concours des Voix des Outre-Mer organisé par l'association les Contre-Courants et parrainé par le contre-ténor de renom Fabrice di Falco. Elle remporte le concours local et part représenter l'archipel à Paris. Elle garde de cette expérience un bon souvenir et se remémore aussi "des moments de solitude que peuvent ressentir les artistes lyriques" qu'elle a croisés à l'opéra Bastille.
Habitée par l'envie de transmettre, Anaïs Siosse accompagne les candidats du concours des Voix des Outre-Mer, les conseille et partage son expérience, rassurant ainsi les voix lyriques naissantes de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Pour la Saint-Pierraise, la musique n'est pas assez mise en avant en 2024 et son accès est encore parfois difficile pour bon nombre. Celle qui se "sent artiste très simplement" savoure sa vie simple dans son archipel natal et ne manque pas de projets avec en tête de liste celui d'apprendre, encore.