Vous vous souvenez sans doute d'un petit Piper Navajo volant au-dessus de l’archipel plusieurs heures par jour à l’automne 2023. C’était en réalité les équipes du SHOM qui survolaient Saint-Pierre et Miquelon de fond en comble afin d’y réaliser des donnés topographiques et bathymétriques. Une démarche qui résulte d’une commande du ministère de l’environnement et de la DGRP avec l'objectif, à terme, de couvrir l’entièreté du territoire national.
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Arrivés en septembre 2023, comptant sur une météo clémente, ils ont finalement dû affronter les éléments pour mener à bien leur mission. "On avait tablé sur septembre parce qu'on considérait que c'était la meilleure période. Il fallait que l'eau soit clair, qu'il y ait de la visibilité", explique Vincent Donato, chef du département altimétrie littorale. "Finalement, la météo ne fut pas si bonne. On est resté 45 jours pour 11 jours de vol."
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Une mission rendue possible notamment grâce à l'utilisation du LiDAR topo-bathymètrique, une technique utilisant la lumière pour mesurer les distances. "Cela permet de faire des modèles à haute résolution du relief de la terre et de la mer. On a un aperçu de la zone côtière très précis à travers la cartographie. On avait un LiDAR qui relevait jusqu'à 20 mètres de profondeur."
"On volait huit heures par jour."
Mais dans les faits, comment se sont déroulés les relevés ? À raison de plusieurs heures de vols dans le Piper Navajo avec un pilote et un opérateur, le tracé était millimétré. "Le matin, on regardait si la météo était bonne. Ensuite, une fois en vol, on testait le LiDAR. Puis l'avion volait selon des lignes parallèles et resserrées. Et l'avion a peigné l'archipel, si je puis dire."
Une fois ces données récoltées, il faut les traiter. Et c'est même l'essentiel du travail de Vincent Donato et de son équipe. Grossièrement, il faut les matérialiser en mesure précises. "Pour les données bathymétriques, il faut déterminer où se trouve le fond de l'eau. Ça peut être compliqué car dans la colonne d'eau, il y a beaucoup de particules qui réfléchissent le laser et qui amènent à des potentielles erreurs. On a donc passé l'année 2024 à trier ces données pour voir ce qu'est le fond de la mer ou non."
"En gros, on apporte un éclaircissement sur des zones mal cartographiées"
Passé l'étude de ces données, il faut les rendre palpables. Avec l'enjeu de submersion du village de Miquelon et l'isthme de Langlade, le ministère de l'Environnement avait besoin d'un modèle bathymétrique très précis à Saint-Pierre et Miquelon. "Il faut être capable de faire des modèles de submersion très précis pour voir comment va réagir le littoral et où se trouvent les sédiments et les bancs de sable. On apporte un éclaircissement sur des zones mal cartographiées", explique Vincent Donato. "Pour l'isthme, il y a un enjeu évident. Cela permettra potentiellement de prédire son évolution et sa réaction aux futurs effets du changement climatique."
En outre, ces données sont accessibles gratuitement sur le portail du SHOM. À travers l'outil Lito 3D, il est possible de retrouver une carte et de se l'approprier en se promenant dans l'archipel. "Les pêcheurs amateurs et les plongeurs du coin seront sans doute intéressés de savoir comment sont les fonds à très haute résolution."