C'est un crustacé qui prend chaque année le temps de se réveiller avant de remonter vers les côtes de l'archipel où de nombreux casiers l'attendent.
En d'autres termes, ce n'est pas si inhabituel de constater son absence dans la première quinzaine du mois de mai sur les tables du territoires.
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Plusieurs facteurs l'expliquent à commencer par la température de l'océan qui progressivement se réchauffe pour inciter les homards à faire leur chemin dans notre direction, et cette année, cela pourrait prendre plus de temps.
Une température plus fraîche que d'ordinaire
Les conditions météorologiques de ce printemps ne sont pas favorables avec une température de l'eau enregistrée à seulement 2 °C par le houlographe placé au sud de Saint-Pierre.
Selon Herlé Goraguer de l'Ifremer, cela peut s'expliquer par les vents de secteur Est observés ces dernières semaines mais pas seulement.
Les vents d'Est entraînent des masses d'air plus fraiches, alors même que le courant du Labrador est chargé en glace avec la présence de nombreux icebergs sur la côte Est de Terre-Neuve
Herlé Goraguer - Délégué Ifremer à Saint-Pierre et Miquelon
Un réveil en douceur
Ces conditions climatiques ont leur importance quand on sait que le homard a tendance à hiberner. En période hivernale, il rentre alors en léthargie et attend des températures plus douces pour se remettre en mouvement et remonter à la côte.
On imagine qu'ils descendent en profondeur pour entrer en hibernation, mais on ne les a jamais retrouvés...
Herlé GoraguerDélégué Ifremer à Saint-Pierre et Miquelon
Mais où se cache le homard pendant l'hiver ?
Pour en savoir davantage, l'Ifremer compte capturer des homards à l'automne 2023 afin de les marquer et d'étudier leurs déplacements en direction de leurs habitats dans les profondeurs.
Au-delà d'une meilleure connaissance des habitudes de ces crustacés, l'Ifremer espère aussi pouvoir les protéger en interdisant par exemple le dragage ou le chaluthage des zones qu'ils occupent chaque hiver pour se reposer avant de remonter pour le plus grand bonheur des gourmets à la saison estivale.
Des pêcheurs déjà prêts à mouiller ou relever leurs casiers
Si tous les plaisanciers n'ont pas encore mis à l'eau leur embarcation, nombreux sont ceux qui disposent de casiers qui leur permettent d'ores et déjà de remonter jusqu'à 4 homards par jour.
Idem pour les apnéistes qui, là aussi, attendent un réchauffement des températures en mer avant de passer à table.
Du côté des professionnels, certains armements ont déjà mis leurs casiers à l'eau depuis quelques jours et attendent les prochaines belles journées pour aller les relever et proposer leurs prises à la vente sur le quai. Autant dire que c'est imminent...
Comment passer du crabe au homard ?
D'ordinaire à cette époque, les professionnels se focalisent encore sur le crabe des neiges en attendant "la montée" du homard vers la fin mai ou le début du mois juin. Mais la situation à Terre Neuve risque d'impacter leur calendrier.
Si c'est dans la province voisine qu'ils ont coutume d'aller vendre leurs prises une fois le marché local saturé, cette opportunité n'est toujours pas envisageable cette année.
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Opposés au prix de 2,20$ la livre qui leur est proposé, les pêcheurs terreneuviens ont bloqué toute l'industrie du crabe des neiges et bénéficient à cet égard de la solidarité des pêcheurs locaux.
Sans ce marché pour écouler leur cargaison, ces derniers pourraient se tourner plus rapidement vers la pêche aux homards.
Pourquoi ne pas exporter aussi du crabe en vivier ?
Le marché local étant parfois vite saturé là aussi, les armements locaux devraient ensuite se tourner vers l'entreprise Homard des îles qui sera prête à accueillir leurs prises prochainement afin de les expédier en vivier vers d'autres cieux en métropole comme bien au-delà.
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En utilisant le même procédé de conservation avec un ajustement de la température de ses bassins, cette entreprise pourrait d'ailleurs prochainement se positionner sur le crabe des neiges.
Ce serait une aubaine pour les pêcheurs de l'archipel qui ne seraient alors plus soumis aux fluctuations du marché canadien pour écouler leurs prises, à condition bien sûr que les prix soient aussi au rendez-vous.