Réchauffement climatique : quelles prévisions à l'horizon 2050 pour Saint-Pierre et Miquelon ?

Impacté par la montée des eaux ou encore l'érosion, l'archipel de Saint-Pierre et Miquelon reste à l'affût des prédictions climatiques. Le dernier rapport du GIEC dresse le bilan de ces potentialités et permet d'envisager les adaptations possible à l'échelle locale.

Le réchauffement climatique, la montée des eaux, l'érosion... Ces phénomènes déjà présents à Saint-Pierre et Miquelon risquent de s'accentuer prochainement. Le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), en date du 9 août dernier, prédit les taux de ces multiples manifestations.

D'ici à la fin du siècle, ils peuvent varier, notamment en fonction de l'augmentation de la température terrestre.

"Au vu des différents scénarios envisagés, il existe une vraie bonne nouvelle : l'homme peut influer sur le changement climatique"

Benoit Meyssignac, chercheur scientifique sur le changement climatique au CNES et membre du GIEC

 

Cependant, dans un premier temps, à l'horizon 2050, l'augmentation du niveau de la mer reste liée aux émissions de gaz à effets de serre précédentes. Dans l'archipel, la crue devrait alors se situer entre 32 et 42 centimètres.

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Cette intervalle se situe au-dessus de la moyenne mondiale et s'explique par la fonte des glaces au Canada et en Antarctique, aux effets océanique et à une expansion thermique plus forte dans la zone Nord-Est de l'Atlantique.

Des prédictions variables

 

Sur une vision à plus long terme, des variations importantes sont notables selon les potentielles valeurs de référencement envisagées par le GIEC. Du simple au double, tout simplement.

En 2100, dans un scénario où les signataires des accords de Paris respectent leur engagement (pour atteindre l'objectif de maintenir l'élévation de la température à 1,5 degrés), l'élévation du niveau de la mer devrait se limiter à 50 centimètres. À contrario, il pourrait se situer au-delà du mètre si de fortes émissions de gaz à effet de serre sont recensées.

Selon la vitesse à laquelle cela se produit, des scénarios catastrophes peuvent se manifester.

Conari le Gozannec, chercheur BRGM

 

Conari le Gozannec, chercheur pour le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) précise "qu'actuellement les scientifiques n'intégrent que partiellement la fonte des glaces dans leur calcul. La méconnaisance globale de ce phénomène rend difficile les prédictions. Selon la vitesse à laquelle cel se produit des scénarios catastrophes peuvent se manifester.

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Les prédictions du rapport du GIEC s'étendent même sur le prochain siècle. "Pour les meilleures perspectives, il est possible d'atteindre seulement 60 centimètres d'augmentation marine en 2150", poursuit le spécialiste du climat.

Dans tout les cas de figure, la population locale doit faire face à ces changements, les décisions prises dans les prochaines années seront cruciales. 

Des adaptations pour Saint-Pierre et Miquelon

 

"La réflexion doit être faite tout de suite pour prévoir au mieux les attitudes à adopter dans les prochaines décennies"

Xénia Philippenko

 

À Miquelon, sur l'isthme ou encore dans les zones basses de Saint-Pierre, des décisions concrètes devront prochainement être prises. "La réflexion doit être faite tout de suite pour prévoir au mieux les attitudes à adopter dans les prochaines décennies" explique Xénia Philippenko, doctorante sur l'adaptation au changement climatique à Saint-Pierre et Miquelon. 

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Les scientifiques suggérent trois grands types d'actions possibles. Crescendo, la première solution se situe dans l'accompagnement du processus naturel. Concrétement, il s'agit de végétaliser les dunes pour les rendres plus stable. "Cet aspect sous-entend que la population locale accepte de vivre avec les risques du changement climatique, avec certainement des périodes d'inondation comme on peut le voir à Venise" décrypte la chercheuse française. 

Pour simuler les prédictions, retrouvez l'atlas interactif du GIEC en cliquant ici

Autre hypothèse, la protection des espaces en danger. L'objectif serait alors de maintenir le trait de côte à son emplacement actuel par la mise en place d'adaptation technique. "Si le choix est de protéger coûte que coûte, il faudra énormément d'investissements financiers et humains" poursuit l'alternante au BRGM.

Dernière alternative évoquée : la relocalisation. Dans les faits, l'archipel devrait alors prévoir le déplacement de plusieurs infrastrures vers des lieux moins exposés. Si cette rélexion semble être promise à Miquelon, elle menace Saint-Pierre également.

"Une approche pluraliste semble plus adapté au territoire" conclut Xénia Philippenko. Pour ce faire, les instances doivent vite collaborer pour trouver une formule adéquate. D'ici 2050, la population locale évoluera avec ses nouvelles directives.