Des carcasses de vélos, des outils, des pièces de rechange et des bidons d'huile... Au local des "Ateliers communs", à Saint-Pierre, on trouve tout le nécessaire pour se bricoler un moyen de locomotion. Vincent Glachant, le fondateur du projet, organise des permanences un samedi sur deux, de 10h à 13h. Durant ces séances à prix libre, il peut expliquer aux visiteurs comment rénover une vieille bicyclette et la transformer en bolide. Mais il donne aussi des conseils plus simples, sur comment dévoiler une roue et changer la chambre à air, par exemple.
L'objectif ? "Apprendre aux gens à réparer pour qu'ils puissent ensuite refaire les gestes par eux-mêmes", assure Vincent Glachant. Lui-même ancien coursier à vélo, il a commencé à remettre en état les vieux vélos de Saint-Pierre et Miquelon, en février 2019. "Au début, je faisais ça dehors, dans la rue devant chez moi. Et puis, un de mes collègues m'a gentiment prêté son garage pour entreposer les outils et le matériel."
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L'initiative - une première à Saint-Pierre et Miquelon - a rapidement rencontré un certain succès, selon son créateur. Même si la plupart des gens préfèrent récupérer des vélos déjà réparés. "Ils ont plusieurs alternatives : ils peuvent participer aux ateliers et rénover eux-mêmes leur véhicule, avec mes conseils. Ou je peux retaper un vélo pour eux, qu'ils m'achètent une fois refait." Le jeune homme encourage néanmoins les visiteurs a essayer la première option. "Le but premier des 'Ateliers communs', c'est quand même l'entre-aide."
Réduire les déchets de l'archipel
Le bénévole met en avant la dimension écologique de sa démarche. "Une partie des pièces que je récupère viennent de vélos abandonnés, ou déposés en déchetterie", assure-t-il. "Il arrive aussi que l'on me donne des vieilles bécanes, qui ne sont plus utilisées." Le projet apparait d'ailleurs dans le guide zéro déchet à Saint-Pierre et Miquelon, réalisé en 2019 dans le cadre de la semaine européenne de la réduction des déchets.
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Les vélos sont au coeur du projet pour cette raison. "C'est un moyen de transport propre", reprend Vincent Glanchant. "On peut l'utiliser quotidiennement, en particulier à Saint-Pierre, où il n'y a pas toujours besoin de voiture." Les véhicules automobiles sont actuellement le principal moyen de locomotion des Saint-Pierrais et Miquelonnais. En 2018, on comptait 3 véhicules par ménage, selon le rapport d'activité annuel de l'Institut d'émission des départements d'outre-mer (IEDOM), alors que le réseau routier de l'archipel ne fait que 117 km - dont 50 km sur l'île de Saint-Pierre.
Un avenir incertain
Vincent Glachant espère que les "Ateliers communs" perdureront à Saint-Pierre et Miquelon. Il a récemment été rejoint par un deuxième volontaire, intéressé par le projet. Mais son initiative n'a pour le moment pas de statut associatif.
Le jeune homme est à la recherche de personnes motivées pour prendre la relève lorsqu'il quittera l'archipel. "J'aimerais que ça continue. L'idée, c'était vraiment de développer la solidarité et l'inclusivité", assure-t-il. "C'est d'ailleurs pour cela que les ateliers du samedi sont à prix libre. Cela peut même fonctionner avec du troc : certains m'ont déjà amené des pièces détachées ou des vélos endommagés."
Si tout va comme il le souhaite, le projet devrait évoluer et se diversifier. "L'objectif que j'avais, en créant les 'Ateliers communs', c'était d'élargir à la réparation d'autres objets que le vélo", rappelle Vincent Glachant. Il a ainsi déjà remis à neuf des ordinateurs endommagés, ou encore un moteur de tondeuse. "Avec un peu de motivation, Internet, et de l'entre-aide, presque tout est faisable", assure-t-il avec enthousiasme.