Son enfance en Nouvelle-Zélande, la pêche, le Joinville : Dominic Guérin se raconte depuis l'île aux Marins

Dominic, dans sa maison de l'Île aux marins, face à la baie de Saint-Pierre.
En marge de la rencontre France-All Blacks en ouverture de la Coupe du Monde de rugby, Dominic Guérin avait à cœur de rendre hommage à sa terre natale, la Nouvelle-Zélande. Entre son enfance dans le Pacifique et son arrivée à Saint-Pierre et Miquelon, l'ancien patron du Joinville raconte ses multiples vies.

Ce vendredi à l’île aux Marins, le drapeau de la Nouvelle Zélande n’a jamais aussi bien flotté au-dessus de la maison de Dominic et Michèle Guérin. Si la plupart des passionnés de rugby de l’archipel avaient le cœur bleu blanc rouge lors de la rencontre France-All Blacks, celui de l’homme de 68 ans quant à lui, était bien noir.

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Noir comme le maillot revêtu par les joueurs néo-zélandais, noir comme le drapeau à la fougère argentée, symbole de son pays d’origine. Car oui, Dominic est originaire de cet archipel du Pacifique du Sud, situé à plus de 15 000 kilomètres de Saint-Pierre et Miquelon. Alors pour lui pas de doute, comme on dit ici.

Le drapeau des All Blacks flotte au-dessus de celui des Pieds Rouges de l'île aux Marins.

Son choix pour le match du soir est clair. "Allez la Nouvelle-Zélande ! Je ne suis pas trop le rugby mais c’est une manière de rendre hommage à mon pays. Mais aussi, déranger mes voisins qui sont pour l’Equipe de France. On va regarder le match et faire une petite soirée après."

"J’ai quitté la Nouvelle-Zélande à neuf ans"

Assis sur une chaise sur la terrasse, Dominic se souvient de son enfance. Avant d’être ce grand bonhomme que tout le monde connaît dans l'archipel, l’homme de 68 ans en a vu du pays. La Nouvelle Zélande tout d’abord. Sa terre natale, ainsi que celle de sa mère. "En fait, mon père était un aventurier. Il a été aux Etats-Unis puis a acheté un voilier pour s’installer en Nouvelle-Zélande où il a rencontré ma mère." Puis Paris, Vancouver, Montréal, Halifax et enfin Saint-Pierre et Miquelon.

J'ai quitté la Nouvelle-Zélande à neuf ans et je n'y suis plus jamais retourné. Par contre ma sœur qui est née à Paris, vit à Auckland depuis 20 ans. Je garde comme souvenir celui de mon père qui me jetait de son voilier pour m'apprendre à nager.

Dominic Guérin

L'usine Guérin et son passé de marin sur le Cryos

Une fois installé à Saint-Pierre et Miquelon, la famille Guérin s’acclimate vite. Très rapidement, son père ouvre une usine de pêche près de l'ancien frigorifique où le nom d'un quai lui est dédié. "C’était dans les années 80. Mon père avait une usine de pêche, où on tranchait la morue, et où on la salait. Mon frère Marc a travaillé là-bas."

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Dominic, lui, s’oriente aussi vers les métiers de la mer. Cinq ans sur la Goélette puis dix ans sur le Cryos, bateau de l’IFREMER. À bord des embarcations de l'institut français, il fait deux fois le tour du monde. "Je partais trois mois puis revenais un mois à la maison. Je m’étais formé à Saint-Malo pendant un an pour faire officier. Je ne voulais pas faire matelot toute ma vie. Après ça j’étais tranquille pour trouver du travail."

©saintpierreetmiquelon

Reportage de mai 2013 de Patrick Caillet sur l'inauguration d'une maquette du Cryos.

Les années Joinville

Toutefois, la vie de famille le pousse à rejoindre la terre ferme. À l’affût d'une opportunité pour entreprendre, un projet se dessine : la discothèque le Joinville. "J'ai commencé par louer la disco puis le bar adjacent qui était à Jean-Pierre Lescoublet. Au bout de deux ans, le bilan était bon alors j'ai acheté l'ensemble. J'ai emprunté plus de 8 millions de francs à l'époque."

Une véritable réussite. Le Franco-Néo-Zélandais gère la boîte de nuit pendant près de 25 ans avant de la fermer en 2020. "Au départ je voulais laisser ça à mes enfants mais ils ont pris d'autres chemins. Je ne voulais pas de locataire, c'est trop difficile à gérer. J'ai donc fermé les portes."

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Alors, après ce qu'il pourrait considérer comme l'affaire de sa vie, l'homme de 68 ans profite de sa retraite. Face au port de Saint-Pierre, dans sa maison de l'île aux Marins construite  en 2005 avec sa femme Michèle, Dominic est tranquille, loin du bruit de la discothèque. Mais il n'en reste pas moins actif pour autant. "Après le match, on fait une petite soirée chez nos voisins Yannick et Alex qui sont pour la France. J'espère que la Nouvelle-Zélande gagnera. Sinon ce n'est pas grave, j'ai mes mouchoirs des All Blacks..."

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Pour la dernière photo, Dominic a tenu à enfiler son t-shirt des All Blacks avant de poser aux côtés de sa femme Michèle.

Michèle et Dominic Guérin devant leur maison de l'île aux Marins.