Journée mondiale sans tabac : à Saint-Pierre et Miquelon, les fumeurs sous la loupe du Csapa

Le Docteur Dominique Bourel, médecin généraliste et médecin du Centre de soins d’accompagnement et de prévention de l’addictologie, dresse l'état des lieux du tabagisme à Saint-Pierre et Miquelon. Il était l’invité de Place Publique.

 

D’après les chiffes de Santé Publique France, la France compte environ 25% de fumeurs quotidiens. Est-ce que cette proportion est la même à Saint-Pierre et Miquelon ? Le manque d’études statistiques sur cette question rend toute estimation difficile. Le médecin généraliste Dr Dominique Bourel, qui officie également au Centre de soins d’accompagnement et de prévention de l’addictologie (Csapa) tente de pallier à ce manque.

État des lieux du tabagisme à Saint-Pierre et Miquelon

Cela fait plusieurs années qu’il n’y a pas eu d’étude spécifique réalisée sur la consommation de tabac dans l’archipel, “mais il y a des choses qui vont bientôt être publiées” annonce le Docteur Bourel. Avec le Csapa, il “redémarre cette enquête sur la consommation des jeunes” et souhaite pérenniser cet exercice dans le temps. Selon lui, “pour être objectif, il faut la réitérer” pour voir “où on va et qu’est-ce qu’on peut faire pour améliorer.

La dernière enquête locale remonter à 2009-2010. Elle a été menée par la Caisse de Prévoyance Sociale sur 400 élèves de collège et de CM2 montrait que l’âge de la première cigarette se situait à 10 ans et 9 mois dans l’archipel contre 12,5 ans dans l’Hexagone.

À lire aussi : Le prix du tabac pas assez dissuasif à Saint-Pierre et Miquelon ?

Pour le Dr Bourel, “c’est eux nos meilleurs informateurs, qui nous disent la réalité du terrain”. C’est pour cela qu’il ne souhaite pas mettre en place une répression des consommations, plutôt une sensibilisation. D’après ses premiers constats de l’enquête en cours,  “l’âge moyen [de la première cigarette, ndlr], il est plutôt dans les 13 ans sur les lycéens qu’on étudie”, en recul par rapport à la précédente enquête donc.

Cette enquête ne porte pas uniquement sur la consommation de tabac chez les jeunes de l’archipel, des données sur les autres consommations sont aussi collectées, toujours avec le même schéma : date de la première consommation, fréquence, habitudes de consommation… Le Dr Bourel se réjouit du fait que “les jeunes sont très réactifs et ils en parlent assez facilement.” Pour lui, “en parler, ça ne veut pas dire promouvoir”, c’est avant tout pour s’informer et être sensibilisé.

Comment sortir d’un comportement addictif ?

Le Csapa a également pour vocation d’accompagner les personnes souhaitent quitter des comportements addictifs. Sur ce sujet, “il y a une demande incessante et multiple et variée” dans l’archipel, admet le Dr Bourel. Compte tenu des réalités démographiques, il tient à rassurer les personnes qui souhaiteraient consulter : “c’est un endroit qui est très confidentiel”, où les accompagnateurs sont très vigilants sur l’anonymat.

Chaque personne est extrêmement différente.

Dr Dominique Bourel


Le centre de soin est composé de quatre personnes : une infirmière, un médecin, un psychologue et un éducateur, afin d’accompagner au mieux la prise en charge des personnes souhaitant arrêter de fumer, mais aussi pour d’autres sevrages de comportements addictifs. Dominique Bourel rappel qu’on est “tous différents” face aux addictions. “J’ai des fumeurs qui vont rapidement contrôler, maîtriser être sevrés très rapidement alors que pour d’autres, c’est vraiment un parcours initiatique avec des rechutes incessantes, des remises en question”, détaille-t-il.

À lire aussi : Lancement d'une vaste enquête de santé publique à Saint-Pierre et Miquelon

Il ajoute aussi que si les personnes peuvent venir être pris en charge de plein gré, le rôle du centre de soin “est aussi d’être à l’écoute de l’entourage”, car “des fois ça peut être la famille ou les amis qui s’inquiètent pour quelqu’un.

Le Dr Dominique Bourel était l'invité de Delphine Jeanneau dans Place Publique :